L’Institut de veille sanitaire (InVS) maintient une veille permanente pour documenter les évènements internationaux susceptibles d’avoir un impact sur la santé publique pour la population résidant sur le sol français et les Français à l’étranger. À ce titre, son Département international et tropical (DIT) documente la situation internationale depuis qu’il a pris connaissance des premiers signaux de la nouvelle pandémie A(H1N1)v le 20/04/09.
Une première estimation phylogénétique date un premier ancêtre de la nouvelle souche A(H1N1) d’origine porcine vers le 12/01/2009 (extrêmes : Novembre 2008 - Mars 2009) [1].
Les premiers cas suspects seraient survenus au Mexique (La Gloria, Veracruz) vers mi-février et le début des signes du premier cas (confirmé rétrospectivement) remonte au 17/03/09.
Les premiers cas confirmés biologiquement l’ont été de manière fortuite par le laboratoire des Centers for Disease Control and Prevention (États-Unis) les 15 et 17/04/09 à l’occasion d’un exercice de préparation à la pandémie grippale [2].
C’est chez deux enfants de 9 et 10 ans de deux comtés du sud de la Californie (San Diego et Imperial), sans lien épidémiologique entre eux et qui n’avaient pas voyagé, que le nouveau virus A(H1N1)v a été isolé pour la première fois. Les dates de début des signes étaient respectivement le 29 et le 30/03/2009.
Les deux premiers cas (importés du Mexique) identifiés en France l’ont été le 01/05/09.
A la date du 05/06/09, un total de 21 915 cas (dont 128 décès) ont été déclarés officiellement par 72 pays à travers le monde.
Le nombre de cas continue d’augmenter de manière régulière, ainsi que le nombre de décès (figures 1 et 2).
La grande majorité des cas est d’évolution bénigne. Au 05/06/09, tous les décès ont été décrits aux Amériques ; la majorité des pays n’ont rapporté que des cas bénins à ce stade.
Le nombre cumulé de décès documentés chez des cas confirmés d’infection par le nouveau virus A(H1N1)v a continué d’augmenter, mais cependant moins rapidement que le nombre de cas confirmés (figures 1 et 2).
Figure 1 : Nombre de cas de nouveau virus A(H1N1) confirmés et de décès dans le monde, par date de déclaration ou de décès*. (Source Veille Internationale sur données officielles : Ministères de la Santé, Instituts de Santé Publique, OMS, etc.)
*Les décès sont représentés par date de déclaration du décès, et non par date de déclaration du cas (décalage de plusieurs jours entre le début des signes, la confirmation du diagnostic et l'éventuel décès). On ne dispose pas actuellement de données permettant d’estimer ce délai.
Figure 2 : Nombre de cas cumulés de nouveau virus A(H1N1) confirmés dans le monde et nombre cumulé de décès associés à A(H1N1) par date de déclaration*. (Source Veille Internationale sur données officielles : Ministères de la Santé, Instituts de Santé Publique, OMS, etc.)
*Les décès sont représentés par date de déclaration du décès, et non par date de déclaration du cas (décalage de plusieurs jours entre le début des signes, la confirmation et l'éventuel décès). On ne dispose pas actuellement de données permettant d’estimer ce délai.
Classiquement calculée dans les épidémies comme le ratio nombre de décès sur nombre de cas, la létalité est un indicateur essentiel dont le calcul prête ici à controverse. En effet, les incertitudes sont très nombreuses. Elles portent sur le dénominateur : sous-détection du nombre de cas liée aux systèmes de surveillance, formes asymptomatiques, difficultés du diagnostic virologique, etc. Elles concernent aussi le numérateur : documentation des décès, difficultés pour établir le lien causal entre le décès et le diagnostic de grippe et notamment en cas de pathologies sous-jacentes, décalage dans le temps entre la notification des cas et la survenue des décès… Pour toutes ces raisons, les données de létalité doivent être interprétées avec prudence. Pour le Mexique, la modélisation réalisée par Fraser et coll. [1] suggère qu’à la fin avril, 23 000 personnes avaient été infectées, avec une première estimation de la létalité de 0,4% (0,3 à 1,5%).
Département international et tropical*
Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France
(1) Fraser C, Donnelly CA, Cauchemez S, Hanage WP, Van Kerkhove MD, Hollingsworth TD et al. Pandemic Potential of a Strain of Influenza A (H1N1) : Early Findings. Science. 2009 May 14. [Epub ahead of print]
(2) Swine influenza A (H1N1) infection in two children--Southern California, March-April 2009. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2009; 58(15):
400-2.
(3) Considerations for assessing the severity of an influenza pandemic. Wkly Epidemiol Rec. 2009; 84(22):197-202.
(4) Novel Swine-Origin Influenza A (H1N1) Virus Investigation Team. Emergence of a Novel Swine-Origin Influenza A (H1N1) Virus in Humans. N Engl J Med. 2009 Jun 3. [Epub ahead of print].
(5) Nishiura H, Castillo-Chavez C, Safan M, Chowell G. Transmission potential of the new influenza A(H1N1) virus and its age-specificity in Japan. Euro Surveill. 2009; 14(22):pii=19227.
(6) Département international et tropical (Dit- InVS). Note de veille internationale: Données sur la situation de la grippe due au nouveau virus A(H1N1), New York, 05/05/09. Dit-InVS.
5 mai 2009. Communication Internet.
(7) ECDC. ECDC situation report on Influenza A(H1N1). 6 Juin 2009. Communication Internet.
(8) Boelle PY, Bernillon P, Desenclos JC. A preliminary estimation of the reproduction ratio for new influenza A(H1N1) from the outbreak in Mexico, March-April 2009. Euro Surveill. 2009; 14(19):pii=19205.
(9) Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Serum cross-reactive antibody response to a novel influenza A (H1N1) virus after vaccination with seasonal influenza vaccine. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2009;58(19):
521-4.
(10) Département international et tropical (Dit- InVS). Note de veille internationale: Prise en charge des cas de grippe A(H1N1) et des personnes contacts dans 18 pays d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Asie et d'Océanie, au 15/05/09. Dit-InVS . 15 mai 2009. Communication Internet.
Nous tenons à remercier pour leur appui Edwige Bertrand, Frédérique Biton, Karen Da Silva, Fangqin Halftermeyer-Zhou, Sophie Malléjac, Lise Sainson et Djodie Raye.