La France mobilisée dans la lutte contre les hépatites virales

// France is acting in the fight against viral hepatitis

Pr. Jérôme Salomon
Directeur général de la santé, Ministère des Solidarités et de la Santé, Paris

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini un cadre mondial d’élimination des hépatites virales B et C au cours de l’assemblée mondiale de la santé 2014, dans lequel la France s’est fortement engagée.

Cette ambition peut devenir une réalité, car nous avons les outils de prévention, de dépistage et depuis 2014, la possibilité de guérir de l’hépatite C grâce aux antiviraux à action directe (AAD).

Notre politique de lutte a trouvé sa place naturelle dans le Plan « priorité prévention » lancé lors du comité interministériel pour la Santé (CIS) (1) du 26 mars 2018 au cours duquel le gouvernement a présenté les 25 mesures phares de la politique nationale de promotion de la santé et d’éducation en santé, destinées à accompagner les Françaises et les Français et à leur permettre de rester en bonne santé tout au long de leur vie, partout sur le territoire national et dans tous les milieux.

Une de ces mesures a pour objectif d’intensifier les actions de prévention et de dépistage, à destination des publics les plus exposés, pour contribuer à l’élimination du virus de l’hépatite C en France à l’horizon 2025.

L’élimination de l’hépatite C à l’horizon 2025 repose sur trois actions principales :

le renforcement de la prévention par des actions innovantes « d’aller-vers » pour toucher les publics prioritaires et éloignés du système de santé (2) ;

le renforcement du dépistage de proximité par l’utilisation du test rapide d’orientation diagnostique (TROD), dans une approche utilement combinée du VIH, du virus de l’hépatite C (VHC) et du virus de l’hépatite B (VHB) ;

le renforcement de l’accessibilité aux traitements de l’hépatite C, par l’ouverture à de nouveaux prescripteurs : la prescription de deux médicaments AAD pour le traitement de l’hépatite C chronique est depuis le 20 mai 2019 ouverte à l’ensemble des médecins, notamment aux médecins généralistes, dans le cadre d’un parcours simplifié.

Avec 59 000 personnes qui ont initié un traitement par AAD fin 2017 (voir article de C. Dessauce et coll. dans ce numéro du BEH), l’accès universel au traitement de l’hépatite C a permis d’atteindre la moitié de notre objectif de 120 000 personnes traitées et guéries à l’horizon 2022 (3).

Ce numéro du BEH, diffusé à l’occasion de la journée nationale « hépatites virales » du 25 septembre 2019, fait un point sur la situation épidémiologique des hépatites B et C, sur le dépistage et sur l’utilisation des antiviraux d’action directe (AAD). Les données présentées dans les articles de ce numéro permettent de disposer d’indicateurs permettant de mieux mesurer l’impact de nos politiques publiques.

Bien que l’activité de dépistage des hépatites virales B et C et du VIH, soit importante en France, trop de personnes demeurent non testées et porteuses d’infections virales non diagnostiquées.

Nous devons encore progresser, il nous faut renforcer nos actions de dépistage, lever tous les freins au dépistage, et parallèlement, favoriser le dépistage répété parmi les populations les plus exposées. Les données de prévalence des hépatites B et C en population générale en 2016 (environ 135 000 individus pour chacune de ces hépatites) (voir article de L. Saboni et coll. dans ce numéro du BEH) montrent que des efforts demeurent nécessaires pour atteindre les objectifs d’élimination des hépatites B et C.

Des actions sont en effet indispensables pour consolider les acquis et accélérer la prise en charge de l’hépatite C et atteindre une couverture vaccinale de 95% pour lutter contre l’hépatite virale B. Ces objectifs s’inscrivent également dans le cadre plus général des objectifs de développement durable de l’OMS pour 2030.

Cette volonté d’engager un ensemble d’actions se traduit aussi par le renforcement des moyens financiers alloués aux 35 Services expert de lutte contre les hépatites virales pour leur permettre de mener des actions au plus près des personnes.

La prévention et le dépistage sont également essentiels dans la lutte contre les hépatites virales. Nous allons renforcer les incitations aux dépistages des hépatites virales, notamment par l’organisation d’une semaine régionale du dépistage chaque année et par la possibilité d’ici fin 2019 d’utiliser les TROD VHB.

Pour les hépatites bénéficiant d’une prévention vaccinale, il est important de pouvoir obtenir à la fois un taux de couverture vaccinale maximal en population générale et permettre aux populations à risque d’accéder aux vaccins.

Avec les recommandations vaccinales, le préservatif constitue également un outil de prévention supplémentaire, notamment pour l’hépatite B aiguë qui fait partie des infections sexuellement transmissibles. La feuille de route 2018-2020 de la stratégie nationale de santé sexuelle prévoit d’améliorer le parcours de santé en matière d’infections sexuellement transmissibles. Ainsi, la prise en charge par l’Assurance maladie de préservatifs s’effectue depuis le mois de décembre 2018 en officine, sur présentation d’une prescription d’un médecin ou d’une sage-femme.

Les progrès en matière de dépistage et de traitement nous permettent d’envisager l’atteinte des objectifs que nous nous sommes donnés dans la lutte contre les hépatites. La réussite ne sera possible qu’avec la mobilisation forte et constante de tous les acteurs impliqués dans ce combat.

Citer cet article

Salomon J. Éditorial. La France mobilisée dans la lutte contre les hépatites virales. Bull Epidémiol Hebd. 2019;
(24-25):468-9. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/24-25/2019_24-25_0.html

(1) Comité interministériel pour la santé. Priorité prévention : rester en bonne santé tout au long de sa vie, 2018-2022. 2018. https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/plan_national_
de_sante_publique__psnp.pdf
(2) Personnes usagères de drogues par voies intraveineuse et nasale et personnes nées dans un pays à prévalence élevée d’hépatite C
(3) Plan national de gestion du risque et d’efficience du système de soins (PNGDRESS) 2018-2019. http://www.securite-sociale.fr/IMG/
pdf/pngdress_2018_-_2019.pdf