Éditorial. Santé cardiovasculaire, de nombreux défis à relever !
// Editorial. Cardiovascular health: Multiple challenges to address!
Ce numéro spécial du BEH sur les maladies cardiovasculaires offre une photographie actualisée de la santé cardiovasculaire des Français grâce à la compilation de multiples sources de données, dont les données médico-administratives du Système national des données de santé (SNDS).
Il fait écho, en langue française, au numéro spécial de Archives of Cardiovascular Diseases publié en 2024 « Update on epidemiology of cardiovascular risk factors and diseases in France » sur les maladies cardiovasculaires en France 1. Tous ces indicateurs de santé cardiovasculaire seront aussi accessibles en open data sur le site Odissé de Santé publique France.
Le fardeau des maladies cardio-neuro-vasculaires encore trop silencieux
Les maladies cardio-neuro-vasculaires représentent un enjeu de santé publique majeur. Elles ont été responsables de plus d’un million d’hospitalisations en 2022 et de 140 000 décès en 2021, soit plus d’un décès sur cinq. Parmi elles, les cardiopathies ischémiques se distinguent particulièrement, touchant trois millions de personnes, soit près de 6% de la population adulte française.
Seulement un Français sur dix bénéficie d’une santé cardiovasculaire optimale selon une échelle américaine (1) 2 intégrant les comportements de santé (tabagisme, surpoids, activité physique, alimentation) et des facteurs de risque métaboliques (cholestérol, tension artérielle, glycémie).
Avec le vieillissement de la population et l’amélioration de la prise en charge de certaines maladies, le nombre prévalent d’insuffisants cardiaques et de patients coronariens ne cessera d’augmenter, exerçant une pression croissante sur le système de soins.
Des inégalités marquées
Les maladies cardiovasculaires sont fortement influencées par les inégalités sociales, territoriales et de genre.
En premier lieu, des inégalités sociales : seuls 4% des adultes ayant un niveau d’éducation inférieur au baccalauréat ont une santé cardiovasculaire optimale, contre 21% pour ceux ayant un niveau d’études supérieur.
Ensuite, des inégalités territoriales qui sont marquées, entre autres, par une inégale répartition sur le territoire des facteurs de risque et de l’offre de soins (de structures spécialisées comme les unités neurovasculaires ou de réhabilitation cardiaque).
Enfin, des inégalités de genre, qui interrogent au-delà des facteurs de risque propres aux femmes, les femmes étant moins bien prises en charge que les hommes. Or, l’incidence du syndrome coronarien augmente depuis une quinzaine d’années chez les femmes de moins de 65 ans, en France comme dans d’autres pays, et le tabagisme a progressé au sein de certaines générations de femmes. Elles sont moins souvent hospitalisées en soins intensifs, et présentent plus de complications aiguës avec une mortalité précoce plus élevée.
Une mobilisation essentielle
Ce fardeau n’est pas une fatalité, la prévention doit être au cœur de nos actions pour vieillir en meilleure santé.
Les nouveaux rendez-vous de prévention mis en œuvre aux âges clés de la vie sont une opportunité précieuse pour identifier et corriger les comportements à risque (tabagisme, consommation d’alcool, surpoids, sédentarité) et dépister précocement des pathologies silencieuses (hypertension artérielle, diabète, hypercholestérolémie…).
Près d’un quart des adultes fument encore quotidiennement 3, présentent un niveau de sédentarité élevé 4, et trois hommes et plus d’une femme sur 10 ont une consommation d’alcool les exposant à des complications 5. De plus, près d’un homme sur deux et quatre femmes sur dix déclaraient un surpoids 6 ou une obésité en 2017.
Trop de Français ignorent leur état de santé : près d’un hypertendu sur deux méconnaît son hypertension artérielle, une personne souffrant d’hypercholestérolémie sur deux son hypercholestérolémie, et un diabétique sur cinq son diabète. Or, presque tous les patients hospitalisés pour une cardiopathie ischémique présentaient des antécédents d’hospitalisation ou des facteurs de risque évitables. La marge de progression est immense ! Adopter des comportements plus favorables à la santé, diagnostiquer précocement et prévenir les complications sont autant d’actions essentielles pour réduire l’impact de ces maladies largement évitables. En ce début d’année, engageons-nous pour un avenir en meilleure santé !
Références
determinants-de-sante/tabac/documents/enquetes-etudes/prevalence-du-tabagisme-en-france-hexagonale-en-2023-parmi-les-18-75-ans
publiquefrance.fr/beh/2024/15/2024_15_1.html