Surveillance de la grippe en France, saison 2023-2024

// Influenza surveillance in France, 2023-2024 season

Christine Campèse (christine.campese@santepubliquefrance.fr)
Équipes de surveillance de la grippe*

Santé publique France : Joséphine Cazaubon, Christine Campèse, Anne Fouillet, Bernadette Verrat, Cécile Forgeot, Isabelle Parent du Châtelet, Sibylle Bernard-Stoecklin (Saint-Maurice) et l’ensemble des épidémiologistes des cellules régionales de Santé publique France ; Centre national de référence des virus des infections respiratoires (dont la grippe), Centre coordonnateur, Centre de biologie & pathologie Nord, Lyon : Martine Valette, Maud Bouscambert, Alexandre Gaymard, Laurence Josset, Bruno Lina ; Centre national de référence des virus des infections respiratoires (dont la grippe), Laboratoire associé, Unité Mécanismes moléculaires de multiplication des pneumovirus, UMR 1173 Inserm, Université Paris Saclay-Versailles Saint-Quentin, Université Paris Cité, Institut Pasteur, Paris : Vincent Enouf, Danielle Perez-Bercoff, Marie-Anne Rameix-Welti ; Réseau Sentinelles, UMR S 1136 Inserm UPMC, Paris : Aubane Renard, Camille Bonnet, Noémie Sève, Titouan Launay, Thierry Blanchon, Caroline Guerrisi ; EA 7310 Université de Corse, Corte : Marie Chazelle, Shirley Masse, Alessandra Falchi.
Soumis le 27.06.2024 // Date of submission: 06.27.2024
Mots-clés : Grippe | Surveillance | Épidémie | Vaccination
Keywords: Influenza | Surveillance | Epidemic | Vaccination

Résumé

Introduction –

Cet article présente une synthèse des données épidémiologiques et virologiques de l’épidémie grippale survenue en France durant la saison 2023-2024.

Méthodes –

L’analyse descriptive porte sur les données cliniques et virologiques provenant de la surveillance des infections respiratoires aiguës, incluant les syndromes grippaux en médecine de ville, des données issues de la surveillance de la grippe et des syndromes grippaux aux urgences, des données virologiques issues des hôpitaux, des données cliniques des cas graves de grippe hospitalisés en services de réanimation. Elle inclut également les signalements d’épisodes d’infections respiratoires aiguës dans les établissements médico-sociaux, dont les collectivités de personnes âgées, ainsi que les données de mortalité issues de la certification électronique des décès.

Résultats –

En France hexagonale, l’épidémie de grippe de la saison 2023-2024 a débuté fin décembre (S51-2023), a atteint son pic fin janvier-début février et s’est terminée fin février (S08-2024), soit une durée de 10 semaines. Une co-circulation des virus grippaux A(H1N1)pdm09 et A(H3N2) a été observée, avec une prédominance marquée du sous-type A(H1N1)pdm09. L’activité de l’épidémie tous âges confondus a atteint un niveau d’intensité modéré en médecine de ville et élevé à l’hôpital.

Conclusion –

L’épidémie de grippe de la saison 2023-2024 est la troisième survenue depuis le début de la pandémie de Covid-19. Après une épidémie 2021-2022 exceptionnellement tardive et une épidémie 2022-2023 particulièrement précoce et de longue durée, l’épidémie de cette saison a retrouvé une temporalité et une durée habituellement observées avant la pandémie de Covid-19. L’épidémie grippale a été, comme lors des deux saisons précédentes, concomitante à une circulation active d’autres virus respiratoires, notamment le SARS-CoV-2 et le rhinovirus. Dans un contexte de couverture vaccinale contre la grippe toujours insuffisante, il convient de rappeler l’importance de la prévention, à savoir la vaccination chez les personnes à risque complétée par l’adoption des mesures barrières afin de limiter la diffusion des virus dans l’entourage des cas et de réduire l’impact global des épidémies hivernales sur le système de soin.

Abstract

Introduction –

This article provides a summary of epidemiological and virological data related to the influenza epidemic of the 2023-2024 season in France.

Methods –

A descriptive analysis was performed using data from the French surveillance system for acute respiratory infections (ARI). This included clinical data on influenza-like illnesses (ILI) reported by primary care networks, data on emergency department visits and hospital admissions for influenza/ILI, virological data from hospitals, reporting of severe influenza cases admitted to intensive care units (ICU), reporting of ARI clusters in nursing homes, and mortality data from electronic death certificates.

Results –

In mainland France, the influenza epidemic of the 2023-2024 season began in late December (W51-2023), peaked in late January/early February, and ended in late February (W08-2024), lasting a total of 10 weeks. Co-circulation of A(H1N1)pdm09 and A(H3N2) influenza viruses was observed, with a marked predominance of the A(H1N1)pdm09 subtype. The impact of the epidemic was moderate in primary care and high in hospitals.

Conclusion –

The 2023-2024 influenza epidemic was the third since the beginning of the COVID-19 pandemic. After an exceptionally late epidemic in 2021-2022 and a particularly early and long-lasting epidemic in 2022-2023, the influenza epidemic of the 2023-2024 season corresponded to the temporality and duration typically observed before the COVID-19 pandemic. As in the previous two seasons, the influenza epidemic coincided with the active circulation of other respiratory viruses, notably SARS-CoV-2 and rhinovirus. Against a backdrop of persistently inadequate influenza vaccination coverage, it is worth reiterating the importance of prevention, i.e. vaccination of at-risk individuals, complemented by the use of barrier measures to limit the spread of viruses within the community.

Introduction

La grippe est une maladie infectieuse virale contagieuse qui survient habituellement de manière saisonnière, principalement entre décembre et mars en France hexagonale (1) 1. Les épidémies de grippe ont des répercussions socio-économiques considérables, avec en moyenne 3 à 5 millions de cas graves et 290 000 à 650 000 décès liés à la grippe chaque année dans le monde 2,3. La mortalité attribuée à la grippe saisonnière concerne principalement les sujets vulnérables, notamment les personnes âgées de 65 ans et plus, et celles ayant des facteurs de risque de forme grave tels que des maladies chroniques ou des déficiences immunitaires 2,4.

La surveillance de la grippe en France a pour objectifs la détection précoce, le suivi de la dynamique épidémique, de la morbidité et de la mortalité dues aux virus grippaux, ainsi que le suivi de l’évolution génétique et antigénique des virus circulants. Cette surveillance virologique contribue à la surveillance internationale des virus grippaux et au choix des souches virales entrant dans la composition des vaccins antigrippaux de la saison suivante. La surveillance de la grippe a aussi pour but d’estimer le fardeau de cette pathologie sur la population française, d’adapter l’offre de soins à la situation épidémiologique, de contribuer à l’élaboration et à l’évaluation des stratégies de prévention et de contrôle de la maladie, notamment la vaccination et la promotion des mesures barrières.

Cet article présente une synthèse des données épidémiologiques et virologiques de la surveillance de la grippe de la saison 2023-2024 en France. Les données principales portent sur la France hexagonale (incluant la Corse) et un paragraphe spécifique est dédié à l’épidémie de grippe dans les départements et régions d’outre-mer (DROM).

Méthodes

Source des données

La surveillance de la grippe en France est coordonnée par la Direction des maladies infectieuses de Santé publique France et repose sur un réseau de partenaires. Les objectifs et les méthodes des différents réseaux de cette surveillance en France hexagonale et en outre-mer ont été précédemment décrits 5, et certains d’entre eux ont été adaptés dans le contexte de la pandémie de Covid-19 6.

En médecine de ville, la surveillance est réalisée grâce aux données issues de deux réseaux complémentaires : le réseau Sentinelles et les associations SOS Médecins. En milieu hospitalier, la surveillance s’appuie sur les données du réseau Oscour® (Organisation de la surveillance coordonnée des urgences) et du réseau de surveillance sentinelle des cas graves de grippe admis en services de réanimation adulte et pédiatrique, piloté par les cellules régionales de Santé publique France. La surveillance est complétée par les données des épisodes d’infections respiratoires aiguës (IRA) provenant des établissements médico-sociaux (EMS), dont les collectivités de personnes âgées. Depuis fin juin 2023, dans une approche de surveillance intégrée des IRA, un nouveau circuit de déclaration unique des épisodes de cas groupés d’IRA dans les EMS 7 a été mis en place via le portail national des signalements du ministère de la Santé et de la Prévention (2), incluant notamment les épisodes liés à la grippe, à la Covid-19 et à une infection par le virus respiratoire syncytial (VRS). La surveillance de la mortalité est effectuée grâce aux données issues du dispositif de certification électronique des décès, qui couvrait, fin 2023, 43% de la mortalité nationale 8. La surveillance virologique est réalisée par le Centre national de référence (CNR) des virus des infections respiratoires (dont la grippe, le SARS-CoV-2 et le VRS) et par le laboratoire de virologie de l’Université de Corse. Elle s’appuie sur des prélèvements virologiques provenant des médecins du réseau Sentinelles (3) (données de médecine de ville) et du Réseau national des laboratoires des centres hospitaliers (Renal, données de laboratoires hospitaliers volontaires). La semaine du pic épidémique est définie comme étant la semaine durant laquelle l’activité pour syndrome grippal était la plus élevée en médecine de ville (réseaux Sentinelles et SOS Médecins).

La description des données de surveillance de la grippe dans les DROM porte sur la période de surveillance de la grippe au niveau hexagonal, de la semaine S40-2023 (début octobre) à la semaine S15-2024 (mi-avril).

Analyse

La détermination des périodes pré-, post- et inter-épidémiques, ainsi que de la période d’épidémie aux niveaux national et régional s’effectue à partir des données historiques, depuis la saison 2016-2017, des trois sources de consultations pour syndrome grippal (réseaux Sentinelles, SOS Médecins et Oscour®). Ces données sont analysées selon trois méthodes statistiques différentes (régression périodique, régression périodique robuste et modèle de Markov caché) pour chaque source de données et basées sur les cinq années antérieures. Chaque semaine, un maximum de 9 alarmes statistiques peut être généré, pour chaque région et au niveau national. Selon le nombre d’alarmes générées, chaque région et l’Hexagone sont considérés sans alerte statistique (ou phase inter-épidémique, <4 alarmes), en phase pré- ou post-épidémique (entre 4 et 8 alarmes) ou en phase épidémique (9 alarmes). Ainsi, pour une semaine donnée, l’Hexagone peut être classé en épidémie sans que l’ensemble des régions le soit nécessairement, et la durée de l’épidémie peut différer entre chaque région et l’Hexagone. Au niveau régional, cette approche statistique est complétée par l’analyse des cellules régionales de Santé publique France, qui, grâce à leur connaissance de la qualité des données et à l’analyse de données complémentaires (virologiques, etc.), peuvent proposer après consensus d’experts un niveau d’alerte épidémiologique différent de celui produit par l’approche statistique. Ce classement régional permet d’adapter l’offre de soins au niveau d’alerte généré 9.

La méthode Pisa (Pandemic Influenza Severity Assessment), développée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis plusieurs années, est intégrée à la surveillance de la grippe depuis la saison 2021-2022. Cette approche standardisée permet d’évaluer l’intensité d’une épidémie de grippe en se basant sur trois indicateurs : la transmissibilité de la grippe au sein de la population générale, la sévérité de la maladie et l’impact sur le système de soins et la société 10. Les seuils d’intensité pour les indicateurs de transmissibilité (part des consultations pour grippe/syndrome grippal parmi l’ensemble des consultations SOS Médecins) et d’impact (part des hospitalisations après passage aux urgences pour grippe/syndrome grippal parmi l’ensemble des hospitalisations après passage dans les services d’urgence du réseau Oscour®) sont déterminés par Santé publique France en utilisant la méthode statistique « Moving Epidemic Method ». Les données utilisées pour déterminer ces seuils d’intensité sont celles des saisons 2016-2017 à 2022-2023 (saisons 2019-2020 et 2020-2021 exclues), entre les semaines 40 et 20.

Santé publique France a mis en place cette saison, en lien avec ses partenaires, une surveillance intégrée des IRA incluant la grippe, la Covid-19 et la bronchiolite 11. Durant la période de surveillance (S40-2023 à S15-2024), une synthèse de l’évolution de l’épidémie grippale a été publiée chaque semaine dans le bulletin national « Infections respiratoires aiguës » ainsi que dans les points épidémiologiques régionaux disponibles sur le site de Santé publique France (4).

Cet article dresse un bilan des données épidémiologiques et virologiques de la grippe pour la saison 2023-2024 en France. Ces données ont été comparées à celles des saisons antérieures, de 2017-2018 à 2022-2023. Les saisons 2019-2020 et 2020-2021 ont été exclues de ces analyses en raison de l’impact majeur qu’a eu la pandémie de Covid-19 sur l’épidémiologie de la grippe saisonnière, ainsi que sur les indicateurs de surveillance syndromique utilisés pour la grippe 12,13.

Résultats

En France hexagonale, l’épidémie de grippe 2023-2024 a démarré fin décembre (S51-2023, du 18 au 24 décembre), a atteint son pic fin janvier-début février (S05-2024, du 29 janvier au 4 février) et s’est terminée fin février (S08-2024, du 19 au 25 février), soit une durée de 10 semaines. À l’échelle régionale, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a été la première à entrer en phase épidémique début décembre (S49-2023). L’épidémie s’est ensuite propagée aux autres régions, et toutes étaient en épidémie de mi-janvier (S03-2024) à fin février (S08-2024). À partir de début mars (S09-2024), les régions étaient progressivement passées en phase post-épidémique, et l’ensemble d’entre elles étaient revenues en phase inter-épidémique fin mars (S13-2024) (figure 1). La durée totale de l’épidémie grippale de cette saison (10 semaines) était comparable à la durée moyenne des épidémies survenues depuis la saison 2011-2012 (11 semaines) (figure 2).

Figure 1 : Évolution hebdomadaire du niveau d’alerte de la grippe par région en France, S47-2023 à S13-2024
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Figure 2 : Niveau d’alerte hebdomadaire de la grippe, en France hexagonale, saisons 2011-2012 à 2023-2024, de S40 à S20
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Surveillance clinique et virologique en médecine de ville

Pendant l’épidémie (S51-2023 à S08-2024), le nombre de consultations pour syndrome grippal a été estimé à 1 540 000 avec un taux d’incidence cumulé tous âges de 2 311 pour 100 000 habitants selon les données du réseau Sentinelles. Le pic d’activité a été observé en S05-2024 (du 29 janvier au 4 février), avec un taux de consultations pour syndrome grippal de 324 pour 100 000 habitants (intervalle de confiance à 95%, IC95%: [305-343]) (figure 3). Les consultations pour syndrome grippal en médecine de ville lors de l’épidémie ont majoritairement concerné les enfants âgés de moins de 15 ans, avec un taux d’incidence cumulé de 5 567/100 000 chez les moins de 5 ans et de 3 130/100 000 chez les 5-14 ans. Ce taux était nettement inférieur chez les 15-64 ans et les personnes âgées de 65 ans et plus, avec respectivement 2 354/100 000 et 1 091/100 000 (figure 4).

Figure 3 : Évolution hebdomadaire des taux de consultations pour syndrome grippal en France hexagonale de S40 à S15 pour les saisons 2017-2018 à 2023-2024 : pourcentage parmi les actes (SOS Médecins) et taux de consultations pour 100 000 habitants (réseau Sentinelles)
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Figure 4 : Évolution hebdomadaire des taux de consultations pour syndrome grippal en France hexagonale, pour 100 000 habitants et par classe d’âge, 2017-2018 à 2023-2024 (réseau Sentinelles)
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D’après les données du réseau SOS Médecins, la proportion de syndromes grippaux parmi les actes médicaux disposant d’un diagnostic médical codé a atteint 18,0% au pic épidémique (S05-2024), valeur inférieure à celle atteinte au pic des saisons 2022-2023 et 2021-2022 (25,4% et 19,4%, respectivement) (figure 3). En comparaison aux données historiques (5), l’activité en médecine de ville pour syndrome grippal a atteint un niveau d’intensité modéré tous âges confondus (figure 5a) et dans chaque classe d’âge (figure 5b).

Cette saison a été marquée par la circulation quasi-exclusive de virus grippaux de type A, avec une grande majorité de virus A(H1N1)pdm09. En médecine de ville, 4 112 prélèvements ont été réalisés au cours de la période de surveillance (S40-2023 à S15-2024) par les médecins du réseau Sentinelles, dont 910 (22%) se sont avérés positifs pour un virus grippal. Parmi ces 910 virus grippaux, 897 (99%) étaient de type A, dont 668 (74%) de sous-type A(H1N1)pdm09, 219 (24%) de sous-type A(H3N2), et 10 (1%) non sous-typés. Seulement 13 virus (1%) étaient de type B, tous de lignage Victoria (figure 6a). La proportion de prélèvements positifs pour un virus grippal a atteint son maximum en S04-2024 avec 60%, valeur inférieure aux taux de positivité observés aux pics des saisons 2022-2023 (66%) et 2021-2022 (67%).

Durant la saison, 9 cas de co-infection A(H1N1)pdm09/A(H3N2) ont été identifiés ainsi que 56 cas de co-infections virus influenza/autre virus respiratoire, dont 22 cas de virus influenza/SARS-CoV-2, 18 cas de virus influenza/rhinovirus, 11 cas de virus influenza/métapneumovirus et 5 cas de virus influenza/VRS.

Figure 5 : Part hebdomadaire (%) des consultations SOS Médecins pour syndrome grippal parmi l’ensemble des consultations et niveau d’intensité associé (approche Pisa), en France hexagonale, saison 2023-2024
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Figure 6 : Taux de positivité pour la grippe et distribution des types et sous-types de virus grippaux identifiés en France hexagonale de S40-2023 à S15-2024 en médecine de ville (a) (réseau Sentinelles, DUMG Rouen, CNR) et à l’hôpital (b) (Renal, CNR)
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Surveillance des passages aux urgences et des hospitalisations survenues après passage aux urgences pour grippe

Au cours des 10 semaines d’épidémie (S51-2023 à S08-2024), le réseau Oscour® a rapporté 73 676 passages aux urgences pour grippe/syndrome grippal, soit 2,1% des passages aux urgences. Cette valeur était supérieure à la moyenne de 1,7% observée lors des saisons précédentes (5). En revanche, au pic épidémique (S05-2024), cet indicateur était de 3,2%, valeur inférieure à la moyenne de 3,7% observée lors des saisons historiques (5). Parmi l’ensemble des passages aux urgences pour grippe/syndrome grippal durant l’épidémie, 42% concernaient les moins de 15 ans, 39% les 15-64 ans et 19% les 65 ans et plus. Cette répartition par classe d’âge était proche de celle observée en moyenne lors des saisons antérieures (5) (respectivement 47%, 38% et 15%).

Parmi les passages aux urgences pour grippe/syndrome grippal, 19% (14 025) ont conduit à une hospitalisation, valeur supérieure à la moyenne de 14% observée lors des épidémies historiques (5). La majorité des hospitalisations pour grippe/syndrome grippal après passage aux urgences a concerné les personnes âgées de 65 ans et plus, avec 56% des hospitalisations, vs 24% chez les 15-64 ans et 20% chez les moins de 15 ans. Cette répartition en fonction de l’âge était comparable à celle observée en moyenne lors des saisons antérieures (5) (respectivement 56%, 22% et 22%).

La part des hospitalisations pour grippe/syndrome grippal après passage aux urgences parmi l’ensemble des hospitalisations après passage aux urgences a été de 2,0% des hospitalisations tous âges confondus durant l’épidémie, valeur supérieure à la moyenne de 1,4% lors des épidémies antérieures (5). Au pic épidémique (S05-2024), cette proportion a atteint 3,1% tous âges confondus et a été la plus élevée chez les moins de 15 ans (5,9% chez les moins de 5 ans et 3,1% chez les 5-14 ans), suivis des 65 ans et plus (3,5%) (figure 7).

En comparaison aux données historiques (5), l’activité pour grippe/syndrome grippal parmi l’ensemble des hospitalisations après passage aux urgences a atteint un niveau d’intensité élevé tous âges confondus (durant deux semaines consécutives en S05 et S06-2024), principalement porté par les 15-64 ans chez qui le niveau d’intensité est resté élevé durant trois semaines (de S04 à S06-2024). En revanche, cet indicateur n’a pas dépassé le niveau d’intensité modéré chez les moins de 15 ans et chez les 65 ans et plus (figures 8a et 8b).

Figure 7 : Évolution hebdomadaire de la part des hospitalisations pour grippe/syndrome grippal parmi l’ensemble des hospitalisations après passage aux urgences en France hexagonale, de 2017-2018 à 2023-2024, par classe d’âge et par semaine d’admission (réseau Oscour®)
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Figure 8 : Part hebdomadaire (%) des hospitalisations pour grippe/syndrome grippal parmi l’ensemble des hospitalisations après passage aux urgences (réseau Oscour®) et niveaux d’intensité associés (approche Pisa), France hexagonale, saison 2023-2024
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Surveillance virologique à l’hôpital

En milieu hospitalier (réseau Renal), parmi les 348 812 résultats virologiques transmis au CNR durant la période de surveillance (S40-2023 à S15-2024), 25 820 prélèvements (7%) étaient positifs pour un virus grippal. Parmi les virus identifiés, la quasi-totalité étaient de type A (25 313 prélèvements, soit 98%), dont 3 002 de sous-type A(H1N1)pdm09, 959 de sous-type A(H3N2) et 21 352 non sous-typés. Seulement 2% des virus (507 prélèvements) étaient de type B (figure 6b). Le taux de positivité pour grippe a atteint son maximum en S05-2024, avec 22% de prélèvements positifs pour un virus grippal. Cette valeur était identique à celle observée au pic en 2022-2023, supérieure à 2021-2022 (11%) et inférieure à 2017-2018 et 2018-2019 (28% et 34%, respectivement).

Caractérisation antigénique et génétique des virus grippaux

Les analyses de caractérisation antigénique et génétique réalisées par le CNR des virus respiratoires indiquaient que les virus identifiés tout au long de cette saison présentaient les mêmes caractéristiques. Les virus A(H1N1)pdm09 caractérisés étaient antigéniquement et génétiquement apparentés à la souche vaccinale présente dans le vaccin de l’hémisphère sud (HS) 2023 (A/Sydney/5/2021 clade 5a.2a) et proches de la souche vaccinale présente dans le vaccin de l’hémisphère nord (HN) 2023-2024 (A/Victoria/4897/2022 clade 5a.2a.1).

Les virus A(H3N2) caractérisés présentaient un profil antigénique non totalement apparenté à la souche vaccinale présente dans le vaccin HN 2023-2024 (A/Darwin/9/2021 clade 2a), et étaient antigéniquement apparentés aux souches du clade 2a.3a.1 présentes dans le vaccin HS 2024 (A/Thaïland/8/2022 et A/Massachusetts/18/2022). Le séquençage montrait que la grande majorité des virus circulants appartenaient au clade 2a.3a.1, et principalement aux sous-clades J2 et J1. Les rares virus influenza B (lignage Victoria) détectés appartenaient au clade 3a.2, et étaient antigéniquement apparentés à la souche vaccinale B/Austria/1359417/2021. Aucun virus B-Yamagata n’a été détecté en France, ni dans le monde (à l’exception de virus vaccinaux), depuis 2020.

Surveillance des cas graves de grippe admis en service de réanimation

Durant la saison (S40-2023 à S15-2024), 925 cas graves de grippe ont été signalés par les 101 services de réanimation sentinelles ayant participé à la surveillance des cas graves de grippe cette saison. Parmi ces 925 cas, 764 (83%) ont été admis en réanimation durant les 10 semaines d’épidémie, avec un maximum de 114 cas atteint en semaine S04-2024. En raison d’une diminution de la participation des services de réanimation à la surveillance des cas graves de grippe admis en réanimation observée depuis la pandémie de Covid-19, le nombre de cas signalés cette saison n’est pas comparable aux données des saisons antérieures à la pandémie de Covid-19. Les données issues de cette surveillance permettent toutefois d’analyser les caractéristiques des cas graves de grippe admis en réanimation.

Parmi les 925 cas signalés cette saison, 61% étaient des hommes et 90% avaient 18 ans ou plus. Parmi les 791 patients pour lesquels le type de virus grippal a été identifié, 99% étaient infectés par un virus de type A : 13% par un virus de type A(H1N1)pdm09, 6% par un virus de type A(H3N2) et 80% par un virus de type A sans précision. La grande majorité des cas (83%) présentaient au moins une comorbidité ou un facteur de risque de grippe grave et parmi les 560 (61%) cas pour lesquels le statut vaccinal était renseigné, 79% n’étaient pas vaccinés contre la grippe pour la saison en cours. Vingt-sept patients (4%) étaient co-infectés par un virus grippal et le SARS-CoV-2, et 4 patients (<1%) étaient co-infectés par un virus grippal et le VRS. Un total de 132 décès a été rapporté, dont 76 (58%) chez les 65 ans ou plus, 49 (37%) chez les 15-64 ans et 7 (5%) chez les moins de 15 ans (tableau).

Tableau : Caractéristiques des cas graves de grippe admis en réanimation en France au cours de la saison 2023-2024 (S40-2023 à S15-2024)
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Surveillance des épisodes d’infections respiratoires aigües (IRA) en établissements médico-sociaux

Durant la période de surveillance de la grippe (S40-2023 à S15-2024), 4 275 épisodes d’IRA ont été signalés par les EMS, dont 3 873 (91%) ont fait l’objet d’une recherche étiologique. Parmi eux, 801 épisodes étaient attribués à la grippe (seule dans 66% des cas et en co-infection dans 34% des cas), dont la grande majorité (72%) sont survenus pendant l’épidémie. Le pic d’activité a été atteint en S05-2024, avec le signalement de 96 épisodes d’IRA attribués à la grippe (figure 9).

Figure 9 : Évolution hebdomadaire du nombre d’épisodes de cas groupés d’IRA liés à la grippe, seule ou en co-infection, en établissements médico-sociaux par semaine de début de l’épisode, France hexagonale, saison 2023-2024
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Mortalité issue de la certification électronique

En France, 161 427 décès ont été déclarés par certificat électronique de décès entre les semaines S40-2023 et S15-2024. Parmi eux, 1 861 (1,2%) l’ont été avec une mention de grippe comme affection morbide ayant directement provoqué ou contribué au décès. Cette proportion de décès liés à la grippe parmi les décès certifiés électroniquement était supérieure à celles observées lors des saisons 2017-2018 (1,1%), 2021-2022 (0,4%) et 2022-2023 (1,0%) et identique à celle observée lors de la saison 2018-2019 (figure 10). Cet indicateur a atteint son maximum en S06-2024 avec 4,0%, valeur supérieure à celles observées aux pics en 2017-2018 (3,0%) et 2021-2022 (1,7%) et inférieure à celles de 2018-2019 (5,5%) et 2022-2023 (4,5%).

Parmi les 1 861 décès liés à la grippe recensés, 11 (1%) concernaient des enfants âgés de moins de 15 ans, 207 (11%) impliquaient des patients âgés de 15 à 64 ans et 1 643 (88%) des personnes âgées de 65 ans ou plus. Cette répartition en fonction de l’âge était proche de celle observée en 2021-2022 (3%, 13% et 84% respectivement) et identique à celle de 2022-2023.

Ce dispositif de surveillance, dont la couverture est encore incomplète (43% de la mortalité nationale couverte fin 2023 8), ne permet pas de comptabiliser de manière exhaustive les décès liés à la grippe. Les certificats de décès rédigés en version papier ne sont disponibles qu’avec un délai de plusieurs mois et ne peuvent pas contribuer à la surveillance de routine. Par ailleurs, quel que soit le type de certificat de décès utilisé (papier ou électronique), seule une fraction des décès liés à la grippe est attribuée à cette cause.

Figure 10 : Part (%) des décès certifiés par voie électronique avec une mention de grippe dans les causes médicales de décès parmi les décès toutes causes confondues, France, saisons 2017-2018 à 2023-2024
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Épidémie de grippe en outre-mer

À Mayotte, l’épidémie de grippe est survenue entre novembre (S44-2023) et décembre (S51-2023) avec une circulation majoritaire des virus de type A(H3N2). Les virus caractérisés étaient majoritairement des virus A(H3N2) et ils présentaient un profil antigénique et génétique similaire aux virus isolés en France hexagonale. Ils étaient apparentés aux souches du clade 2a.3a.1 présentes dans le vaccin HS 2024 (A/Thaïland/8/2022 et A/Massachusetts/18/2022).

À La Réunion, les épidémies de grippe surviennent habituellement entre juin et septembre. L’épidémie a commencé, comme en 2022, très tardivement début septembre (S36-2023) et s’est terminée début janvier (S01-2024), soit une durée de 18 semaines. Le pic épidémique a été atteint début octobre (S41-2023), avec 79 passages aux urgences et 22 hospitalisations pour grippe/syndrome grippal. Un total de 22 cas graves (19 adultes et 3 enfants) a été signalé par les services de réanimation et 3 décès ont été rapportés. Les virus détectés durant l’épidémie étaient majoritairement des virus grippaux A(H3N2). Les virus A(H3N2) caractérisés présentaient un profil antigénique et génétique similaire aux virus isolés dans l’Hexagone. Ils étaient apparentés aux souches du clade 2a.3a.1 présentes dans le vaccin HS 2024 (A/Thaïland/8/2022 et A/Massachusetts/18/2022).

En Guyane, l’épidémie est survenue à une période habituelle pour cette région. Elle a démarré début décembre (S49-2023) et s’est terminée mi-février (S08-2024), soit une durée de 12 semaines avec un pic épidémique début février (S05-2024). Au cours de l’épidémie, les centres de santé ont enregistré 584 consultations pour syndrome grippal. Au total, 210 passages aux urgences pour grippe/syndrome grippal ont été recensés, représentant au pic de l’épidémie moins de 2% de l’ensemble des passages aux urgences. Au total, 8 cas graves admis dans les services de réanimation du Centre hospitalier de Cayenne et 3 décès ont été notifiés. Une co-circulation des virus A(H1N1)pdm09 et A(H3N2) a été observée. Cette épidémie a été d’une faible ampleur sur le territoire par rapport à la saison précédente.

Aux Antilles, les épidémies grippales surviennent habituellement entre les mois de novembre et avril. En Guadeloupe, elle a débuté fin décembre (S52-2023), a atteint son pic fin janvier (S04-2024) et s’est terminée mi-mars (S12-2024). L’impact de cette épidémie a été important en ville et à l’hôpital, avec un total de 9 700 consultations de médecine générale et 555 passages aux urgences pour grippe/syndrome grippal (dont 22% suivis d’une hospitalisation) durant la période épidémique. Au total, 20 cas graves admis en service de réanimation ont été signalés. En Martinique, l’épidémie est survenue de fin décembre à mi-mars (de S52-2023 à S12-2024), avec un pic épidémique fin février (S08-2024). Près de 17 000 patients ont consulté un médecin généraliste durant cette période et 18 cas graves admis en réanimation ont été signalés. Une co-circulation des virus grippaux A(H3N2) et A(H1N1)pdm09 a été identifiée avec une prédominance des virus A(H1N1)pdm09.

Les bulletins épidémiologiques régionaux sont disponibles sur le site de Santé publique France (6).

Discussion-conclusion

Pour la saison 2023-2024, Santé publique France a mis en place avec ses partenaires une surveillance intégrée des infections respiratoires aiguës (IRA) incluant la grippe, la Covid-19 et la bronchiolite. Cette approche intégrée permet d’évaluer, de manière groupée ou spécifique, le fardeau en santé publique et l’impact sur l’offre de soins des infections respiratoires aiguës.

L’épidémie de grippe 2023-2024 est la troisième survenue en France hexagonale depuis le début de la pandémie de Covid-19. Si les deux épidémies précédentes se sont révélées atypiques, avec une épidémie 2021-2022 excessivement tardive 6 et une épidémie 2022-2023 précoce, marquée par une durée particulièrement longue (19 semaines) et par une sévérité importante 14, l’épidémie grippale a retrouvé cette saison une temporalité classiquement observée avant la pandémie de Covid-19. En effet, l’épidémie a débuté fin décembre, a connu un ralentissement début janvier dans un contexte de fin des vacances de Noël, a atteint son pic fin janvier-début février et s’est terminée fin février. À l’échelle régionale, l’épidémie a débuté mi-décembre en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Toutes les régions étaient passées en phase épidémique mi-janvier, et l’ensemble d’entre elles étaient revenues en phase inter-épidémique fin mars. La durée de l’épidémie au niveau hexagonal (10 semaines) a également retrouvé une valeur proche de la durée classiquement observée avant la pandémie de Covid-19 (11 semaines en moyenne entre 2011-2012 et 2022-2023). Dans les DROM, l’épidémie grippale est également survenue à une période habituelle aux Antilles et en Guyane, mais a été précoce à Mayotte et tardive à La Réunion.

En médecine de ville, l’impact de l’épidémie a été modéré tous âges confondus et dans chaque classe d’âge, d’après les données des réseaux Sentinelles et SOS Médecins.

À l’hôpital, l’indicateur de suivi de l’activité, représenté par la part des hospitalisations pour grippe/syndrome grippal parmi l’ensemble des hospitalisations, indiquait un impact globalement modéré dans toutes les classes d’âge. Toutefois, cet indicateur a atteint le niveau d’intensité élevé tous âges confondus au pic d’activité. Ce niveau d’intensité, franchi durant deux semaines consécutives, était principalement porté par les 15-64 ans, habituellement moins sévèrement touchés par les épidémies grippales.

Les données de certification électronique montraient un impact important de l’épidémie concernant la mortalité, avec notamment une proportion élevée de grippe parmi les décès certifiés électroniquement lors du pic épidémique. Toutefois, cette proportion était inférieure à celle atteinte lors du pic de l’épidémie de la saison 2022-2023, caractérisée par sa sévérité marquée. Ce dispositif de surveillance, en progression depuis plusieurs années, couvre 43% de la mortalité nationale (près de 70% de la mortalité hospitalière) et ne permet pas de comptabiliser les décès liés à la grippe de manière exhaustive. Par ailleurs, à partir des données de mortalité toutes causes confondues issues des bureaux d’état-civil, il n’a pas été observé d’excès de mortalité toutes causes confondues au niveau national lors du pic de l’épidémie grippale 8.

Cette épidémie a été caractérisée, au niveau de l’Hexagone ainsi qu’au niveau européen, par une co-circulation de virus grippaux, avec une circulation très majoritaire de A(H1N1)pdm09 et une circulation moindre de A(H3N2). Par ailleurs, l’épidémie de grippe 2023-2024 est survenue, à l’instar des épidémies 2021-2022 et 2022-2023, de manière concomitante à une circulation active d’autres virus respiratoires, notamment le SARS-CoV-2 et le rhinovirus cette saison 6,14,15. Cette co-circulation de virus grippaux avec une prédominance du virus A(H1N1)pdm09 a également été observée en Europe 16, tandis qu’en Amérique du Nord, les virus A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B/Victoria ont co-circulé activement cette saison 17.

Une diminution de la couverture vaccinale contre la grippe est constatée ces dernières années en France. Elle a été estimée pour cette saison 2023-2024 par Santé publique France à 54,0% chez les 65 ans et plus, soit une baisse de 2,2 points par rapport à la saison précédente et à 25,4% chez les moins de 65 ans à risque de forme grave de grippe, soit une baisse de 6,2 points par rapport à la saison précédente 18. Par ailleurs, selon une enquête réalisée par Santé publique France en mars 2024, la couverture vaccinale moyenne contre la grippe des résidents dans les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) cette saison était de 83,3% et celle des professionnels exerçant en Ehpad de 22,4% 19. Ces couvertures vaccinales étaient inférieures à celles des saisons 2022-2023 (87,5% et 24,7%, respectivement) et 2021-2022 (86,9% et 27,6%, respectivement) 20,21.

La couverture vaccinale contre la grippe est toujours insuffisante en France et reste loin de l’objectif des 75% de vaccination chez les personnes à risque visé par l’OMS.

Une étude multicentrique européenne, à laquelle a participé la France, a permis d’estimer l’efficacité des vaccins antigrippaux de la saison 2023-2024 pour prévenir une infection grippale symptomatique conduisant à une consultation médicale tous âges confondus. En médecine de ville, l’efficacité vaccinale a été estimée à 53% (IC95% : [41-63]) vis-à-vis du virus A(H1N1)pdm09 et à 30% [-3 ; 54] vis-à-vis de A(H3N2). À l’hôpital, l’efficacité vaccinale a été estimée à 44% [30-55] vis-à-vis du virus A(H1N1)pdm09 et à 14% [-32 ; 43] vis-à-vis de A(H3N2) 22. Globalement, l’efficacité vaccinale était modérée vis-à-vis du virus A(H1N1)pdm09, principal virus ayant circulé cette saison, et plus faible vis-à-vis du virus A(H3N2).

Il est très probable qu’une circulation simultanée de plusieurs virus respiratoires (notamment les virus grippaux, le SARS-CoV-2, le rhinovirus et le VRS) soit observée à nouveau les hivers prochains. Dans un contexte de couverture vaccinale contre la grippe toujours insuffisante en France et d’une efficacité des vaccins antigrippaux pouvant varier selon les saisons, il est essentiel de continuer à promouvoir la vaccination, en particulier chez les personnes à risque et chez les professionnels de santé. Les autres mesures de prévention (hygiène des mains, aération régulière des espaces clos, port du masque en cas de symptômes, etc.) doivent compléter la vaccination, afin de protéger les personnes les plus vulnérables et de limiter l’impact des épidémies hivernales sur les structures de soins.

Remerciements

Nous remercions l’ensemble des acteurs des différents réseaux pour leur implication dans la surveillance de la grippe, notamment les médecins des réseaux de médecine de ville (le réseau Sentinelles, et tout particulièrement l’équipe de surveillance des IRA, ainsi que la Fédération SOS Médecins France et tout particulièrement Pascal Chansard, Céline Falco, Patrick Guérin, Pierre-Henry Juan, Jean-Christophe Masseron, Serge Smadja et Romain Varnier) ; l’ensemble des urgentistes membres du réseau Oscour®, de la Société française de médecine d’urgence et de la Fédération des observatoires régionaux des urgences ; les réanimateurs et leurs sociétés savantes (Société de réanimation de langue française, Groupe francophone de réanimation et urgences pédiatriques, Société française d’anesthésie et de réanimation) ; les agences régionales de santé ; les équipes techniques des laboratoires du CNR Virus des infections respiratoires ; les laboratoires de virologie hospitaliers, dont le réseau Renal.
Au sein de Santé publique France, nous remercions également pour leur contribution à la surveillance de la grippe : Yann Savitch, Didier Che, Harold Noël et Bruno Coignard (Direction des maladies infectieuses – DMI) ; Guillaume Spaccaferri (Direction des régions – DIRE) ; Isabelle Pontais et Jérôme Naud de l’équipe Sursaud ainsi que Jérôme Guillevic et Céline Caserio-Schönemann (Direction appui, traitements et analyses des données – DATA) ; l’équipe de surveillance des cas de grippe et Covid-19 admis en réanimation (DMI/DIRE) ; la Direction de la communication et du dialogue avec la société.

Liens d’intérêt

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt au regard du contenu de l’article.

Références

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3 Iuliano AD, Roguski KM, Chang HH, Muscatello DJ, Palekar R, Tempia S, et al. Estimates of global seasonal influenza-associated respiratory mortality: A modelling study. Lancet. 2018;391(10127):1285-300.
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6 Équipes de surveillance de la grippe. Surveillance de la grippe en France, saison 2021-2022. Bull Épidémiol Hebd. 2022;(21):362-75. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2022/21/2022_21_1.html
7 Santé publique France. Surveillance des épisodes de cas groupés d’infections respiratoires aiguës (IRA) dans les établissements médico-sociaux. Saint-Maurice: Santé publique France; 2023. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/articles/surveillance-des-episodes-de-cas-groupes-d-infections-respiratoires-aigues-ira-dans-les-etablissements-medico-sociaux
8 Santé publique France. Surveillance sanitaire de la mortalité. Point hebdomadaire du 21 mai 2024. Saint-Maurice: Santé publique France; 2024. 5 p. https://www.santepubliquefrance.fr/surveillance-syndromique-sursaud-R/documents/bulletin-national/2024/surveillance-sanitaire-de-la-mortalite.-point-hebdomadaire-du-21
9 Pelat C, Bonmarin I, Ruello M, Fouillet A, Caserio-Schönemann C, Levy-Bruhl D, et al. Improving regional influenza surveillance through a combination of automated outbreak detection methods: The 2015/16 season in France. Euro Surveill. 2017;22(32):30593. https://www.eurosurveillance.org/content/10.2807/1560-7917.ES.2017.22.32.30593
10 Organisation mondiale de la santé. Évaluation de la sévérité de la grippe pandémique (PISA) – Guide de l’OMS pour évaluer la sévérité de la grippe pendant les épidémies saisonnières et les pandémies. Genève: OMS; 2017. 18 p. https://iris.who.int/handle/10665/272872
11 Santé publique France. Communiqué de presse – Surveillance intégrée des infections respiratoires aiguës. Saint-Maurice: Santé publique France; 2023. 3 p. https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2023/surveillance-integree-des-infections-respiratoires-aigues
12 Santé publique France. Bulletin épidémiologique grippe. Bilan de la surveillance, saison 2019-2020. Saint-Maurice: Santé publique France; 2020. 10 p. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/documents/bulletin-national/bulletin-epidemiologique-grippe.-bilan-de-la-surveillance-saison-2019-2020
13 Santé publique France. Bulletin épidémiologique grippe. Bilan de la surveillance, saison 2020-2021. Saint-Maurice: Santé publique France; 2021. 6 p. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/documents/bulletin-national/bulletin-epidemiologique-grippe.-bilan-de-la-surveillance-saison-2020-2021
14 Équipes de surveillance de la grippe. Surveillance de la grippe en France, saison 2022-2023. Bull Épidémiol Hebd. 2023;(19):382-97. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2023/19/2023_19_1.html
15 Santé publique France. Infections respiratoires aiguës (grippe, bronchiolite, Covid-19). Bilan de la saison 2023-2024. Saint-Maurice: Santé publique France; 2024. 26 p. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/documents/bulletin-national/infections-respiratoires-aigues-grippe-bronchiolite-covid-19-.-bilan-de-la-saison-2023-2024
16 European Center for Disease Prevention and Control, World Health Organization Regional Office for Europe. Influenza virus characterization – Summary report, Europe, March 2024. Stockholm: ECDC; 2024. 29 p. https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/influenza-virus-characterization-summary-europe-march-2024
17 Centers for Disease Control and Prevention. Weekly U.S. influenza surveillance report. 2024. Atlanta: CDC; 2024. https://www.cdc.gov/fluview/surveillance/past-reports.html
18 Santé publique France. Vaccination en France. Bilan de la couverture vaccinale en 2023. Saint-Maurice: Santé publique France; 2024. 34 p. https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/vaccination/documents/bulletin-national/vaccination-en-france.-bilan-de-la-couverture-vaccinale-en-2023
19 Santé publique France. Études de couverture vaccinale contre la grippe et la Covid-19 des résidents et contre la grippe des professionnels salariés des établissements sociaux et médico-sociaux, mars 2024. 2024. https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/etudes-de-couverture-vaccinale-contre-la-grippe-et-la-covid-19-des-residents-et-contre-la-grippe-des-professionnels-salaries-des-etablissements-soc
20 Santé publique France. Quelle est la couverture vaccinale contre la grippe des résidents et des professionnels en établissements médico-sociaux ? Point au 3 juillet 2023. Saint-Maurice: Santé publique France; 2023. 10 p. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/documents/enquetes-etudes/quelle-est-la-couverture-vaccinale-contre-la-grippe-des-residents-et-des-professionnels-en-etablissements-medico-sociaux-point-au-3-juillet-2023
21 Santé publique France. Quelle est la couverture vaccinale contre la grippe des résidents et des professionnels en établissements médico-sociaux ? Point au 1er juin 2022. Saint-Maurice: Santé publique France; 2022. 9 p. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/documents/enquetes-etudes/quelle-est-la-couverture-vaccinale-contre-la-grippe-des-residents-et-des-professionnels-en-etablissements-medico-sociaux-point-au-1er-juin-2022
22 Maurel M, Howard J, Kissling E, Pozo F, Pérez-Gimeno G, Buda S, et al. Interim 2023/24 influenza A vaccine effectiveness: VEBIS European primary care and hospital multicentre studies, September 2023 to January 2024. Euro Surveill. 2024;29(8):2400089. https://www.eurosurveillance.org/content/10.2807/1560-7917.ES.2024.29.8.2400089

Citer cet article

Équipes de surveillance de la grippe. Surveillance de la grippe en France, saison 2023-2024. Bull Épidémiol Hebd. 2024;(19):414-27. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2024/19/2024_19_1.html

(1) Les expressions « Hexagone » et « France hexagonale » utilisées dans cet article incluent systématiquement la Corse.
(2) Portail de signalement des événements sanitaires indésirables du ministère de la Santé et de la Prévention : https://signalement.social-sante.gouv.fr/
(5) Saisons 2016-2017 à 2022-2023 (saisons 2019-2020 et 2020-2021 exclues).