Surveillance SurCeGIDD : dépistage et diagnostic du VIH, des hépatites B et C et des IST bactériennes en CeGIDD en 2020
// Testing and diagnosis of HIV, hepatitis B and C, and bacterial STI in French STI clinics (CeGIDD) in 2020: Individual data from SurCeGIDD surveillance
Résumé
Introduction –
Les CeGIDD (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles (IST)) ont été créés en 2016. Cet article décrit, pour l’année 2020, les caractéristiques des consultants ainsi que l’activité de dépistage et de diagnostic réalisée dans ces structures, en les comparant à 2018.
Méthode –
Il s’agit d’une étude transversale répétée, à partir des données de surveillance recueillies en continu par le système SurCeGIDD, qui repose sur la transmission sécurisée de données individuelles concernant les consultants, selon un format prédéfini. Ont été décrits les caractéristiques sociodémographiques et comportementales des consultants ainsi que leurs motifs de consultation. Les proportions de consultants testés et les taux de positivité pour le VIH, les hépatites B (VHB) et C (VHC), la syphilis, le gonocoque (NG), Chlamydia trachomatis (CT) et Mycoplasma genitalium (MG) ont été analysés selon le sexe des partenaires.
Résultats –
En 2020, 336 333 consultations ont été rapportées par 50,3% des 336 CeGIDD recensés. La fréquentation des CeGIDD a fortement diminué au second trimestre 2020 (-58% par rapport au premier trimestre). En 2020, les consultants étaient majoritairement des hommes (62,1%) et des jeunes de moins de 30 ans (64,5%). Environ un quart (23,5%) des consultants étaient nés à l’étranger. La part d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (14,8%) et de personnes trans (0,38%) a augmenté par rapport à 2018. Les motifs de consultation les plus fréquents étaient toujours une exposition à risque (60,4%) et un dépistage systématique (43,3%). Certains motifs de consultation ont augmenté entre 2018 et 2020, comme l’initiation ou le suivi d’une prophylaxie pré-exposition.
Une augmentation du taux de positivité entre 2018 et 2020 est observée pour le VIH (de 0,37% à 0,41%), mais surtout pour NG (de 2,8% à 4,0%), sans doute en lien avec la modification des caractéristiques des consultants accueillis. Parallèlement, les taux ont diminué pour le VHB (de 1,3% à 0,93%) et le VHC (de 0,94% à 0,60%). Ils sont relativement stables pour CT (7,0% en 2020), MG (6,8%) et la syphilis (1,0%).
Conclusion –
Malgré une baisse de consultations en 2020 liée à la pandémie de Covid-19, les CeGIDD ont continué à assurer leurs missions de dépistage/diagnostic, dans une approche globale de santé sexuelle. La surveillance SurCeGIDD apporte des éléments de suivi de la stratégie nationale de santé sexuelle, il est donc primordial d’améliorer l’exhaustivité et la complétude des données recueillies.
Abstract
Introduction –
The CeGIDDs are centres of information, screening and diagnosis for HIV, viral hepatitis and bacterial sexually transmitted infections (STIs), a network of French free-to-use clinics created in 2016. This article describes the characteristics of CeGIDD visitors as well as the screening and diagnostic activities carried out by the structures for the year 2020, comparing them with 2018.
Method –
We present a repeated cross-sectional study, based on continuous monitoring data from the SurCeGIDD system, which relies on the secure transmission of individual visitor data according to a predefined format. The socio-demographic and behavioural data of the visitors, and their reasons for consultation, are described. The proportions of visitors tested and the positivity rates for HIV, hepatitis B (HBV) and C (HCV), syphilis, gonococcus (NG), Chlamydia trachomatis (CT) and Mycoplasma genitalium (MG) are described according to sexual practices.
Results –
In 2020, 336,333 consultations were reported by 50.3% of the 336 CeGIDDs identified in 2020. Attendance at CeGIDDs fell sharply in the second quarter of 2020 (-58% compared to the first quarter). In 2020, the visitors were mostly men (62.1%) and young people under 30 (64.5%). About a quarter (23.5%) of the visitors were born abroad. The proportion of men having sex with men (14.8%) and trans people (0.38%) had increased compared to 2018. The most frequent reasons for consultation remained risk exposure (60.4%) and systematic screening (43.3%). Some reasons for consultation increased between 2018 and 2020, such as initiating or monitoring a post-exposure prophylaxis.
An increase in positivity rate between 2018 and 2020 is observed for HIV (from 0.37% to 0.41%), but especially for NG (from 2.8% to 4.0%), undoubtedly related to changes in visitor characteristics. At the same time, positivity rates decreased for HBV (from 1.3% to 0.93%) and HCV (from 0.94% to 0.60%). They are relatively stable for CT (7.0% in 2020), MG (6.8%) and syphilis (1.0%).
Conclusion –
Despite a drop in consultations in 2020 related to the COVID-19 pandemic, the CeGIDDs continued to carry out their screening/diagnostic missions in a comprehensive sexual health approach. SurCeGIDD surveillance provides elements for monitoring the national sexual health strategy, hence the need to improve the comprehensiveness and completeness of the data collected.
Introduction
Les CeGIDD (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles (IST)) ont été créés en 2016, par la fusion des centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) et des centres d’information de dépistage et de diagnostic des IST (Ciddist) 1. Leur mission est d’assurer la prévention, le dépistage, le diagnostic des infections par le VIH, des autres IST et des hépatites virales, ainsi que leur traitement, dans une approche globale de santé sexuelle (vaccination, éducation à la sexualité, prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP), contraception, détection des violences sexuelles, sexologie). Les CeGIDD sont accessibles gratuitement à tous et en particulier aux populations les plus vulnérables (les plus exposées aux IST ou les plus éloignées du système de santé).
Une première description des caractéristiques des consultants et de l’activité de dépistage de SurCeGIDD avait été faite en 2018 2. L’année 2020 a été fortement marquée par la survenue de la pandémie de Covid-19 qui a pu influencer le recours aux CeGIDD et la circulation des IST.
Cet article a pour objectif de décrire l’activité de dépistage et de diagnostic du VIH, des IST bactériennes et des hépatites B et C dans les CeGIDD, pour l’année 2020, et de décrire les principales évolutions par rapport à 2018, en utilisant les données de la surveillance SurCeGIDD coordonnée par Santé publique France.
Méthode
Il s’agit d’une étude transversale répétée, réalisée à partir des données de surveillance recueillies en continu par le système SurCeGIDD.
Population étudiée
L’ensemble des consultants des CeGIDD (structure principale ou annexe) qui ont transmis leurs données individuelles à Santé publique France pour les années 2018 et 2020 constitue la population d’étude.
Recueil des données
Il repose sur les systèmes d’information des CeGIDD « permettant le suivi des consultations et l’extraction des données nécessaires au suivi d’activité et épidémiologique » 1,3.
Un dispositif sécurisé a été développé par Santé publique France pour la transmission des données individuelles, selon un format prédéfini et deux modalités. Les CeGIDD disposant d’un logiciel de gestion des consultations peuvent transférer automatiquement leurs données en utilisant un Web service (protocole d’échange de données via Internet, dont les spécifications techniques sont disponibles sur le site de Santé publique France 4,5. Les CeGIDD ne pouvant pas recourir au Web service transmettent leurs données via une plateforme sécurisée de partage de données 5.
Compte tenu de la transmission tardive et très incomplète des données 2019 au cours de l’année 2020, les données 2020 ont été comparées à celles de 2018 dont la remontée n’avait pas été affectée par la pandémie de Covid-19.
Variables d’intérêt
Les variables analysées ont été :
–les données sociodémographiques : âge, sexe, pays de naissance, activité professionnelle, couverture maladie ;
–les motifs de consultation (plusieurs possibles) : exposition à risque, dépistage systématique, signes évocateurs d’IST, initiation ou suivi d’une prophylaxie pré-exposition (PrEP), contrôle d’un test antérieur, prise en charge ou suivi d’un accident d’exposition au risque viral (AEV), rendu de résultats, traitement d’IST, contraception régulière ou d’urgence, interruption volontaire de grossesse, test de grossesse, sexologie, violences sexuelles, vaccination ;
–les modalités de la consultation initiale : préservation de l’anonymat de la personne, réalisation de la consultation au sein du CeGIDD ou en dehors (hors les murs) ;
–la présence de signes évocateurs d’IST ;
–le sexe des partenaires sur les 12 derniers mois a permis de reclasser les consultants en hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), femmes ou hommes hétérosexuels, et femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes (FSF) ;
–la consommation de substances psychoactives par voie nasale ou injectable ;
–les tests de dépistage/diagnostic du VIH (Anticorps -Ac- VIH), du VHB (Antigène -Ag-HBs), du VHC (Ac VHC, ARN VHC), de la syphilis (sérologie), du gonocoque -NG- (culture et/ou polymerase chain-reaction (PCR)), de Chlamydia trachomatis -CT- (PCR) et de Mycoplasma genitalium -MG- (PCR), ainsi que les dates de prescription ; plusieurs sites anatomiques prélevés chez une personne pour un même agent pathogène et à la même date ont été comptabilisés comme un seul dépistage ;
–les résultats de ces tests et leurs dates : plusieurs sites anatomiques positifs chez une personne pour le même épisode ont été considérés comme un seul diagnostic ; pour la syphilis, les cicatrices sérologiques ont été exclues, le classement du stade de la syphilis étant réalisé et saisi par le clinicien grâce aux informations recueillies durant la consultation.
Analyses statistiques
Le taux de participation a été calculé en divisant le nombre de CeGIDD ayant transmis leurs données par le nombre total de CeGIDD recensés lors de la dernière mise à jour de l’annuaire des CeGIDD (2020) par la Direction générale de la santé (DGS) via les agences régionales de santé (ARS).
Les variables qualitatives ont été décrites à l’aide de proportions et les variables quantitatives à l’aide de médianes. Les caractéristiques des consultants ont été décrites en excluant les données manquantes. Concernant l’infection à VIH, les hépatites B et C, la syphilis, les infections à NG, CT et MG, les nombres de tests et de diagnostics, les proportions de consultants testés et les taux de positivité (nombre de diagnostics positifs / nombre total de tests) ont été analysés selon les caractéristiques des consultants.
De nombreux CeGIDD utilisant un code d’anonymat différent à chaque consultation d’une même personne, les analyses ont été conduites sur l’ensemble des consultations, une personne pouvant être comptabilisée plusieurs fois dans la description des caractéristiques des consultants.
L’analyse des données a été réalisée avec le logiciel Stata 16.0® (Stata Corporation, Collège Station, Texas, États-Unis). Afin de faciliter la lecture, tous les pourcentages ont été arrondis à une décimale à partir de 1% et à 2 décimales en-deçà de 1%.
Considération éthique
L’autorisation de la commission nationale de l’informatique et des libertés (n° 2049450) a été obtenue pour le recueil automatisé et sécurisé des données pseudonymisées des CeGIDD.
Résultats
En 2020, 50,3% (n=169) des CeGIDD parmi les 336 recensés en 2020 (70% de CeGIDD hospitaliers et 30% de CeGIDD non hospitaliers) ont transmis leurs données individuelles au format prédéfini (tableau 1). Ce taux de participation était en légère augmentation par rapport à celui de 2018 (44,6%), en raison d’un accroissement marqué dans certaines régions, mais contrebalancé par une baisse dans d’autres. En 2020, le taux de participation régional des CeGIDD variait entre 5% dans les Hauts-de-France et 100% en Bretagne, en Corse et à La Réunion, en excluant Mayotte, où la transmission de données devait débuter en 2021, et la Martinique, où aucune donnée des deux CeGIDD n’a été transmise. Le taux de participation était équivalent entre les CeGIDD hospitaliers et non hospitaliers. Le Web service a été utilisé par les deux-tiers des CeGIDD pour transmettre leur base de données.
Activité de consultations
Au total, 336 333 consultations ont été rapportées pour l’année 2020 (versus 382 890 en 2018), près des trois quarts (71,7%) par les régions métropolitaines hors Île-de-France,22,0% par l’Île-de-France et 6,3% par les départements ultramarins (DOM). Parmi les CeGIDD répondants, 3,4% des consultations ont été conduites en dehors des locaux des structures (hors-les-murs) et 27,1% en préservant l’anonymat des consultants. Les CeGIDD hospitaliers ont contribué pour 54% des consultations et les CeGIDD non hospitaliers pour 46%.
La fréquentation des CeGIDD a fortement diminué au second trimestre 2020, lors de l’instauration du premier confinement (-58% de consultations entre le premier et le second trimestre). Après un retour inférieur au niveau du début de l’année, un second décrochage plus modéré a été observé au mois de novembre (-23% entre octobre et novembre 2020) correspondant à la seconde période de confinement (figure).
Caractéristiques des consultants (tableau 2)
Après exclusion des données manquantes, la majorité des consultants accueillis en 2020 étaient des hommes (62,1%), 37,5% étaient des femmes et 0,38% des personnes trans. La proportion d’hommes a augmenté par rapport à 2018 (59,4%). L’âge médian était de 27 ans pour les hommes, 23 ans pour les femmes et 32 ans pour les personnes trans. Les mineurs, d’âge médian de 16 ans, représentaient 6,1% des consultants : 8,6% des femmes et 4,5% des hommes.
La majorité des consultants (76,4%) étaient nés en France (75,8% des hommes, 76,6% des femmes et 41,1% des personnes trans), 6,5% en Afrique subsaharienne (6,6% des hommes, 6,7% des femmes et 1,1% des personnes trans), 6,9% sur le continent américain (5,9% des hommes, 8,6% des femmes et 45,4% des personnes trans), 4,7% en Europe hors France (4,2% des hommes, 4,2% des femmes et 5,2% des personnes trans). Parmi les consultants nés à l’étranger, un tiers (32,7%) étaient arrivés en France depuis moins d’un an. Les mineurs étaient également majoritairement nés en France (50,6%), 13,0% étaient nés en Afrique subsaharienne et 6,1% en Amérique (majoritairement en Haïti : 61,7%). La majorité (63,9%) des mineurs nés à l’étranger étaient arrivés en France depuis moins d’un an.
Plus de la moitié des consultants (52,7%) n’avaient pas déclaré d’activité professionnelle, proportion en diminution par rapport à 2018 (54,8%). Concernant la couverture maladie, 17,3% bénéficiaient d’une assurance maladie seule, 6,7% des consultants ne bénéficiaient d’aucune couverture, 6,7% bénéficiaient d’une protection universelle maladie/d’une complémentaire santé solidaire (1) et 0,78% d’une aide médicale d’État.
Si l’on exclut les 102 634 consultations pour rendu de résultats, les motifs de consultations les plus fréquents en 2020 étaient une exposition à risque (60,4%), un dépistage systématique (43,3%), l’initiation ou le suivi d’une PrEP (respectivement 10,4% et 14,8%), des signes évocateurs d’IST ou le traitement d’une IST (9,8% et 16,7%). Le nombre de consultations liées à la PrEP a fortement augmenté par rapport à 2018, d’un facteur 10 pour les initiations et d’un facteur 5 pour les suivis. Cette augmentation des consultations PrEP a concerné aussi bien les hommes, quel que soit le sexe de leurs partenaires, que les femmes et les personnes trans (en 2018 et 2020, ces motifs de consultation étaient respectivement de 1,6% et 13,5% pour les hommes, 0,1% et 0,5% pour les femmes, et 4,3% et 46,2% pour les personnes trans). Les consultations pour diagnostic et traitement d’une IST, celles pour la prescription d’une contraception régulière, la prise en charge ou le suivi d’un AEV, un recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG) et un test de grossesse ont également augmenté. Les violences sexuelles représentaient toujours environ 1% des motifs de consultation. Le contrôle d’un test rapide d’orientation diagnostique (TROD) (0,44%), ou d’un autotest (0,20%), les consultations pour motifs sexologiques (0,85%) ou pour contraception d’urgence (0,31%) étaient les motifs de consultation les moins fréquents en 2020.
Concernant le sexe des partenaires des consultants dans les 12 derniers mois, l’information était inconnue en 2020 pour 64,7% d’entre eux. Parmi ceux pour lesquels l’information était connue, 45,0% étaient des hommes hétérosexuels, 38,3% des femmes hétérosexuelles, 14,8% des HSH (versus 12,1% en 2018) et 1,9% des FSF.
En 2020, 6,1% des consultants dans les CeGIDD ayant transmis des données ont déclaré avoir utilisé des drogues par voie nasale avec partage de matériel au cours de la vie. Ces personnes étaient essentiellement des hommes et des femmes hétérosexuel(le)s (respectivement 67,8% et 25,9%). Les consultants ayant déclaré avoir fait usage de drogues injectables avec partage de matériel représentaient 0,74% des cas, parmi lesquels 47,3% étaient des hommes hétérosexuels, 28,4% des HSH, 18,0% des femmes hétérosexuelles et 6,3% des FSF.
Dépistage et taux de positivité du VIH
En 2020, 161 940 sérologies VIH ont été réalisées par les CeGIDD répondants. La proportion de consultants testés pour le VIH était élevée, quels que soient leur lieu de naissance et le sexe de leurs partenaires (entre 76,3% et 92,3%) (tableau 3).
Parmi les personnes ayant été testées positives pour le VIH, 7,8% des hommes et 5,9% des femmes présentaient des signes évocateurs d’IST (tableau 4).
Le taux global de positivité pour le VIH était de 0,41%, en très légère augmentation par rapport à celui observé en 2018 (0,37%) 4. Ce taux était plus élevé chez les personnes trans (2,1%) comparativement aux hommes (0,59%) et aux femmes (0,29%). Les HSH nés à l’étranger ou en France présentaient les taux de positivité les plus élevés (1,2% et 0,50%), suivis des FSF nées à l’étranger (0,63%) et des femmes hétérosexuelles nées à l’étranger (0,47%). Les taux de positivité les plus élevés étaient observés dans les CeGIDD d’Île-de-France (0,80%) et des DOM (0,69%, en particulier en Guyane avec 1,5%).
Dépistage et taux de positivité du VHB
Les CeGIDD répondants ont réalisé 102 806 recherches de l’Ag HBs. La proportion de consultants testés pour le VHB était systématiquement un peu plus élevée chez les consultants nés à l’étranger quel que soit le sexe de leurs partenaires, par rapport à ceux nés en France (tableau 3).
Parmi les personnes ayant été testées positives pour une hépatite B, 4,3% des hommes et 5,6% des femmes présentaient des signes évocateurs d’IST (tableau 4). Le taux global de positivité était de 0,93%, en légère diminution par rapport à celui observé en 2018 (1,3%). Le taux de positivité était plus élevé chez les hommes (1,2%) et les personnes trans (1,1%) comparativement aux femmes (0,54%). Les consultants nés à l’étranger présentaient des taux de positivité bien supérieurs à ceux des consultants nés en France, quel que soit le sexe de leurs partenaires au cours des 12 derniers mois. Les hommes hétérosexuels nés à l’étranger présentaient les taux de positivité les plus élevés (3,4%). Le taux de positivité chez les mineurs était de 2,0% (5,9% chez ceux nés à l’étranger vs 0,20% chez ceux nés en France). Les CeGIDD d’Île-de-France et des DOM présentaient des taux plus élevés que le reste de la métropole (respectivement 1,2%, 1,1% et 0,85%).
Dépistage et taux de positivité du VHC
En 2020, les CeGIDD répondants ont réalisé 101 298 tests Ac anti-VHC. Les HSH et les FSF étaient plus fréquemment testés pour le VHC, notamment ceux et celles né(e)s à l’étranger (respectivement 64,6% et 62,7%) (tableau 3).
Parmi les personnes ayant été testées positives pour une hépatite C, 9,1% des hommes et 1,3% des femmes présentaient des signes évocateurs d’IST (tableau 4).
Sur l’ensemble des tests réalisés, 603 se sont avérés positifs, soit une proportion de 0,60%, en diminution par rapport à 2018 (0,94%). Parmi les 208 recherches d’ARN VHC, 73 étaient positifs. Le taux de positivité des Ac était de 0,59% en métropole hors Île-de-France, 0,64% en Île-de-France et 0,54% dans les DOM. Ce taux était plus élevé chez les personnes trans (1,0% sur 286 testées) et chez les hommes (0,66% vs 0,46% chez les femmes), notamment ceux nés à l’étranger quel que soit le sexe de leurs partenaires (0,78% chez les HSH et 0,70% chez les hommes hétérosexuels) (tableau 3).
Dépistage et taux de positivité de l’infection à CT
Parmi les 149 488 tests CT réalisés par les CeGIDD répondants, 7,0% étaient positifs, proportion stable par rapport à 2018 (7,2%). Les tests étaient plus fréquents chez les HSH et les FSF, notamment ceux et celles né(e)s en France (respectivement 85,2% et 87,6%) (tableau 3). Parmi les personnes ayant été dépistées positives pour une infection à CT, 18,9% des hommes, 12,5% des femmes et 10,0% des personnes trans présentaient des signes évocateurs d’IST (tableau 4).
Le taux de positivité était plus élevé dans les DOM (8,7%) qu’en Île-de-France (7,2%) et dans le reste de la métropole (6,8%). Il variait peu entre les femmes (7,5%), les personnes trans (6,8% sur 293 personnes testées) et les hommes (6,8%). Les femmes hétérosexuelles nées en France présentaient le taux de positivité le plus élevé (8,7%).
Dépistage et taux de positivité du gonocoque
En 2020, 145 323 tests de recherche du gonocoque ont été effectués par les CeGIDD répondants. Les niveaux de dépistage étaient très proches de ceux pour l’infection à CT et plus fréquents chez les HSH nés en France ou à l’étranger (84,5% et 84,1%) et les FSF nées en France (84,9%) (tableau 3). Parmi les personnes ayant été dépistées positives pour une infection à NG, 24,4% des hommes, 17,3% des femmes et 5,6% des personnes trans présentaient des signes évocateurs d’IST (tableau 4).
Le taux de positivité de l’infection à NG était de 4,0%, en augmentation par rapport à 2018 (2,8%). Ce taux était de 7,3% en Île-de-France, 3,1% en métropole hors Île-de-France et 2,6% dans les DOM. Il était plus élevé chez les personnes trans (6,3%) et chez les hommes (5,8%) que chez les femmes (1,2%). Les taux de positivité étaient particulièrement élevés chez les HSH nés à l’étranger (8,2%) ou en France (6,0%) (tableau 3).
Dépistage et taux de positivité de la syphilis
En 2020, les CeGIDD répondants ont réalisé 118 277 tests syphilis. Le dépistage était plus fréquent chez les HSH nés à l’étranger et en France (respectivement 70,3% et 68,6%) et les FSF nées en France et à l’étranger (respectivement 66,6% et 63,3%) (tableau 3). Parmi les personnes ayant été dépistées positives pour une syphilis, 46,8% présentaient une syphilis primaire, 19,2% une syphilis secondaire, 18,1% une syphilis latente précoce <1 an, 13,7% une syphilis latente tardive et 2,2% une syphilis tertiaire. Environ un quart des hommes et des femmes (respectivement 27,9% et 27,3%) et 33,3% des personnes trans présentaient des signes évocateurs d’IST (tableau 4).
Le taux de positivité était de 1,0%, stable par rapport à 2018. Il était plus élevé chez les personnes trans (3,0% sur 300 testées) et les HSH nés en France ou à l’étranger (2,4%) (tableau 3). Ce taux était de 0,55% en Île-de-France, 0,89% en métropole hors Île-de-France et 1,1% dans les DOM.
Dépistage et taux de positivité du MG
En 2020, 11 805 tests d’infection à MG ont été effectués par les CeGIDD répondants. Le dépistage était plus fréquent chez les HSH nés en France et à l’étranger (8,1% et 6,4%) et chez les FSF nées en France (9,4%) (tableau 3). Parmi les personnes ayant été dépistées positives pour une infection à MG, 27,7% des hommes et 19,6% des femmes présentaient des signes évocateurs d’IST (tableau 4).
Le taux de positivité était de 6,8%, en légère augmentation par rapport à 2018 (6,0%). Ce taux était de 9,1% en Île-de-France, 6,8% en métropole hors Île-de-France et de 3,0% dans les DOM.
Discussion
La moitié (50,3%) des structures ont transmis leurs données individuelles pour l’année 2020, en augmentation par rapport à 2018, où la proportion de CeGIDD ayant transmis des données était de 44,6%. Compte tenu de ce taux de participation, par ailleurs très hétérogène selon les régions, les données présentées ne reflètent pas la totalité de l’activité des CeGIDD et ne permettent pas de faire de comparaisons régionales. De plus, la complétude des données reste problématique pour certaines variables, par exemple celles renseignant sur le sexe des partenaires des consultants (64,7% de données manquantes). Ce problème est notamment le fait des CeGIDD n’ayant pas utilisé le Web service en 2020 (31% des CeGIDD répondants), le codage de certaines variables n’étant alors pas contrôlé, ce qui a rendu ces données inexploitables. Une autre limite de la surveillance est celle de l’absence d’un identifiant unique pour chaque consultant, ce qui ne permet pas de chaîner les consultations répétées d’une même personne.
Malgré ces difficultés, les données issues de la surveillance SurCeGIDD permettent de décrire au niveau national l’activité de dépistage et de diagnostic en CeGIDD, selon les caractéristiques des consultants.
L’année 2020 a été fortement bouleversée et l’activité de consultation des CeGIDD a été impactée, avec une forte diminution du nombre de consultations au second trimestre et une diminution plus modérée au dernier trimestre, contemporaines des deux périodes de confinement liées au Covid-19. Cette baisse de l’activité de dépistage en 2020 est également retrouvée de façon plus globale au travers de l’activité de dépistage du VIH et des IST bactériennes réalisée par les laboratoires de biologie médicale 6.
Les CeGIDD jouent leur rôle en accueillant particulièrement les populations ciblées par le dispositif, notamment les HSH, les personnes nées à l’étranger, les personnes trans, les usagers de drogues, même si le fort taux de données manquantes ne permet pas d’en dresser une image précise. Les consultants des CeGIDD en 2020 sont toujours en majorité des hommes et des jeunes de moins de 30 ans. Environ un quart des consultants sont nés à l’étranger. On note une augmentation de la proportion d’hommes, en lien avec celle des HSH, ainsi qu’une augmentation du nombre et de la part de personnes trans. Ces augmentations sont à rapprocher de la forte progression du nombre et de la part des consultations PrEP en CeGIDD, qui ont bénéficié dans une moindre mesure aux hommes et femmes hétérosexuel(le)s, alors que, dans le même temps, une baisse globale d’initiations de PrEP a été constatée en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19 7.
En termes de dépistage et diagnostic, une augmentation du taux de positivité entre 2018 et 2020 est observée pour le VIH (de 0,37% à 0,41%), mais surtout pour le NG (de 2,8% à 4,0%), sans doute en lien avec une modification des caractéristiques des consultants accueillis. Parallèlement, les taux ont diminué pour le VHB (de 1,3% à 0,93%) et le VHC (de 0,94% à 0,60%). Cette baisse constatée du taux de positivité pour l’hépatite C pourrait être liée à l’efficacité des traitements antiviraux à action directe recommandés à l’ensemble des personnes infectées depuis 2016 8. Concernant l’hépatite B, la baisse constatée est probablement liée à la diminution de la proportion de consultants nés en Afrique subsaharienne. Néanmoins le taux demeure élevé chez les consultants nés à l’étranger et le dépistage doit sans doute être encore intensifié, notamment auprès des personnes originaires de zones d’endémie.
Les données analysées dans cet article montrent que le taux de positivité du CT est élevé chez les consultants en CeGIDD, quels que soient leurs partenaires sexuels, leur lieu de naissance et la région, autour de 8%. Concernant les autres agents pathogènes, les données confirment des taux de positivité particulièrement élevés chez les personnes trans (VIH, NG, VHC, syphilis), les HSH (VIH, NG, syphilis, ainsi que VHB et VHC chez ceux nés à l’étranger), les hommes et femmes hétérosexuels nés à l’étranger (VHB), les consultants dans les DOM (VIH, VHB, syphilis) et en Île-de-France (VIH, VHB, VHC, NG, MG) 4. Les taux de positivité importants présentés par certaines des populations (HSH, personnes trans) pour les différentes IST indiquent la nécessité de poursuivre et renforcer les actions de prévention ciblées entreprises. Les taux observés chez les FSF sont à considérer avec prudence, compte tenu des faibles effectifs.
Ces résultats ne reflètent qu’une partie des dépistages et diagnostics réalisés en 2020 puisqu’ils n’incluent pas ceux réalisés en médecine de ville ou en consultation hospitalière hors-CeGIDD. Des différences d’accès aux CeGIDD, de pratiques de dépistage, de pratiques sexuelles et l’hétérogénéité de la participation entre régions à SurCeGIDD peuvent également contribuer à ces disparités.
La proportion de consultants asymptomatiques chez lesquels MG a été isolé interroge, dans la mesure où la recherche de MG par PCR doit être réservée aux personnes symptomatiques consultant pour une IST, et à leurs partenaires en cas de positivité pour MG 9. Dans ces cas de figure, un traitement antibiotique adapté est à prescrire, après recherche de mutations responsables de la résistance aux macrolides, en raison d’une augmentation importante de la résistance de MG à l’azithromycine, traitement de première intention. Cibler les indications de dépistage et de traitement est indispensable, compte tenu du risque de voir apparaître des souches de MG multirésistantes pour lesquelles plus aucun traitement antibiotique ne serait efficace.
Face au constat de participation perfectible et au fort taux de données manquantes, une réflexion sera conduite dans le cadre du groupe de suivi de la surveillance SurCeGIDD, afin d’envisager des solutions d’amélioration. En raison de la pandémie de Covid‑19, ce travail, initialement programmé en 2020, sera mené en 2022.
Conclusion
L’année 2020 a été marquée par deux périodes de diminution des consultations en CeGIDD, contemporaines des restrictions de mouvement mises en place dans le cadre de la gestion de la crise de la Covid-19. Malgré cela, les CeGIDD ont continué à assurer leurs missions dans une approche globale de santé sexuelle comparativement à 2018. Elles ont notamment assuré plus d’initiations de PrEP, auprès de populations plus diversifiées. La surveillance SurCeGIDD apporte des éléments de suivi de la stratégie nationale de santé sexuelle, il est donc primordial d’améliorer l’exhaustivité et la complétude des données recueillies.
Liens d’intérêt
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt au regard du contenu de l’article.
Références
download/56297/file/2019-architecture-base-cegidd.pdf
hepatites-virales/hepatite-c/articles/surveillance-epidemiologique-au-sein-des-cegidd/blocs/centralisateur-cegidd-webservice
france.fr/wp-content/uploads/2021/05/3-CAZEIN-VIRIOT.pdf
upload/docs/application/pdf/2016-12/recommandation_college_hepatite_c.pdf
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