Représentations et comportements de prévention des arboviroses en France métropolitaine : Baromètre santé 2016
// Public perceptions and prevention behaviours related to arboviral diseases in Metropolitan France: 2016 Health Barometer
Résumé
Le risque d’être exposé à la dengue et au chikungunya en France métropolitaine est croissant, en lien notamment avec la propagation du moustique Aedes albopictus dans les zones tempérées. Il n’existe ni traitement curatif, ni vaccin pour prévenir ces infections. La lutte anti-vectorielle (LAV) est le seul dispositif de prévention disponible pour protéger la population contre ce risque émergent. Les comportements jouent un rôle important dans la dissémination des maladies infectieuses. Des programmes de prévention qui s’appuient sur l’étude des représentations, connaissances et pratiques sont donc nécessaires.
Des questions sur les arboviroses ont été posées dans le Baromètre santé 2016, avec pour objectifs de faire un état des lieux des représentations et comportements de prévention vis-à-vis de ces infections en France métropolitaine afin d’identifier des leviers d’action permettant d’améliorer la LAV. Dans ce cadre, 3 694 personnes vivant dans les départements où Ae. albopictus était implanté à cette époque ont été interrogées de janvier à août 2016.
Les résultats indiquent que les comportements de prévention dépendaient de la gêne ressentie vis-à-vis des moustiques, du sentiment d’exposition à la dengue et au chikungunya et du sentiment d’être informé sur ces maladies. La lutte contre la nuisance, l’acquisition de connaissances sur les arboviroses et l’appréciation du risque lié à ces maladies sont des éléments qui semblent utiles à l’adoption de comportements de prévention adéquats face à ces risques.
Abstract
The risk of being exposed to dengue fever and chikungunya in metropolitan France is increasing, notably due to the expanding territory of Aedes albopictus in temperate regions. There is no cure or vaccine to prevent these infections. Vector control is therefore the only tool available to protect the population against this emerging risk. Behaviors play an important role in the spread of infectious diseases. Prevention programs based on perceptions, knowledge and practices are therefore necessary.
Thus, a questionnaire about arboviruses infections was introduced for the first time in the health Barometer 2016. This study aimed to describe perceptions and behavioral responses to arbovirus infection in metropolitan France, and to identify determining factors of those behaviors to improve vector control. In this context, 3,694 people aged 15-75 years old and residing in French departments where Ae. albopictus is established were interviewed.
The analysis showed that behavioral responses to arbovirus infection in metropolitan France depended on the discomfort created by mosquitoes, the perceived exposure to dengue and chikungunya and the feeling of being informed about these diseases. Thus, fighting discomfort, improving knowledge by education about mosquito-borne diseases and increasing the sense of exposure to them can participate in the promotion of proper preventive behaviors against arboviruses infections.
Introduction
Les arboviroses sont des maladies virales transmises par des arthropodes hématophages. En France métropolitaine, les principales arboviroses représentant un risque d’émergence sont la dengue, le chikungunya et l’infection à virus Zika, maladies transmises par des moustiques du genre Aedes parmi lesquels Aedes albopictus, autrement appelé « moustique tigre ». Endémiques dans les zones tropicales et sub-tropicales, elles constituent une menace croissante pour la santé humaine dans les zones tempérées. L’implantation d’Ae. albopictus dans 42 départements métropolitains fin 2017 1 augmente le risque de survenue de foyers de transmission autochtone suite à l’introduction du virus par un voyageur infecté en phase virémique (de retour d’une zone d’épidémie), favorisée par la présence d’une population immunologiquement naïve et donc vulnérable à ces infections 2.
La dengue, le chikungunya et l’infection à virus Zika sont des maladies à la symptomatologie peu spécifique (fièvre, douleurs) dont l’évolution est le plus souvent favorable et sans séquelle. Cependant, des formes graves et des complications spécifiques à chacune de ces infections (notamment articulaires avec le chikungunya, embryofœtales avec le Zika) sont également possibles et il n’y a pas de traitement curatif ni de vaccin adapté 3. Dans le cadre de la lutte contre ces infections, une surveillance entomologique et épidémiologique renforcée est mise en place chaque année de mai à novembre en France métropolitaine, afin de détecter et prendre en charge les cas et mettre en place les mesures de lutte anti-vectorielle (LAV) appropriées et, ainsi, prévenir l’éclosion de foyers de transmission. Ces mesures de prévention dépendent des pouvoirs publics, mais l’implication des individus dans les efforts de LAV est également primordiale 4. Ainsi, l’élaboration de programmes de prévention incluant des actions de communication sur la prévention des arboviroses et la lutte contre les moustiques, est nécessaire. Ces programmes doivent être fondés sur l’analyse des représentations, connaissances et pratiques, obtenue à partir de questionnaires adaptés à la population concernée 5.
Un module composé de questions sur la dengue, le chikungunya et les comportements de prévention vis-à-vis des moustiques a été introduit pour la première fois dans le Baromètre santé 2016 pour évaluer les représentations et comportements de la population de France métropolitaine vis-à-vis de ces maladies et de leur vecteur, notamment les personnes exposées au moustique Ae. albopictus, et mettre en évidence les déterminants de ces comportements (1).
Matériel et méthodes
Le Baromètre santé 2016 a été mené par téléphone entre le 8 janvier et le 1er août 2016 auprès de 15 216 personnes âgées de 15 à 75 ans, résidant en France métropolitaine et parlant le français. La sous-population à laquelle ce travail s’est intéressé concerne les personnes qui résidaient dans des départements colonisés par Ae. albopictus lors de la conception de l’enquête en 2015, soit 20 départements métropolitains (figure 1) 6. L’information sur le département de résidence a permis d’estimer la durée d’exposition à Ae. albopictus selon l’ancienneté de la colonisation par le moustique tigre afin d’en évaluer l’impact dans le temps : présence récente (0-1 an), intermédiaire (2-3 ans) ou ancienne (4 ans ou plus). Notre population d’étude comptait ainsi 3 694 personnes, dont 39% vivaient dans un département colonisé par Ae. albopictus depuis 4 ans ou plus, 45% dans un département colonisé depuis 2 ou 3 ans et 16% dans un département d’exposition récente (1 an ou moins).
Les questions portaient sur la gêne ressentie vis-à-vis des moustiques, le sentiment d’exposition à la dengue et au chikungunya, la représentation de leur gravité, la crainte de contracter une maladie transmise par les moustiques. Les personnes ont été interrogées sur leur sentiment d’être informées sur ces maladies, sur la représentation qu’elles avaient de l’efficacité des mesures de lutte contre les gîtes larvaires, ainsi que sur la fréquence d’utilisation de moyens de protection individuelle contre les moustiques. Parmi les moyens de prévention proposés dans le questionnaire, ont été distingués les moyens de protection chimiques (lotions répulsives et diffuseurs) et les moyens de prévention physiques (moustiquaires, vêtements couvrants et climatiseurs ou ventilateurs). Le détail des questions est téléchargeable 7.
Les données ont été pondérées pour tenir compte de la probabilité d’inclusion et redressées sur les données de l’enquête emploi 2014 de l’Insee (sexe, âge, taille d’agglomération, région, diplôme, taille du foyer). Les analyses bivariées ont été testées au moyen du test de Chi2 de Pearson et complétées par des analyses multivariées utilisant un modèle de régression logistique afin d’estimer des odds ratio ajustés (ORa). Les modèles ont été ajustés d’une part sur des variables sociodémographiques (âge, sexe, diplôme, revenu par unités de consommation, fait de vivre seul et pays de naissance endémique pour la dengue ou au chikungunya) et, d’autre part, sur des variables de représentation vis-à-vis des moustiques et des arboviroses ainsi que sur une variable estimant la durée d’implantation d’Ae. albopictus dans le département de résidence (0-1 an, 2-3 ans, 4-11 ans). Le logiciel Stata 13 ® a été utilisé pour les analyses.
Résultats
L’analyse a porté sur 3 694 personnes vivant en 2015 dans des départements métropolitains où Ae. albopictus était implanté (classés albopictus 1). Elles résidaient majoritairement en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse (33%), en Auvergne-Rhône-Alpes (27%) et en Occitanie (24%). Leurs caractéristiques sociodémographiques sont présentées dans le tableau 1.
En 2016, la gêne ressentie vis-à-vis des moustiques concernait 46% des personnes, dont 19% se déclaraient très gênées. Parmi les personnes interrogées, 46% ont déclaré que le chikungunya pouvait être transmis par les moustiques auxquels elles étaient exposées, 28% pensaient de même pour la dengue et 56% craignaient de contracter une maladie transmise par les moustiques. Le chikungunya était très majoritairement considéré comme une maladie grave (90%), de même que la dengue bien qu’un peu moins fréquemment (76%). Enfin, 48% des personnes se sentaient bien informées sur les maladies transmises par les moustiques (tableau 2).
Concernant les comportements individuels de protection contre les piqûres de moustiques et la représentation de l’efficacité des mesures de gestion des gîtes larvaires, 78% des personnes interrogées déclaraient qu’éliminer ou couvrir les eaux stagnantes est efficace contre la prolifération des moustiques. Les moyens de protection chimiques étaient utilisés de manière plus fréquente (62%) que les moyens de protection physiques, utilisés par 51% des personnes interrogées. Cependant, les données concernant les personnes non gênées par les moustiques en Gironde sont manquantes (N=217). Le détail de l’utilisation des différents modes de protection est présenté dans la figure 2.
La représentation de l’efficacité des mesures de lutte contre les gîtes larvaires était nettement augmentée par le sentiment d’information sur les maladies transmises par les moustiques (ORa=2,1, p<0,001), de même que par la crainte de contracter une maladie transmise par les moustiques (ORa=1,5, p<0,01), le sentiment d’exposition à la dengue et au chikungunya (ORa=1,5, p<0,001), et la représentation de la gravité de ces maladies (ORa=1,6, p<0,001) (tableau 3).
Les moyens de prévention chimiques étaient davantage utilisés par les femmes (ORa=1,8, p<0,001) alors que les moyens de protection physique l’étaient autant par les hommes que les femmes. Le fait de vivre seul était toujours associé à une moindre utilisation des moyens de protection chimiques (ORa=0,6, p<0,001) et physiques (ORa=0,7, p<0,01) et les personnes nées dans un pays endémique pour la dengue ou le chikungunya utilisaient moins de protections chimiques (ORa=0,5, p<0,01), mais autant de moyens physiques. Vivre dans un département colonisé par Ae. albopictus depuis 4 ans ou plus était associé à une utilisation plus fréquente des moyens de prévention contre les piqûres de moustiques. La gêne ressentie vis-à-vis des moustiques influençait fortement l’utilisation de tous les moyens de protection contre les piqûres de moustiques. Elle était associée à une utilisation 4 fois plus importante des protections chimiques (ORa=4,1 p<0,001) et 3 fois plus fréquente des protections physiques (ORa=3,0 p<0,001). C’était également vrai pour la crainte de contracter une maladie transmise par les moustiques, qui augmentait l’usage des protections chimiques (ORa=1,8, p<0,01) et physiques (ORa=1,6, p<0,001). Le sentiment d’être exposé à la dengue et au chikungunya augmentait l’usage des moyens de protection physiques (ORa=1,3, p<0,5), tandis que la représentation de la gravité de ces maladies ne semblait pas déterminer l’utilisation de moyens de protection chimiques ou physiques. Les moyens de protection physiques étaient plus utilisés lorsque les personnes se sentaient bien informées sur les maladies transmises par les moustiques (ORa=1,4, p<0,001), ce qui ne semblait pas être les cas pour les moyens de protection chimiques (tableau 3).
Discussion
Le Baromètre santé 2016 a permis d’étudier les représentations relatives à la dengue et au chikungunya en France métropolitaine dans les départements alors colonisés par Ae. albopictus, sur la base d’un échantillon représentatif de cette population. Cependant, suite à une erreur de programmation dans le questionnaire d’enquête, les personnes vivant en Gironde ont été interrogées sur leurs comportements de protection contre les piqûres de moustiques uniquement quand elles étaient gênées. De plus, à la fin de l’année 2015, 10 départements supplémentaires ont été classés « albopictus 1 », mais les résultats présentés ici n’ont pas pu inclure les personnes résidentes de ces départements nouvellement exposés. Des analyses des représentations et des comportements individuels de protection contre les moustiques dans ces 10 départements seraient intéressantes à mener pour voir s’ils sont comparables à ceux des départements récemment colonisés du Baromètre santé 2016. Les résultats du module « arboviroses » du Baromètre santé 2016 constituent néanmoins les données de référence qui permettront par la suite d’évaluer l’impact des mesures de LAV dans l’ensemble des départements où Ae. albopictus est implanté.
Lors de l’élaboration de programmes de prévention et de promotion de la santé visant à favoriser les comportements adéquats pour diminuer les risques sanitaires, il est important d’identifier les déterminants de ces comportements et de cibler les opinions pertinentes pour définir les interventions. Cette étape initiale utilise des cadres théoriques de prédiction des comportements en santé 5. D’après une étude menée fin 2008 aux États-Unis sur la prévention de la transmission du virus West Nile, l’utilisation du Health Beliefs Model (HBM) associé à la mesure de facteurs émotionnels semble être un modèle robuste pour prédire les comportements individuels de prévention des maladies vectorielles liées aux moustiques 8. Selon ce modèle, l’adoption d’un comportement favorable à la santé dépend de plusieurs facteurs. Tout d’abord, la représentation d’un risque sanitaire est un déterminant majeur. Elle dépend de la susceptibilité de l’individu face à une maladie, c’est à dire sa représentation de sa propre vulnérabilité à cette maladie. La représentation du risque engendré par la maladie dépend également de la perception de la gravité de celle-ci. Un autre déterminant majeur des comportements favorables à la santé est la croyance en l’efficacité de l’action préventive recommandée. Celle-ci dépend de sa balance bénéfice-risque, qui oppose l’utilité escomptée de l’action à ses contraintes ou à son coût de mise en œuvre. De plus, certaines variables sociodémographiques influencent les représentations et les croyances d’un individu et agissent ainsi comme déterminants indirects des comportements. De même, il existe des incitations à l’action telles que les campagnes de communication, l’avis de professionnels de santé ou encore les conseils de l’entourage, qui peuvent influencer les représentations et les comportements 5,9.
L’analyse du Baromètre santé 2016 a permis d’identifier des déterminants des comportements de prévention des arboviroses dans les départements d’implantation d’Ae. albopictus qui pourront servir de leviers d’action utiles à la LAV en France métropolitaine. Les comportements de protection face aux arboviroses semblent dépendre d’un processus multifactoriel qui associe des facteurs sociodémographiques, cognitifs et émotionnels.
Facteurs sociodémographiques
Un lien direct entre certaines variables sociodémographiques et les comportements ayant des effets de prévention des arboviroses a pu être mis en évidence par le Baromètre santé 2016. Les femmes utilisent plus fréquemment des moyens de protection chimiques pour se protéger des moustiques que les hommes. Ne pas vivre seul est également un déterminant de l’adoption des comportements de protection contre les piqûres de moustiques. Cela permet de justifier d’une attention particulière à porter aux personnes isolées afin de promouvoir l’utilisation des moyens de protection contre les piqûres de moustiques. Les variables sociodémographiques influencent souvent les représentations et les opinions 9. Le Baromètre santé 2016 a montré que la représentation d’efficacité des mesures recommandées pour le contrôle des gîtes larvaires était influencée par le niveau d’éducation et de revenu.
Facteurs cognitifs et émotionnels
En France métropolitaine, la gêne ressentie semble être un déterminant important en faveur de l’adoption des mesures de LAV et des moyens de protection contre les piqûres de moustiques 10,11. Ce résultat est retrouvé dans le Baromètre santé 2016. Pour favoriser l’adoption de mesures de protection contre les piqûres de moustiques, l’accent pourrait donc être mis sur le confort gagné par la lutte contre la nuisance liée aux moustiques plus que sur la protection contre les maladies qu’ils transmettent. Cependant, cette nuisance ne semble pas influencer la représentation de l’efficacité de mesures de gestion des eaux stagnantes dans le Baromètre santé 2016. On constate des freins à la lutte individuelle contre les eaux stagnantes, notamment le report de responsabilité : les personnes considèrent souvent qu’il est de la responsabilité des instances publiques d’agir en priorité. Or, à l’échelle d’une communauté de vie, un effort collectif de tous ses membres est nécessaire 10. Il serait donc important de replacer l’individu en tant qu’acteur de la LAV en complémentarité de l’action publique et d’insister sur sa part de responsabilité individuelle dans la lutte collective. En effet, la démarche est avant tout individuelle, pour diminuer la nuisance chez soi, mais elle est également collective dans le souci de protéger autrui à l’échelle de son quartier 12.
La peur ou l’anxiété sont des facteurs émotionnels qui déterminent les comportements de prévention des maladies vectorielles liées aux moustiques 8. La crainte de contracter une maladie transmise par les moustiques rend compte de la représentation d’un risque jugé très présent. Elle concernait 56% de l’échantillon analysé dans le Baromètre santé 2016 et semblait déterminante des mesures de contrôle des gîtes larvaires et des moyens de protection contre les piqûres de moustiques. Cependant, les axes de communication jouant sur la peur de la maladie, bien qu’ayant fait preuve de leur efficacité en matière de changements de comportements 13, peuvent contribuer à accroître la dimension anxiogène de la communication publique 14. Il semblerait de plus que l’appel à la peur puisse favoriser, sous certaines conditions, l’activation de mécanismes de défense cognitive qui conduisent à des comportements permettant le contrôle de cette peur (évitement) plutôt que le contrôle du danger (adaptation) 15.
La représentation du risque sanitaire
La représentation du risque pour la santé dépend de la susceptibilité à la maladie et de la représentation de sa gravité 9. Or, selon le HBM, la représentation du risque sanitaire est un déterminant majeur des comportements de prévention 5.
La susceptibilité à la maladie correspond ici au sentiment d’exposition à la dengue et au chikungunya. L’étude menée au Colorado avait déjà montré que la susceptibilité à la maladie est responsable d’un gain d’attention sur l’importance de se protéger des moustiques lors de la survenue d’épidémies 8. Il a été montré également dans le sud de la France que le sentiment d’exposition joue un rôle très important dans l’adoption de comportements de prévention relatifs aux arboviroses transmises par Ae. albopictus 11. Dans le Baromètre santé 2016 aussi, la représentation du risque sanitaire détermine celle de l’efficacité des mesures de contrôle des gîtes larvaires.
Le Baromètre santé 2016 a également permis de mettre en évidence qu’une grande majorité des répondants (76% et 90%, respectivement) se représentaient la dengue et le chikungunya comme des maladies graves. Le sentiment d’être exposé à ces maladies est moins largement partagé : 46% des personnes interrogées déclaraient que le chikungunya peut être transmis par les moustiques auxquels elles sont exposées chez elles ou autour de chez elles et seulement 28% le pensaient pour la dengue. Le sentiment d’exposition peut dépendre de la proximité du risque (présence d’Ae. albopictus à proximité) et de la capacité à reconnaître le moustique. Ainsi, il paraît intéressant d’améliorer la capacité d’identification des moustiques tigres afin de renforcer le sentiment d’exposition, notamment chez les personnes les plus jeunes et les moins favorisées.
Les incitations à l’action
L’effet de l’information comme incitateur de l’action de prévention apparaît primordial dans le cas des actions de prévention contre les maladies transmises par les moustiques 8. Dans le Baromètre santé 2016, le sentiment d’information influence la représentation de l’efficacité des mesures de lutte contre les gîtes larvaires ainsi que l’utilisation de moyens de protection physiques contre les piqûres de moustiques. La communication d’informations au public sur les arboviroses et leur vecteur apparaît donc d’une importance majeure, notamment chez les plus jeunes pour lesquels des actions pédagogiques, en milieu scolaire notamment, pourraient être organisées.
Au total, la lutte contre la nuisance semble être un levier important à utiliser pour favoriser les comportements individuels de protection vis-à-vis des moustiques, dans le but premier de diminuer la gêne ressentie, mais qui peut avoir pour conséquence indirecte de se protéger des maladies qu’ils transmettent.
L’acquisition de connaissances par l’information sur les maladies transmises par les moustiques et l’appréciation du risque lié à ces maladies sont des éléments qui semblent utiles à l’adoption de comportements de prévention adéquats. Il sera donc maintenant intéressant d’essayer de comprendre comment mobiliser la population pour pouvoir utiliser ces leviers d’action.