Les attentats de novembre 2015 à Paris : exposition aux images par les médias et symptômes de stress post-traumatique

// The terrorist attacks of November 2015 in Paris: Exposure to images by the media and symptoms of post-traumatic stress

Enguerrand du Roscoät1,2 (enguerrand.du-roscoat@santepubliquefrance.fr), Maëlle Robert1, Lise Eilin Stene3, Yvon Motreff1,4, Stéphanie Vandentorren1,4, Philippe Pirard1,5
1 Santé publique France, Saint-Maurice, France
2 Laboratoire parisien de psychologie sociale (Lapps), EA 4386, Université Paris Ouest Nanterre-La Défense, France
3 Norwegian Centre for Violence and Traumatic Stress Studies (NKVTS), Oslo, Norvège
4 Inserm, Sorbonne Université, Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (iPLESP), Équipe de recherche en épidémiologie sociale, Paris, France
5 CESP Inserm 1178, Santé mentale et santé publique, Villejuif, France
Soumis le 30.05.2018 // Date of submission: 05.30.2018
Version mise à jour le 11 janvier 2019. Remplace la version publiée le 13 novembre 2018.

Mots-clés : Symptômes de stress post-traumatique | Médias | Attentats | Population générale
Keywords: Post-traumatic stress symptoms | Media | Terrorist attacks | General population

Résumé

La forte couverture médiatique des attentats de novembre 2015 à Paris (Bataclan, terrasses des cafés et Stade de France) a exposé une très large partie de la population française aux images des attaques terroristes, questionnant les pouvoirs publics sur les effets d’une telle exposition, en particulier sur les symptômes de stress post-traumatique.

Cette étude a examiné la relation entre l'exposition médiatique liée aux événements (temps passé à regarder les évènements à la télévision ou sur Internet sur une période de trois jours suivant les attentats) et la déclaration de symptômes de stress post-traumatique mesurés au moyen de l’échelle Post-traumatic Stress Disorder Checklist for DSM-5 (PCL-5). Un échantillon par quotas représentatifs de la population générale sur les variables sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et taille d’agglomération a été recruté via un panel d’internautes (panel BVA). En juin 2016, 1 760 personnes ont intégralement répondu à l’enquête par le biais d’un questionnaire Internet.

Les résultats ont montré une association positive entre le temps passé à visualiser des images liées aux attaques et la présence de symptômes de stress post-traumatique, après ajustement sur les caractéristiques sociodémographiques, l’exposition directe aux évènements et des facteurs de vulnérabilité individuelle (antécédents d’évènements traumatisants, de troubles psychologiques et d’évènements de vie négatifs). Des analyses complémentaires devront être conduites pour tester les interactions entre l’exposition aux médias et les facteurs sociodémographiques et individuels (antécédents psychologiques) afin d’identifier les profils de population les plus vulnérables aux effets d’une exposition aux médias et ainsi mieux orienter les actions de prévention.

Abstract

The heavy media coverage of the November 2015 attacks in Paris (Bataclan, restaurants, cafés and Stade de France) exposed a very large part of the French population to images of the terrorist attacks, questioning the public authorities about the effects of such exposure, particularly in terms of post-traumatic stress symptoms.

This study examined the relationship between event-related media exposure (the time spent watching television or Internet events over a three-day period following the attacks) and post-traumatic stress symptoms (measured via the Posttraumatic Stress Disorder Checklist for DSM-5 –PCL-5). A representative sample of the general population in terms of gender, age, socio-occupational categories, residential region and agglomeration size was recruited via a panel of Internet users (BVA panel). In June 2016, 1,760 people had fully completed the survey through an Internet questionnaire.

Our results showed a positive association between the time spent viewing images related to attacks and the presence of post-traumatic stress symptoms reported independently of other factors after controlling for socio-demographic characteristics, direct exposure to events and individual vulnerabilities (history of trauma, prior psychological disorders, negative life events). Additional analyzes should be conducted to test potential interactions between media exposure and socio-demographic factors and prior psychological disorders in order to identify population profiles that may be more vulnerable to the effects of media exposure and thus strengthen potential preventive actions.

Introduction

En novembre 2015, dix mois après les attentats de Charlie Hebdo, une nouvelle série d'attentats terroristes a frappé les villes de Paris (Bataclan, terrasses de café) et de Saint-Denis (Stade de France). Au total, 130 personnes ont été tuées et plus de 400 blessées physiquement.

La forte couverture médiatique des attentats a exposé de façon répétée une très large partie de la population française aux images des attaques terroristes, amenant les pouvoirs publics à s’interroger sur les effets d’une telle exposition.

Les enquêtes conduites, notamment aux États-Unis après les attentats à la bombe d’Oklahoma City en 1995 ou les évènements du 11 septembre 2001, ont montré des associations positives et significatives entre le niveau d’exposition aux images des attaques via les médias et l’augmentation des symptômes de stress post-traumatique (SSPT) en population générale, plusieurs mois et même plusieurs années après les évènements 1,2,3,4,5.

En juin 2016, sept mois après les attentats, dans le cadre de son dispositif permanent d’enquête, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) interrogeait un échantillon représentatif de la population française sur sa perception des attentats et de leurs retentissements. Les données de l’enquête témoignent d’une empreinte importante des attentats sur la population générale, et en particulier sur le sentiment de peur, rapporté comme étant la principale conséquence des attentats par près de 6 répondants sur 10 6.

Santé publique France a ainsi souhaité compléter son dispositif de surveillance et de suivi des personnes impliquées (victimes civiles et intervenants professionnels) 7,8 par une enquête en population générale visant à observer l’impact des attentats sur la santé mentale des Français. L’objectif de l’étude était d’étudier les liens entre l’exposition aux images des attentats via les médias et la déclaration de SSPT. Cet article en présente les premiers résultats.

Dans un premier temps, le niveau d’exposition de la population aux images des attentats via les médias sera décrit. Puis les caractéristiques des individus selon leur niveau d’exposition aux images seront présentées et, enfin, les associations observées entre ces niveaux d’exposition et les SSPT rapportés. Les résultats seront discutés en termes de perspectives d’analyses secondaires et de pistes de réflexion pour la prévention.

Cette étude prend place dans la série de travaux lancés par Santé publique France sur les attentats de novembre 2015, en lien avec le Programme 13-Novembre : www.memoire13novembre.fr.

Méthode

Échantillon

Un échantillon de 1 760 personnes a été interrogé entre le 2 et le 20 juin 2016, environ sept mois après les attentats. Les études portant sur les impacts post-traumatiques d’évènements exceptionnels sont souvent conduites à distance des évènements afin de distinguer les états de stress aigu des états de stress post-traumatique, qui peuvent avoir une période de latence parfois très longue (plusieurs mois). Les données ont été recueillies par le biais d’un questionnaire Internet dont la durée moyenne de passation était de 20 minutes. L’échantillon se composait d’un échantillon de la population française âgée de 15 ans et plus (N=1 000 personnes) et d’un sur-échantillon de Parisiens (N=760 personnes). La construction des échantillons a été réalisée selon la méthode des quotas appliquée aux variables sexe, âge, région, catégorie socioprofessionnelle, taille d’agglomération pour les deux échantillons et quartier d’habitation pour le sur-échantillon de Parisiens (quotas estimé sur la base des données de l’enquête Emploi 2012).

L’échantillon a été recruté au sein du panel web de l’institut BVA : 40 000 panélistes (inscrits à des programmes de fidélisation utilisés à des fins de marketing) ont été contactés par courrier électronique pour leur proposer de répondre à une enquête sur la santé (sans autre précision). Sur ces 40 000 individus, 4 294 personnes se sont connectées pour répondre au questionnaire. Parmi elles, 2 442 n’ont pas satisfait aux critères de quota ou ne les ont pas renseignés, et 92 ont été exclues pour abandon de questionnaire. Seules les personnes ayant entièrement répondu au questionnaire ont été incluses dans l’étude. L’échantillon final de l’étude se caractérise par un niveau de diplôme très supérieur à celui observé en population générale. Après application des variables de pondération, 49% de l’échantillon présentaient un niveau de diplôme supérieur au Bac contre 24% de la population générale (données enquête Emploi 2012, cf. tableau 1).

Tableau 1 : Description de l’échantillon de l’enquête de juin 2016 suite aux attentats de novembre 2015 à Paris
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Indicateurs

Niveau d’exposition aux images dans les médias

Les répondants devaient estimer le nombre d’heures qu’ils avaient passées à regarder les images des attaques à la télévision ou sur Internet pour chacun des trois jours suivant les attentats (13, 14 et 15 novembre) en utilisant les modalités de réponses suivantes : 0=Pas du tout, 1=Moins d'une heure, 2=Plus de deux heures et moins de quatre heures, 3=Plus de quatre heures et moins de huit heures, 4=Huit heures ou plus. Un score moyen d’exposition aux images a ensuite été calculé et catégorisé selon trois modalités : exposition modérée (moins de 2h/ jour) ; exposition élevée (entre 2 et 4h/jour) ; exposition très élevée (plus de 4h/jour).

Symptômes de stress post-traumatique (PCL-5)

Les SSPT liés aux attentats ont été évalués à l'aide de l’échelle PCL-5 9 composée de 20 items. Chaque item est évalué sur une échelle de Likert en 5 points (de 0=Pas du tout à 4=Extrêmement). Une mesure continue des symptômes a été créée en additionnant les scores obtenus pour chaque item.

Autres variables

Variables sociodémographiques : sexe, âge (en continu), niveau de diplôme (<Bac, Bac, >Bac), lieu d’habitation (Paris ou Saint-Denis vs ailleurs).

Implication dans les évènements (impliqué vs non impliqué) : les personnes impliquées sont celles qui avaient déclaré se trouver dans les quartiers touchés par les attentats et avoir entendu des coups de feu, des explosions ou des cris, ainsi que les personnes ayant déclaré connaître quelqu'un qui avait été tué ou blessé pendant les attaques (ami proche, proches, collègue, ami d’ami ou connaissance).

Antécédents de troubles psychologiques (oui vs non) : les participants ayant des antécédents de troubles psychologiques sont ceux ayant déclaré avoir eu recours à des soins pour raison de santé mentale (médicaments : tranquillisants, somnifères, antidépresseurs) ou à des professionnels de la santé mentale pendant une durée d’au moins six mois au cours de la vie.

Antécédents de traumatismes (oui vs non) : les personnes ayant des antécédents de traumatisme sont celles ayant déclaré avoir vécu avant ou après les attentats « un événement (autre que les attentats) qui les a fait se sentir menacés ou en alerte pour leur vie : blessure, maladie grave, violence physique ou sexuelle, viol, catastrophe naturelle, contexte de guerre… ».

Évènements de vie négatifs récents (oui vs non) : les répondants devaient répondre à la question suivante : « Avez-vous vécu au cours des six derniers mois une situation difficile dans votre vie personnelle ou professionnelle : maladie, perte d'un proche, divorce, rupture, mise à pied… ? ».

Enfin d’autres variables ont été mesurées dans cette enquête mais n’ont pas fait l’objet d’exploitations pour cet article (exemple : détresse psychologique, consommation de substances psychoactives, stratégies de coping, perturbation des activités, recours aux soins).

Analyses statistiques

Le test T de Student et le test du Chi2 ont été utilisés pour comparer les caractéristiques des individus en fonction de leur niveau d'exposition aux médias (tableau 1). Des régressions linéaires ont été utilisées pour l’analyse des associations entre les SSPT et l’exposition aux médias (tableau 2).

Tableau 2 : Description de l’échantillon selon le niveau d’exposition aux médias. Enquête suite aux attentats de novembre 2015 à Paris, juin 2016
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Deux pondérations distinctes ont été appliquées selon le fait de vivre à Paris ou non. Les poids ont été calculés sur la base des données Insee 2012. Les variables utilisées pour les pondérations ont été l'âge, le sexe et le statut professionnel pour les deux échantillons. La région de localisation et la taille d’agglomération ont également été incluses pour la pondération de l'échantillon national. Les deux échantillons ont ensuite été rassemblés en utilisant un poids final pour que l'ensemble de l'échantillon soit représentatif de la population générale. Toutes les analyses ont été conduites sur les données pondérées et réalisées avec le logiciel Stata®, version 13.

Résultats

Niveau d’exposition aux médias et facteurs associés

Du vendredi 13 au dimanche 15 novembre, la majorité des répondants (51%) ont déclaré avoir regardé des images à la télévision ou sur Internet « moins de deux heures par jour » (exposition modérée aux images). Un peu plus d’un quart (27%) des personnes interrogées ont déclaré avoir visionné les images « de deux à quatre heures par jour » (exposition élevée) et un peu moins d’un quart (22%) « plus de quatre heures par jour » (exposition très élevée).

Les personnes présentant des niveaux d’exposition élevés ou très élevés aux images étaient plus susceptibles de vivre à Paris ou à Saint-Denis et de déclarer des antécédents d’évènements traumatiques avant les attentats que les personnes modérément exposées (tableau 1). Aucune association significative n’a été observée entre le niveau d’exposition aux images et les autres caractéristiques de l’échantillon en termes de sexe, d’âge, de niveau de diplôme, d’exposition directe aux évènements, d’antécédents de troubles psychologiques ou d’évènements de vie négatifs récents.

SSPT et niveaux d’exposition aux médias

L’analyse multivariée a montré, après ajustement sur les variables sociodémographiques et les principaux facteurs de confusion, que le niveau d’exposition aux images était positivement associé à une augmentation du score de stress post-traumatique (β=3,3 [1,0-5,6] pour une exposition élevée et 5,8 [3,1-8,4] pour une exposition très élevée, cftableau 3). Les scores moyens de SSPT étaient respectivement de 15,1, 19,1 et 22,3 chez les personnes qui ont déclaré une exposition modérée, élevée et très élevée aux images des attentats via les médias (tableau 3).

Tableau 3 : Régression linéaire multivariée sur le score de stress post-traumatique. Enquête suite aux attentats de novembre 2015 à Paris, juin 2016
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Autres facteurs associés aux SSPT

Au-delà de l’effet d’exposition aux images observé indépendamment des autres facteurs, les résultats de l’analyse de régression linéaire multivariée (tableau 3) ont montré que, toutes choses égales par ailleurs, le facteur le plus associé à une symptomatologie post-traumatique en lien avec les attentats était d’abord d’avoir été impliqué dans les évènements (β=12,7 [8,3-17,0]). Les autres facteurs associés étaient les antécédents de troubles psychologiques (β=8,8 [6,0-11,6]) et les évènements de vie négatifs récents (β=5,2 [2,9-7,6]). Enfin, les répondants ayant un niveau de diplôme supérieur au Bac rapportaient moins de SSPT en lien avec les attentats de Paris et Saint-Denis que les répondants déclarant un niveau de diplôme inférieur au Bac (β= -3,7 [de -6,0 à -1,3]).

Discussion

Notre étude indique qu’une large partie de l’échantillon s’est exposée à des niveaux élevés (entre 2 et 4h par jour, sur une période de trois jours, pour un quart des individus) ou très élevés (plus de 4 heures par jour pour un autre quart des individus) aux images des attentats via les médias. Les personnes s’étant davantage exposées aux images sont celles résidant à Paris ou à Saint-Denis ainsi que celles ayant déjà été confrontées à des évènements traumatiques dans leur passé.

Globalement, les profils de population qui ont rapporté le plus de SSPT en lien avec les attentats de novembre 2015 sont celles qui ont été impliquées dans les évènements, les personnes ayant des antécédents de troubles psychologiques, les personnes ayant déclaré des niveaux d’exposition élevés et très élevés aux images des attentats et celles ayant récemment vécu des évènements de vie négatifs. Le niveau de diplôme (supérieur au Bac) se présente quant à lui comme un facteur associé à une moindre déclaration de SSPT.

Nos résultats suggèrent l’existence et la persistance d’effets négatifs des attentats de novembre 2015 sur la santé mentale des personnes interrogées dans notre étude. Les données de surveillance issues des résumés de passage aux urgences et des données d’appels à SOS Médecins avaient déjà enregistré une hausse significative des consultations pour troubles liés au stress et à l’anxiété en Île-de-France dans les jours ayant suivi les attentats 10,11. Une étude conduite sur un échantillon de la population générale un mois après les attentats de novembre 2015 à Paris 12 montrait également un lien significatif entre le fait d’avoir été exposé à plusieurs sources d’informations sur les attentats et le niveau de détresse psychologique des répondants. Notre étude montre quant à elle l’existence d’une association significative à moyen terme (7 mois après les événements) entre le niveau d’exposition aux images des attentats dans les médias et l’augmentation des SSPT. Cette association reste significative en ajustant sur les caractéristiques sociodémographiques, l’implication dans les évènements et d’autres facteurs de vulnérabilité individuelle (antécédents de traumas, de troubles psychologiques et d’évènements de vie négatifs).

Ce résultat est concordant avec les données de la littérature scientifique internationale 1,2,3,4,5,13 qui tendent à confirmer que la quantité d’exposition aux images d’attentats est associée, selon un effet « dose-dépendant », à des symptômes de stress persistants en population générale, même en contrôlant les potentiels facteurs de confusion (exposition directe aux évènements et antécédents psychologiques des répondants). Ces résultats doivent être partagés et mis à disposition des professionnels de l’information, de la communication et de la santé afin de réfléchir ensemble aux moyens de limiter les impacts négatifs des expositions intensives aux images d’évènements traumatiques, à l’instar des travaux menés sur la médiatisation des cas de suicide entre étudiants en journalisme et internes en psychiatrie 14.

Plusieurs limites à l’interprétation de nos résultats doivent être considérées. Une première limite concerne la représentativité de l’échantillon analysé. Notre échantillon a été recruté au sein d’un panel d’internautes sur la base du volontariat et sa représentativité a été assurée, par la méthode des quotas, sur un nombre limité de variables. Si un tel échantillon reste pertinent pour l’étude des associations entre facteurs 15,16, il constitue néanmoins une limite à la généralisation de nos résultats. Une autre limite tient à la mesure de l’intensité de l’exposition aux images des attentats. Il est possible que des biais de mémorisation (mesure auto-rapportée sept mois après les évènements) influencent les résultats, dans le sens où les individus ayant davantage de symptômes seraient enclins à surestimer le temps qu’ils ont passé à visionner les images des attentats. Cependant, des données de littérature, produites dans le cadre d’une étude longitudinale 17 supportent bien l’hypothèse d’un lien causal entre exposition aux médias et SSPT.

En conclusion, nous soulignerons l’importance de conduire des analyses secondaires en vue d’outiller la réflexion pour la prévention. La mesure de l’intensité des SSPT par l’échelle PCL5 ne constitue pas en soi une mesure d’un état de stress post-traumatique. Elle pourrait être complétée par des analyses visant d’une part à qualifier la nature des symptômes post-traumatiques (évitement, sentiments négatifs et hyperréactivité) et, d’autre part, à quantifier l’impact de l’augmentation du niveau de stress observé chez les personnes présentant une exposition importante aux images sur d’autres variables disponibles dans notre enquête (perturbation des activités (transport, loisirs, travail), détresse psychologique, consommations de substances psychoactives (alcool, tabac …) et recours aux soins). Il s’agirait essentiellement de mieux estimer les retentissements d’une trop forte exposition aux médias et de conforter la pertinence et l’orientation des actions préventives.

Enfin, des analyses devraient être conduites pour tester les interactions potentielles entre les niveaux d’exposition aux images via les médias et les caractéristiques psychologiques et sociodémographiques des individus. L’objectif serait d’identifier les profils de population les plus vulnérables aux effets d’une exposition médiatique en cas de crise majeure (attentats ou évènements violents) afin de mieux cibler les éventuelles stratégies de prévention.

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Citer cet article

Du Roscoät E, Robert M, Stene LE, Motreff Y, Vandentorren S, Pirard P. Les attentats de novembre 2015 à Paris : exposition aux images par les médias et symptômes de stress post-traumatique. Bull Epidémiol Hebd. 2018;(38-39):781-7. http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2018/38-39/2018_38-39_6.html