Tabac et e-cigarette en France : niveaux d’usage d’après les premiers résultats du Baromètre santé 2016
// Tobacco and e-cigarette in France: levels of consumption according to the preliminary results from the 2016 Health Barometer
Résumé
Introduction –
Dans le cadre du Programme national de réduction du tabagisme 2014-2019, des mesures importantes ont été mises en place fin 2016 : augmentation du remboursement des substituts nicotiniques, campagne « Moi(s) sans tabac » et paquet neutre. L’enquête Baromètre santé 2016 permet de faire un état des lieux juste avant la mise en place de ces mesures.
Méthodes –
Le Baromètre santé 2016 est une enquête aléatoire réalisée par téléphone, entre janvier et juillet, auprès de 15 216 personnes âgées de 15 à 75 ans résidant en France métropolitaine.
Résultats –
En France, en 2016, 34,5% des 15-75 ans fumaient du tabac, 28,7% quotidiennement. Ces prévalences sont stables depuis 2010, après la hausse observée entre 2005 et 2010. Néanmoins, entre 2010 et 2016, le tabagisme quotidien a diminué parmi les hommes de 25-34 ans (de 47,9% à 41,4%) et parmi les femmes de 15-24 ans (de 30,0% à 25,2%). Sur la même période, la prévalence du tabagisme quotidien a augmenté de 35,2% à 37,5% parmi les personnes aux revenus de la tranche la plus basse, alors qu’elle a diminué de 23,5 à 20,9% parmi les personnes aux revenus de la tranche la plus haute. Les écarts selon le niveau de diplôme suivent une tendance similaire, témoignant ainsi d’une augmentation des inégalités sociales en matière de tabagisme. En France, en 2016, 3,3% des 15-75 ans utilisaient l’e-cigarette, 2,5% quotidiennement. Ces deux proportions sont en baisse par rapport à 2014.
Conclusion –
Les résultats du Baromètre santé 2016 incitent à poursuivre de façon affirmée la lutte contre le tabagisme, en veillant notamment à ce que les personnes vivant dans les conditions les plus défavorisées bénéficient de plus d’attention et d’aides spécifiques pour arrêter de fumer.
Abstract
Introduction –
As part of the 2014-2019 National Tobacco Reduction Program, significant measures were implemented at the end of 2016: an increase in the reimbursement of nicotine replacement therapies, the “Moi(s) sans tabac” campaign, and the plain packaging. The 2016 Health Barometer survey allows taking stock of the situation just before the implementation of these measures.
Methods –
The 2016 Health Barometer is a random survey conducted by telephone between January and July among 15,216 people between the ages of 15 and 75, living in metropolitan France.
Results –
In France in 2016, 34.5% of people aged 15-75 smoked tobacco, 28.7% on a daily basis. These prevalence rates have been stable since 2010, following the increase observed between 2005 and 2010. However, between 2010 and 2016, daily smoking has decreased among men aged 25-34 (from 47.9% to 41.4%) and among women aged 15-24 years (from 30.0% to 25.2%). Over the same period, the prevalence of daily smoking increased from 35.2% to 37.5% among those whose income corresponded to the lowest bracket while it decreased from 23.5% to 20.9% among those whose income corresponded to the highest bracket. Similar trends are observed regarding the education level, showing an increase in social inequalities regarding tobacco use. In France in 2016, 3.3% of 15-75 year olds used e-cigarette, 2.5% daily. These two proportions are down from 2014.
Conclusion –
The results of the 2016 Health Barometer plead in favor of the continued prosecution of tobacco control, in particular by ensuring that people living in the most disadvantaged conditions receive more attention and specific assistance in quitting smoking.
Introduction
En 2013, le tabagisme était à l’origine de 73 000 décès en France 1, restant ainsi un enjeu sanitaire et sociétal majeur. Dans le cadre du Programme national de réduction du tabagisme (PNRT) 2014-2019 2, des mesures importantes ont été mises en place en 2016. Les traitements de substitution nicotinique, prescrits par les médecins ou les sages-femmes et, depuis le 27 janvier 2016, également par les médecins du travail, les chirurgiens-dentistes, les infirmiers et les masseurs-kinésithérapeutes, sont remboursés à hauteur de 150 € par an pour tous (50 € auparavant) depuis le 1er novembre 2016. Le paquet neutre, instauré en mai 2016, est généralisé depuis le 1er janvier 2017 : les paquets de cigarettes sont désormais de couleur unie, dépourvus d’éléments de marketing et ne portent aucun signe distinctif, le nom de la marque de tabac étant écrit selon une typologie standardisée. De plus, l’emplacement des avertissements sanitaires est agrandi et ces derniers ont été actualisés. En 2016, de nouvelles campagnes et outils de prévention et d’accompagnement des fumeurs vers l’arrêt ont également vu le jour : l’événement « Moi(s) sans tabac », défi collectif proposant l’arrêt du tabac pendant 30 jours en novembre, et la nouvelle application Tabac info service sur téléphone mobile par exemple.
Le suivi de la prévalence du tabagisme est un outil indispensable de pilotage des politiques publiques. En France, après une hausse entre 2005 et 2010 (de 31,4% à 33,7%), cette prévalence est restée stable entre 2010 et 2015. En 2015, 34,6% des 15-75 ans fumaient en France, 28,8% quotidiennement. L’usage (quotidien ou occasionnel) de la cigarette électronique (ou e-cigarette), apparue en 2010, concernait 4,0% des 15-75 ans en 2015, prévalence en baisse par rapport à 2014 (5,9%) 3,4,5,6.
Les données du Baromètre santé 2016 permettent de mettre à jour les prévalences du tabagisme et du vapotage observées dans le Baromètre cancer 2015 et d’en mesurer les évolutions, depuis 2000 pour le tabagisme et depuis 2014 pour l’e-cigarette. Elles permettent également de fournir un état des lieux de la situation juste avant la mise en œuvre des mesures du PNRT citées ci-dessus (l’enquête ayant eu lieu au cours du premier semestre 2016).
Matériel et méthodes
Le Baromètre santé 2016 est une enquête menée par téléphone auprès d’un échantillon représentatif de la population des 15-75 ans résidant en France métropolitaine et parlant le français. Les principaux thèmes abordés dans cette enquête étaient la vaccination, la transmission des maladies vectorielles, la santé sexuelle, la contraception et le dépistage des hépatites virales B et C et du VIH. Un volet du questionnaire portait sur la consommation de tabac et l’utilisation de l’e-cigarette.
La méthode de sondage reprend celle de l’enquête Baromètre santé 2014 7,8. L’échantillon repose sur un sondage aléatoire à deux degrés : les numéros de téléphone, fixes comme mobiles, ont été générés totalement aléatoirement ; un unique individu était ensuite sélectionné au hasard, grâce à la méthode Kish, parmi l’ensemble des personnes éligibles du ménage pour les appels sur ligne fixe, ou parmi les utilisateurs réguliers du téléphone pour les appels sur mobiles. La réalisation de l’enquête, par système de Collecte assistée par téléphone et informatique (Cati) a été confiée à l’Institut Ipsos. Le terrain s’est déroulé du 8 janvier 2016 au 1er août 2016. Le taux de participation était de 52% pour l’échantillon des téléphones fixes et de 48% pour celui des mobiles. La passation du questionnaire a duré en moyenne 38 minutes.
Les données ont été pondérées pour tenir compte de la probabilité d’inclusion, puis redressées sur les distributions, observées dans l’enquête emploi 2014 de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), des variables sociodémographiques suivantes : sexe croisé par l’âge en tranches décennales, région, taille d’agglomération, niveau de diplôme, fait de vivre seul. La base de données du Baromètre santé 2016 comprenait 15 216 individus au total.
Est défini comme fumeur quotidien un individu déclarant fumer tous les jours ou déclarant une consommation de cigarettes (manufacturées ou roulées) par jour, et comme fumeur occasionnel un individu déclarant fumer mais pas tous les jours et ne déclarant pas une consommation de cigarettes (manufacturées ou roulées) par jour. Les fumeurs regroupent ainsi les fumeurs quotidiens et les fumeurs occasionnels. L’usage d’e-cigarette est mesuré par trois indicateurs : l’expérimentation (« Avez-vous déjà essayé la cigarette électronique ? »), l’usage actuel (« Utilisez-vous la cigarette électronique actuellement ? ») et l’usage quotidien (« À quelle fréquence utilisez-vous la cigarette électronique ? »). L’usage actuel comprend ainsi l’usage quotidien et l’usage occasionnel. Les questions sur ces thématiques sont identiques à celles du Baromètre santé 2014 9.
Les prévalences du tabagisme sont présentées selon plusieurs variables sociodémographiques : âge, sexe, diplôme, situation professionnelle et revenus. Les prévalences du vapotage sont présentées selon le sexe et l’âge. Les évolutions temporelles ont été testées au moyen du test du Chi2 de Pearson. Les évolutions des prévalences ont été étudiées depuis les Baromètres santé 2000 (N=13 163), 2005 (N=29 431), 2010 (N=25 990) et 2014 (N=15 635). Les évolutions depuis le Baromètre cancer 2015 n’ont pas été étudiées du fait de l’effectif nettement moins important de cette enquête (N=3 931).
Résultats
Tabagisme
En 2016, 34,5% des personnes âgées de 15-75 ans interrogées déclaraient fumer (35,1% parmi les adultes) : 38,1% des hommes et 31,2% des femmes (p<0,001). La prévalence du tabagisme quotidien s’élevait à 28,7% parmi les 15-75 ans (29,4% parmi les adultes) : 32,1% parmi les hommes et 25,5% parmi les femmes (p<0,001). La prévalence du tabagisme occasionnel était de 5,8% (sans distinction selon le sexe). Les ex-fumeurs représentaient 29,6% des 15-75 ans, 32,1% parmi les hommes et 27,2% parmi les femmes (p<0,001) (tableau).
Entre 2014 et 2016, la prévalence du tabagisme, quotidien ou actuel, est restée stable. Cette stabilité était retrouvée quel que soit le sexe, la tranche d’âge, le diplôme, la situation professionnelle ou le revenu. En regardant sur une plus longue période, entre 2010 et 2016, certains indicateurs ont évolué (les évolutions 2000-2005 et 2005-2010 ont déjà été étudiées dans de précédents travaux) 3.
Après une baisse entre 2000 et 2005, puis une hausse entre 2005 et 2010 3, les prévalences du tabagisme quotidien et du tabagisme actuel sont restées stables entre 2010 et 2016 parmi l’ensemble des 15-75 ans. Cette stabilité était observée aussi bien parmi les hommes que parmi les femmes (figure 1).
Les évolutions étaient différentes selon les classes d’âge (figure 2). Entre 2000 et 2005, la baisse de la prévalence était principalement due à une diminution parmi les 15-34 ans. Puis, entre 2005 et 2010, l’augmentation de la prévalence était retrouvée dans la plupart des classes d’âge (25-64 ans). Entre 2010 et 2016 parmi les hommes, le tabagisme quotidien diminuait pour les 25-34 ans (de 47,9% à 41,4%, p<0,01). Parmi les femmes, la prévalence du tabagisme quotidien était en baisse de 30,0% à 25,2% pour les 15-24 ans (p<0,05). À l’inverse, elle augmentait parmi les 55-64 ans (de 15,5% à 21,1%, p<0,001) et parmi les 65-75 ans (de 5,7% à 8,9%, p<0,01).
Après un accroissement des inégalités sociales en matière de tabagisme entre 2000 et 2010, la tendance se confirme entre 2010 et 2016 (figure 3). La prévalence du tabagisme quotidien a ainsi augmenté de 34,0% à 38,9% (p<0,05) parmi les personnes sans diplôme et a diminué de 23,0% à 21,1% (p<0,05) parmi les personnes ayant un diplôme supérieur au Baccalauréat. Cette prévalence a également augmenté parmi les personnes dont les revenus correspondaient à la tranche la plus basse (1er tercile) (de 35,2% à 37,5%, p<0,05) alors qu’elle a diminué parmi les personnes dont les revenus correspondaient à la tranche la plus haute (3e tercile) (de 23,5% à 20,9%, p<0,01). Entre 2010 et 2016, la prévalence du tabagisme quotidien est restée stable quel que soit le statut d’activité (travail, chômage, études), avec encore près d’une personne en recherche d’emploi sur deux fumant quotidiennement.
Usage de la cigarette électronique
L’expérimentation de l’e-cigarette était déclarée par 24,5% des 15-75 ans en 2016 (26,7% des hommes et 22,3% des femmes, p<0,001). Parmi les 15-75 ans, 3,3% l’utilisaient au moment de l’enquête, 4,0% des hommes et 2,6% des femmes (p<0,001). Les vapoteurs quotidiens représentaient 2,5% des 15-75 ans, 3,0% des hommes et 1,9% des femmes (p<0,001) (tableau).
La prévalence de l’usage actuel a diminué de 5,9% en 2014 à 3,3% en 2016 (p<0,001). L’usage quotidien a également légèrement diminué de 2,9% en 2014 à 2,5% en 2016 (p=0,05). Le niveau d’expérimentation était stable.
La baisse de la prévalence de l’usage actuel s’observait pour les deux sexes entre 2014 et 2016 : de 6,7% à 4,0% pour les hommes (p<0,001) et de 5,2% à 2,6% pour les femmes (p<0,001). La variation de l’usage quotidien n’était pas significative dans l’analyse par sexe. En revanche, l’analyse des évolutions par classe d’âge montrait une baisse significative du vapotage quotidien parmi les 15-24 ans, de 2,1 à 1,2% (p<0,05) (figure 4).
Comme en 2014, l’expérimentation de l’e-cigarette était nettement plus fréquente en 2016 parmi les fumeurs (54,4%) que parmi les non-fumeurs (8,5%, p<0,001). En 2016, 41,2% des vapoteurs quotidiens étaient des ex-fumeurs, proportion en nette augmentation par rapport à 2014 (23,1%, p<0,001) (figure 5). À l’inverse, la part de fumeurs (occasionnels ou quotidiens) parmi les vapoteurs, s’élevait à 58,8%, en baisse par rapport à 2014 (75,6%, p<0,001). La part de personnes n’ayant jamais fumé était stable.
Sur l’ensemble des 15-75 ans, la part des personnes qui déclaraient à la fois fumer et vapoter diminuait de 4,8% en 2014 à 2,2% en 2016 (p<0,001). La part d’ex-fumeurs déclarant vapoter était stable autour de 1%.
Discussion – conclusion
Tabac
En 2016, plus d’un tiers des personnes de 15-75 ans déclaraient fumer en France et près de 3 Français sur 10 fumaient quotidiennement. Ces prévalences sont stables depuis 2010, après la hausse observée entre 2005 et 2010.
L’augmentation du tabagisme chez les femmes dans les classes d’âge les plus élevées s’explique par un effet de génération déjà observé 3 : les générations de femmes chez qui le tabagisme s’est développé sont aujourd’hui âgées de 55 à 75 ans, et une partie d’entre elles n’ont pas arrêté de fumer. La diminution du tabagisme parmi les femmes de 15-24 ans et les hommes de 25-34 ans est en revanche un résultat encourageant pour l’avenir.
L’accroissement des inégalités sociales en matière de tabagisme depuis le début des années 2000 se poursuit. La prévalence de la consommation de tabac augmente parmi les plus défavorisés en matière de diplôme et de revenus et diminue parmi les personnes ayant des hauts niveaux de diplôme et de revenus. Plusieurs facteurs peuvent expliquer une prévalence du tabagisme plus élevée parmi les populations socialement défavorisées, notamment l’utilisation de la cigarette pour gérer le stress, la difficulté à se projeter dans l’avenir, la méfiance à l’égard des messages de prévention, le déni du risque, une dépendance nicotinique plus importante, une norme sociale en faveur du tabagisme ou des événements difficiles pendant l’enfance 10,11,12,13,14. De plus, le processus d’arrêt du tabac est différencié selon la situation socioéconomique : les fumeurs des catégories sociales moins favorisées sont aussi nombreux que les autres à vouloir et à tenter d’arrêter de fumer, mais ils y arrivent moins souvent 14. Afin de mieux comprendre ces inégalités, une publication française portant spécifiquement sur les usages de substances psychoactives selon la situation professionnelle (en emploi ou au chômage) concluait à la nécessité de réaliser des actions de prévention adaptées, efficaces et acceptables pour les plus défavorisés 15.
La prévalence du tabagisme en France (un tiers de fumeurs) reste nettement plus élevée que dans les pays voisins : l’Allemagne compte environ un quart de fumeurs, comme l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas ; l’Italie et la Grande-Bretagne en comptent environ un cinquième. Les États-Unis et l’Australie ont quant à eux un niveau de tabagisme nettement inférieur aux pays d’Europe occidentale, avec environ 15% de fumeurs parmi les adultes en 2014-2015. Dans ces pays, aux contextes sociétaux et de politique de lutte anti-tabac variés, la tendance est, contrairement à la France, une baisse continue de la prévalence du tabagisme, plus ou moins forte selon les pays, depuis le début des années 2000 16,17,18,19,20.
E-cigarette
En France, entre 2014 et 2016, la prévalence du vapotage quotidien et celle du vapotage occasionnel ont diminué. Deux résultats peuvent également être les signes d’un essoufflement du développement de l’e-cigarette : 1) l’expérimentation n’augmente pas, le produit n’attire pas de nouveaux consommateurs, 2) la prévalence d’usage quotidien parmi les 15-24 ans diminue, ce qui peut être interprété comme un phénomène de mode qui a tendance à s’estomper en 2016 chez les plus jeunes.
Concernant le vapotage chez les jeunes, l’US Department of Health and Human Services souligne une augmentation du vapotage parmi les jeunes Américains de moins de 25 ans entre 2011 et 2015 et rappelle notamment le risque d’entrée dans le tabagisme et les risques de la nicotine sur le développement du cerveau des adolescents 21. Les auteurs proposent d’augmenter la réglementation du produit et de mieux faire connaitre les risques associés à son usage. En France, où une baisse d’utilisation est observée chez les plus jeunes en 2016, la loi de santé 2016 en interdit la publicité, la vente aux mineurs et, à partir du 1er octobre 2017, le vapotage sera interdit dans les établissements scolaires, les lieux de travail et les transports 22.
Parmi les vapoteurs quotidiens, la part des ex-fumeurs est en augmentation et concernait plus de 4 vapoteurs sur 10 en 2016. Cependant, dans l’ensemble de la population, la proportion de fumeurs-vapoteurs qui consomment les deux produits est en baisse, alors que la proportion d’ex-fumeurs-vapoteurs est stable. Si l’e-cigarette apparaît comme une aide à l’arrêt du tabac pour une partie des fumeurs, elle semble donc progressivement abandonnée par ceux qui n’arrivent pas à arrêter de fumer et qui reviennent à une consommation exclusive de cigarettes. Pour confirmer ces hypothèses, il reste nécessaire d’attendre les conclusions d’études portant sur l’efficacité de l’e-cigarette comme outil d’aide au sevrage tabagique. À l’heure actuelle, il n’y a pas de consensus sur cette question 23,24,25.
Limites
Les enquêtes Baromètres santé permettent de mesurer l’évolution des comportements de la population résidant en France et apportent des éléments essentiels pour suivre les facteurs de risque de nombreuses pathologies. Cependant, les niveaux d’usage de substances addictives comme le tabac évoluent lentement et les possibles changements sont difficilement mesurables d’une année à l’autre. En outre, mesurer des écarts faibles de façon significative dans des sous-groupes nécessite des échantillons importants. Ainsi, les évolutions du tabagisme par tranche d’âge, niveau de revenu et niveau de diplôme ont été analysées entre 2010 et 2016, et non entre 2014 et 2016.
Des variations de prévalence du tabagisme parmi les 25-34 ans et de prévalence du vapotage parmi les 65-75 ans ont été observées dans le Baromètre cancer 2015 par rapport à 2014 6. Ces tendances ne sont plus observées en 2016 et les prévalences sont revenues aux mêmes niveaux qu’en 2014. Ces variations étaient possiblement dues aux caractéristiques de l’enquête : le nombre de personnes interrogées était nettement inférieur aux autres éditions du Baromètre santé (3 931), ce qui peut avoir pour conséquence une mesure moins robuste lors d’analyses détaillées en sous-groupes.
Perspectives
Les résultats du Baromètre santé 2017, dont le terrain d’enquête a débuté en janvier, sont attendus dans le contexte d’une fin d’année 2016 riche en actions de prévention : hausse du forfait de remboursement des substituts nicotiniques, « Moi(s) sans tabac », paquet neutre, nouvelle application pour smartphone…. L’enquête 2017, qui sera conduite auprès de 25 000 adultes (nombre de personnes interrogées équivalent au Baromètre santé 2010), est en grande partie consacrée aux addictions. Elle permettra de suivre l’évolution des prévalences relatives au tabagisme et à l’usage d’e-cigarette ainsi que d’autres indicateurs (polyconsommation tabac-alcool-cannabis, aide à l’évaluation de « Moi(s) sans tabac » 2016, tabagisme et grossesse, etc.).
Les résultats du Baromètre santé 2016 incitent à poursuivre de façon affirmée la lutte contre le tabagisme, en veillant notamment à ce que les personnes vivant dans les conditions les plus défavorisées bénéficient de davantage d’attention et d’aides pour arrêter de fumer. L’identification d’interventions efficaces d’aide à l’arrêt du tabac auprès de ces populations, réalisée en 2016, est une première étape dans cette perspective 26.
Remerciements
Aux personnes ayant participé à l’enquête : l’institut Ipsos (Christophe David, Valérie Blineau, Farah El Malti, Elisabeth Diez, les enquêteurs et les chefs d’équipe), l’institut CDA en charge de l’audit du terrain d’enquête.
Références
adultsmokinghabitsingreatbritain/2015#cigarette-smoking