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Numéro thématique - Santé mentale et travail : comprendre pour surveiller
Special issue - Mental health and work: understanding for monitoring
Sommaire
Éditorial - Santé mentale et travail : un enjeu de santé publique / Editorial - Mental health and work: a public health stake
Santé mentale et travail, de la connaissance à la surveillance
/ Mental health and work, from epidemiological knowledge to health surveillance [ Lire le résumé / Read
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Dépister ou diagnostiquer les risques psychosociaux : quels outils ?
/ What screening or diagnosis tools for psychosocial risks? [ Lire le résumé / Read
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Mal-être et environnement psychosocial au travail : premiers résultats du programme Samotrace, volet entreprise, France
/ Psychological distress and psychosocial environment at work: first results from the Samotrace programme, corporate section, France [ Lire le résumé / Read
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Épidémiologie et clinique médicale du travail : le pari du programme Samotrace, France
/ Epidemiology and occupational health medical practice: the bet of the SAMOTRACE programme, France [ Lire le résumé / Read
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Violence psychologique au travail et santé mentale : résultats d’une enquête transversale en population salariée en
région Paca, France 2004 /
Workplace bullying and mental health: findings from a cross-sectional survey among the working population in the South East of France,
2004 [ Lire le résumé / Read
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Améliorer le diagnostic et la prise en charge des troubles anxieux etdépressifs en population active : l’expérience du programme Aprand,France / Improving the diagnosis and treatment of depressive and anxiety disorders in the active population:Experience from the APRAND programme, France [ Lire le résumé / Read
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Enquête Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels - Sumer, France / SUMER Survey on medical surveillance of occupational risk exposures, France
Éditorial - Santé mentale et travail : un enjeu de santé publique
Editorial - Mental health and work: a public health stake |
Michel Vézina, MD, MPH, Conseiller médical en santé au travail, Institut national de santé publique du Québec et Professeur titulaire au département
de médecine sociale et préventive, Université Laval, Québec, Canada |
Santé mentale et travail, de la connaissance à la surveillance
Mental health and work, from epidemiological knowledge to health surveillance |
Christine Cohidon (c.cohidon@invs.sante.fr)1, Ellen Imbernon2
1/ Institut de veille sanitaire / Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance transport travail environnement (InVS-UCBL-Inrets), Lyon, France
2/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France |
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Résumé
Les problèmes de santé mentale en lien avec l’activité professionnelle sont
actuellement régulièrement évoqués, et la survenue d’événements comme
des suicides sur les lieux de travail leur ont donné une forte visibilité. La
prise en compte de ces problèmes, à la fois par de nombreuses entreprises
et les pouvoirs publics, illustre l’importance sociétale de cette question.
Dans un objectif de surveillance de ces risques professionnels, cet article
fait un point rapide sur la littérature épidémiologique et les données
disponibles en France pour aborder cette question.
La littérature épidémiologique dispose aujourd’hui d’un important corpus
d’études, méthodologiquement rigoureuses, permettant de considérer qu’il
existe des liens entre des expositions professionnelles psychosociales et
une altération de la santé mentale. De plus, bon nombre d’auteurs s’accordent
sur la nature causale de ces liens. Les troubles dépressifs (des
symptômes à l’épisode dépressif caractérisé) sont de loin les plus étudiés.
En France, des données sont d’ores et déjà disponibles pour permettre un
premier diagnostic de ce phénomène et décrire les problèmes de santé
mentale dans des populations de travailleurs selon leur activité professionnelle.
Ces données peuvent permettre d’identifier certaines catégories
professionnelles ou secteurs d’activité plus particulièrement fragilisés. Il
s’agit d’une première étape dans une démarche globale de santé publique.
Des actions de prévention primaire ou secondaire devraient pouvoir être
recommandées et mises en place par les instances compétentes aussi bien
au niveau institutionnel que sur le terrain.
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Abstract
Mental health problems associated with work are regularly discussed nowadays,
and the occurrence of events such as suicides in the workplace, gives
them a high visibility. The consideration of these issues by both many
companies and government illustrates their societal importance. With the
aim of monitoring these occupational risks, this article provides a rapid
overview of the epidemiological literature and data available in France to
address this question.
Epidemiological literature has a wealth of methodologically rigorous studies
that enable to consider the links between psychosocial working factors and
mental health impairment. Moreover, many authors agree on the causal
nature of these links. Depressive disorders (from symptoms to major depressive
disorder) are by far the most studied. In France, data are already
available to provide an initial diagnosis of this phenomenon and describe
mental health in populations of workers according to their occupation. They
can identify particularly vulnerable occupational categories or sectors of
activity. This is a first step for a global public health approach. Primary or
secondary preventive actions should be recommended and implemented by
the competent authorities, both at the institutional level and on the field.
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Mots clés / Key words
Santé mentale, facteurs psychosociaux au travail, surveillance sanitaire / Mental health, psychosocial factors in the workplace, public health surveillance |
Dépister ou diagnostiquer les risques psychosociaux : quels outils ?
What screening or diagnosis tools for psychosocial risks? |
Dominique Chouanière (Dominique.Chouaniere@hospvd.ch)
Institut universitaire romand de santé au travail, Lausanne, Suisse
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Résumé
Le recours aux échelles de mesure ou à des questionnaires est fréquent
et souvent perçu comme la panacée pour évaluer des risques professionnels
qui touchent à la sphère psychosociale. Néanmoins, ces outils doivent être
réservés à des étapes très spécifiques d’une démarche de prévention des
risques psychosociaux (RPS) et leur choix parmi les échelles disponibles
doit reposer sur des critères précis.
Avant d’engager une démarche de prévention il sera possible d’utiliser
certaines données existantes dans l’entreprise à l’occasion de l’étape prédiagnostique
incontournable. L’analyse de ces données permettra de
décider d’engager ou non une démarche de prévention qui nécessitera en premier lieu un diagnostic approfondi. Celui-ci devra évaluer d’une part
les contraintes vécues au travail (et si possible les sources de ces
contraintes) et, d’autre part, l’état de santé des salariés (existence d’un
stress chronique, de troubles anxio-dépressifs, etc.). Le diagnostic des
contraintes perçues peut s’appuyer sur des entretiens ou sur des échelles
existantes telles que celles de Karasek et de Siegrist. Pour évaluer le
niveau de stress chronique, on dispose également de questionnaires
validés qui cotent les symptômes physiologiques et/ou psychologiques et,
si la situation est déjà détériorée, on peut explorer les atteintes à la santé
à travers des échelles de santé mentale.
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Abstract
Questionnaires or scales are broadly used and they are perceived as unavoidable
in the framework of evaluating occupational psychosocial risks (PSR).
Nevertheless, these data collection tools must be used at specific stages in
the course of prevention programmes and their selection among available
scales should be based on precise criteria.
Before developing a prevention strategy, it may be necessary to use existing
data available in the firm when assessing the unavoidable pre-diagnosis
phase.
The analysis of these data will determine the implementation of a prevention
strategy, which will first require a thorough diagnosis.
This diagnosis should evaluate not only the perceived job strains (and if
possible stressors), but also the employees’ health (chronic stress or mental
health impairments, etc.). Evaluating perceived strains can be based on
interviews and/or existing scales such as Karasek and Siegrist’s models.
To estimate the level of chronic stress, validated questionnaires can be used
on physiological and psychological symptoms. It is also possible to refer to
depression or anxiety scales in case of severe job disturbances.
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Mots clés / Key words
Évaluation des risques psychosociaux, stress chronique, démarche de prévention, échelle de contraintes, questionnaire de stress perçu / Evaluation of
psychosocial risks, chronic stress, prevention strategy, work strain questionnaires, perceived stress questionnaire |
Mal-être et environnement psychosocial au travail : premiers résultats du programme Samotrace, volet entreprise,
France
Psychological distress and psychosocial environment at work: first results from the Samotrace programme, corporate section, France |
Christine Cohidon1 (christine.cohidon@recherche.univ-lyon1.fr), Bernard Arnaudo2, Marie Murcia3 et le comité de pilotage de Samotrace Centre*
1/ Institut de veille sanitaire, Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance transport travail environnement (InVS-UCBL-Inrets), Lyon, France
2/ Direction régionale de l’emploi, du travail et de la formation professionnelle Centre, Orléans, France
3/ Université François Rabelais, Tours, France
* Josiane Albouy, Bernard Arnaudo, Fabienne Bardot, Catherine Berson, Chantal Bertin, Mireille Chevalier, Christine Cohidon, Jean-Yves Dubré, Jacques Germanaud, Marcel Goldberg, Dominique Huez,
Ellen Imbernon, Gérard Lasfargues, Daouya Roy. |
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Résumé
Introduction - L’objectif de cette étude est de décrire les liens entre des
symptômes de santé mentale et l’environnement psychosocial au travail.
Les données sont issues du volet entreprise du programme de surveillance
Samotrace, développé par le Département santé travail de l’Institut de veille
sanitaire.
Méthodes - L’échantillon a été constitué par tirage au sort aléatoire au
sein d’une population de salariés au travail, surveillée par 110 médecins
du travail dans les régions Centre et avoisinantes. La santé mentale a été
explorée par le General Health Questionnaire (GHQ28). Les facteurs psychosociaux
au travail comprenaient, entre autres, le déséquilibre effort/
récompense et le surinvestissement ainsi que le fait de travailler d’une
façon qui heurte la conscience professionnelle. Les analyses ont été
menées par régression logistique.
Résultats - L’échantillon comporte 6 056 salariés dont 57 % d’hommes.
La prévalence du mal-être est de 24 % chez les hommes et 37 % chez les
femmes. Le déséquilibre effort/récompense et le surinvestissement au
travail sont significativement associés au mal-être, quel que soit le sexe.
Par ailleurs, le mal-être est aussi associé à l’exposition à des violences
physiques ou psychologiques au travail et au fait de travailler d’une
manière qui heurte la conscience professionnelle.
Conclusion - La limite majeure de cette étude provient de son caractère
transversal ne permettant pas d’affirmer l’existence de liens causaux. Pour
autant, les résultats, issus d’un échantillon couvrant un large ensemble
de professions, sont originaux et permettent d’envisager quelques pistes
de prévention.
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Abstract
Introduction - The aim of this study is to describe the relationship
between mental health symptoms and psychosocial environment at work.
Data come from the corporate section of the « Samotrace » surveillance
programme developed by the Department of Occupational Health - InVS.
Methods - The sample was selected by random draw in a population of
employees, monitored by 110 occupational practitioners in the Centre Region
of France and the surrounding areas. Mental health was explored by the
General Health Questionnaire (GHQ28). Psychosocial factors at work
included: effort-reward imbalance, over-commitment and working in a way
that harms professional integrity. The analyses were performed by logistic
regression.
Results - The sample consists in 6,056 employees, including 57% of men.
The prevalence of psychological distress is 24% for men, and 37% for women.
Effort/reward imbalance and over-commitment at work are significantly
associated with psychological distress regardless of gender. Moreover,
psychological distress is also associated with physical or psychological
violence at work and with working in a way that harms professional
integrity.
Conclusion - The major limitation of this survey comes from its crosssectional
nature, which can not confirm the existence of causal links.
However, these results, from a sample covering a wide range of occupations, are original and could contribute to guide preventive actions.
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Mots clés / Key words
Mal-être, facteurs psychosociaux au travail, programme de surveillance / Psychological distress, psychosocial working factors, surveillance programme |
Épidémiologie et clinique médicale du travail : le pari du programme
Samotrace, France
Epidemiology and occupational health medical
practice: the bet of the SAMOTRACE programme,
France |
Christian Torres (christian.torres@justice.gouv.fr)
Médecin du travail, Lyon, France |
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Résumé
Les questions de santé mentale et travail sont bien souvent abordées à
partir de données produites par les analyses statistiques et épidémiologiques.
Cependant, les liens établis par ces disciplines ne permettent pas
d’appréhender totalement les phénomènes sous-jacents. L’analyse clinique
peut présenter ici une utilité. C’est à ce dialogue original entre épidémiologistes
et cliniciens que nous convie le programme spécifique de surveillance
de la santé mentale en lien avec l’activité professionnelle intitulé
Samotrace.
Pour discuter de ces questions, nous proposons de les illustrer par une
vignette clinique rapportant une action de prévention dans une boutique
de téléphonie.
Au travers de cet exemple, nous montrons que le matériel clinique recueilli à partir du récit de l’expérience des salariés permet d’aider les personnes
qui souffrent de leur travail et de conduire des actions de prévention
efficaces. Cet exemple nous éclaire aussi sur la distance qui existe entre
les interprétations spontanées, abstraites, conventionnelles et l’écoute
clinique soucieuse du travail et de ses enjeux. En cela, il nous permet
d’espérer une fertilisation croisée entre l’épidémiologie et la clinique. C’est à ce pari audacieux et inédit que nous convie le programme Samotrace.
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Abstract
Mental health issues in the workplace are often approached from data
produced by statistical and epidemiological analyses. However, the links
established by these subjects do not allow for the full treatment of underlying
phenomena. The clinical analysis may be useful here. The specific surveillance
programme on mental health, in connection with the professional
activity entitled SAMOTRACE, invites us to this original dialogue between
epidemiologists and clinicians
In order to discuss these issues, we propose to examine a clinical case about
implementing preventive measures in a phone shop.
Through this example, we show that the clinical material collected from
the workers’ narration of their experience contributed to help individuals
who suffer from their work, and to conduct efficient preventive measures.
This example also sheds light on the distance between the spontaneous,
abstract, conventional interpretations and the clinical listening focused on
work and its stakes. In this, cross-fertilization between epidemiology and
clinics can be expected. The SAMOTRACE programme calls for a bold and
unprecedented bet.
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Mots clés / Key words
Santé mentale, travail, prévention, médecine du travail, agression / Mental health, work, prevention, occupational medicine, aggression |
Violence psychologique au travail et santé mentale : résultats d’une
enquête transversale en population salariée en région Paca, France, 2004
Workplace bullying and mental health: findings
from a cross-sectional survey among the working
population in the South East of France, 2004 |
Isabelle Niedhammer (isabelle.niedhammer@inserm.fr)1,2, Simone David1, Stéphanie Degioanni1
1 / Inserm U687-IFR69, Villejuif, France
2 / School of Public Health & Population Science, University College Dublin, Irlande
Cette étude a été financée par la DRTEFP (Direction régionale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle) en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, France |
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Résumé
Objectif - Explorer les associations entre les caractéristiques de l’exposition à la violence psychologique au travail et les symptômes dépressifs
dans un échantillon de salariés en activité.
Matériels-Méthodes - L’échantillon comportait 3 132 hommes et
4 562 femmes de la population salariée de la région Provence-Alpes-Côted’Azur
(Paca). Les personnes exposées à la violence ont été caractérisées à la fois par la définition de Leymann et par l’auto-évaluation par les
salariés. Les symptômes dépressifs ont été évalués par l’échelle du CES-D.
Résultats - Après ajustement sur les covariables, âge, situation familiale,
présence d’enfants, niveau d’études et profession, l’exposition à la violence était un facteur de risque pour les symptômes dépressifs. Plus l’exposition était fréquente, plus le risque de symptômes était élevé. Une exposition
passée était également observée comme un facteur de risque. Être témoin
de violence augmentait le risque, en particulier chez les femmes déjà
exposées à la violence.
Discussion-Conclusion - La violence psychologique au travail a été
observée comme un facteur de risque majeur de symptômes dépressifs.
Bien qu’aucune conclusion de type causal ne puisse être tirée de cette
enquête transversale, elle suggère que des efforts devraient être accrus
pour prévenir cette violence.
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Abstract
Objective - To explore the association between the characteristics of
exposure to workplace bullying and depressive symptoms in a sample of
employees in France.
Materials-Methods - The sample consisted of 3,132 men and
4,562 women in the working population in the South East of France (PACA
area). Cases of bullying were defined based on both Leymann’s definition
and self-report of being exposed to bullying. Depressive symptoms were
measured using the CES-D scale.
Results - After adjustment for covariates which were age, marital status,
presence of children, educational level and occupation, exposure to bullying
was found to be a risk factor for depressive symptoms. The more frequent
the exposure, the higher the risk of depressive symptoms. Past exposure to
bullying increased the risk of depressive symptoms. Witnessing bullying was
found to be a risk factor for depressive symptoms, and further increased the
risk among women already exposed to bullying.
Discussion-Conclusion - Workplace bullying was found to be a strong
risk factor for depressive symptoms. Although no conclusion on the causal
nature of the association could be drawn from this cross-sectional survey,
this study suggests that intensified efforts to prevent bullying are needed.
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Mots clés / Key words
Symptômes dépressifs, santé mentale, stress au travail, violence au travail / Depressive symptoms, mental health, stress in the workplace, workplace
bullying |
Améliorer le diagnostic et la prise en charge des troubles anxieux et
dépressifs en population active : l’expérience du programme Aprand,
France
Improving the diagnosis and treatment of depressive
and anxiety disorders in the active population:
Experience from the APRAND programme, France |
Catherine Godard (catherine.godard@edfgdf.fr)1, Anne Chevalier2, Charles Goulfier1
1 / Industrie électrique et gazière, Service général de médecine de contrôle, Paris, France
2 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France |
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Résumé
Introduction - Au début des années 2000, l’évaluation de la détection et
du traitement de l’anxiété et de la dépression en population adulte montrait
qu’au moins 10 % présentaient les critères CIM10 (10e révision de la
Classification internationale des maladies) de trouble anxieux ou
dépressif, mais que la moitié seulement étaient diagnostiqués comme tels
et qu’un tiers d’entre eux bénéficiaient de traitements adaptés. Le but du
programme Aprand (Action de prévention des rechutes des troubles
anxieux et dépressifs) a été d’explorer la possibilité d’améliorer leur prise
en charge, par un programme de détection et de promotion de la santé en
consultation médicale.
Méthode - Le MINI (Mini International Neuropsychiatric Interview) a été
utilisé en 2001 pour détecter les critères CIM10 des troubles anxieux et
dépressifs chez 9 743 employés des entreprises EDF-GDF en arrêt de
travail, au cours d’une visite médicale de contrôle réalisée par 21 médecins
conseils du régime spécial de Sécurité sociale. Une étude épidémiologique évaluative d’observation de type ici-ailleurs a enregistré les diagnostics
initiaux des personnes détectées positives, puis leur devenir médical un
an plus tard, dans huit centres actifs (avec action préventive) et dans
13 centres témoins (sans action préventive). L’action a consisté en une
explication des troubles détectés, une remise du résultat du test, une
remise de dépliant basé sur les recommandations de l’Organisation
mondiale de la sante (OMS) et une forte incitation à consulter le médecin
traitant, ou un psychiatre, ou le médecin du travail si nécessaire. La
comparaison a été réalisée par des régressions logistiques prenant en
compte le sexe, l’âge, la région géographique, l’existence de problèmes
associés et le suivi médical au moment de la détection.
Résultats - Le fait d’avoir bénéficié de l’intervention est associé à la
disparition à un an des épisodes dépressifs (OR=1,93 [1,3-2,84]) et des
troubles phobiques ou paniques (OR=1,98 [1,14-3,44]), après ajustement
sur l’ensemble des autres facteurs. L’âge et le sexe ont été les seules
variables d’ajustement qui ont eu aussi un effet sur le pronostic, à niveau
constant des autres variables. L’action a amélioré de 10 à 15 % la probabilité
a posteriori de guérison-rémission, selon l’âge, pour les premiers épisodes dépressifs comme pour les troubles phobiques ou paniques. Les
médecins ont déclaré un effet secondaire très formateur du programme.
Conclusion - Il est possible d’améliorer le diagnostic et le pronostic des épisodes dépressifs, des troubles phobiques et paniques par une approche
diagnostique et éducative du type de celle d’Aprand en consultation médicale
non spécialisée.
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Abstract
Context - In early 2000, evaluating the detection and treatment for anxiety
and depression in adults showed that at least 10 per cent of them had
iCD-10 criteria for depressive or anxiety disorders, but only half of them
were diagnosed as such, while one third received adequate treatment. The
objective of the APRAND programme was to explore the possibility of
improving their treatment, through a detection and promotion health
programme during medical consultations.
Method - The MINI (Mini International Neuropsychiatric Interview) was
used in 2001 to detect iCD10 criteria for anxiety and depression among
9,743 employees from EDF-GDF on sick leave during a medical check-up
carried out by 21 medical officers from the Special Social Security Scheme.
An observational evaluation epidemiological study belonging to the here/
elsewhere type recorded the initial diagnoses of persons found positive, and
their medical future one year later, in 8 active centers (with preventive
action), and in 13 control centers (without preventive action). The action
consisted of explaining the disorders detected, with the delivery of test
results, the distribution of a leaflet based on the WHO recommendations,
and a strong incentive to consult the general practitioner or a psychiatrist
or a medical officer, if necessary. The comparison was performed by logistic
regression taking into account sex, age, and geographic region, existence of
related problems, and medical follow-up at the time of detection.
Results - The fact of having benefited from the intervention is associated
with the disappearance at 1 year of depressive episodes (OR = 1.93
[1,3-2,84]) and panic or phobic disorders (OR = 1, 98 [1,14-3,44]), after
adjustment for all other factors. Age and sex were the only variables of
adjustment that also had an effect on prognosis, at constant level with other
variables. The action improved the probability of cure-remission from 10%
to 15%, according to age and sex, for the first depressive episodes and for
phobic or panic disorders. Doctors reported a very formative effect of the
programme which improved their practices.
Conclusion - It is possible to improve the diagnosis and prognosis of
depressive episodes, phobic and panic disorders through a diagnostic and
educational approach such as APRAND in non-specialized medical
consultations.
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Mots clés / Key words
Dépression, population active, intervention évaluée / Depression, active-population, assessed intervention |
Enquête Surveillance médicale des expositions aux risques
professionnels - Sumer, France
SUMER Survey on medical surveillance of occupational risk exposures, France |
Équipe Sumer (dares.sumer2009@dares.travail.gouv.fr)
Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques - Dares, Paris, France
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