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Numéro thématique - Infections congénitales et transmises de la mère à l’enfant en France : des progrès notables en lien avec les actions de prévention
Special issue - Congenital and mother-to-child transmitted infections in France: contribution to surveillance and assessment of the impact of prevention actions
Sommaire
Éditorial - Contribution de la surveillance à l’évaluation de l’impact des actions de prévention
/ Editorial - Surveillance contribution in assessing the impact of prevention actions
Transmission mère-enfant du VIH en France : l’impact majeur des stratégies de prévention – Résultats de l’Enquête périnatale française ANRS-EPF
/ Mother-to-child HIV transmission in France: major impact of prevention strategies – Results from the French Perinatal Cohort ANRS EPF [ Lire le résumé / Read
the abstract ]
Nous tenons à remercier l’ANRS, les membres de l’équipe de coordination d’EPF, et l’ensemble des sites participants (liste ci-dessous)
Bilan de 10 années de surveillance des infections rubéoleuses durant la grossesse à travers le réseau de laboratoires Rénarub en France métropolitaine, 1997-2006
/ Rubella detected in pregnant women and newborns in France: 10 years
surveillance data from the Renarub laboratory network, 1997-2006 [ Lire le résumé / Read
the abstract ]
La listériose de la femme enceinte et du nouveau-né en France : évolution de 1984 à 2006
/ Pregnancy associated and neonatal listeriosis in France: trend from 1984 to 2006 [ Lire le résumé / Read
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Infections néonatales à streptocoque B en France : données d’incidence de 1997 à 2006 et pratiques de prévention en
maternité / Neonatal group B streptococcus infections in France: incidence from 1997 to 2006 and current prevention practices in
maternity wards [ Lire le résumé / Read
the abstract ]
Combien de cas de syphilis congénitale dans la base PMSI en France en 2004 ? /
How many cases of congenital syphilis were there in the French National Hospital Database in France in 2004? [ Lire le résumé / Read
the abstract ]
Toxoplasmose chez les femmes enceintes en France : évolution de la séroprévalence et de l’incidence et facteurs
associés, 1995-2003 / Toxoplasmosis in pregnant women in France: trends in seroprevalence and incidence, and associated factors, 1995-2003 [ Lire le résumé / Read
the abstract ]
La toxoplasmose congénitale : mise en place d’un dispositif de surveillance en France /
Congenital toxoplasmosis: implementation of a surveillance system in France [ Lire le résumé / Read the abstract ]
Enquête sur les infections maternofoetales à cytomégalovirus détectées pendant la grossesse ou à la naissance en France
métropolitaine, novembre 2004-janvier 2005 / Epidemiology of materno-fetal CMV infections detected during pregnancy or at birth
in mainland France, November 2004-January 2005 [ Lire le résumé / Read the abstract ]
Coordination scientifique du numéro / Scientific coordination of the issue: Jean-Claude Desenclos, Institut de veille sanitaire,Saint-Maurice,France et pour le comité de rédaction du BEH: Christine Chan-Chee, Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France.
Transmission mère-enfant du VIH en France : l’impact majeur des stratégies de prévention – Résultats de l’Enquête périnatale française ANRS-EPF
Mother-to-child HIV transmission in France: major impact of prevention strategies – Results from the French Perinatal Cohort ANRS EPF |
Josiane Warszawski (warszaws@vjf.inserm.fr)1,2,3, Roland Tubiana4, Jérôme Le Chenadec1, Jean Paul Teglas1, Albert Faye5, Catherine Dollfus6, Nelly Briand1, Carine Jasseron2, Christine Rouzioux7, Stéphane Blanche7, Laurent Mandelbrot8
1 / Inserm Ined U822, Le Kremlin-Bicêtre, France 2 / Université Paris-sud, Le Kremlin-Bicêtre, France 3 / Hôpital Bicêtre, APHP, Le Kremlin-Bicêtre, France 4 / Hôpital La Pitié Salpétrière, APHP, Paris, France, 5 / Hôpital Robert Debré, APHP, Paris, France 6 / Hôpital Trousseau, APHP, Paris, France 7 / Hôpital Necker, APHP, Paris, France 8 / Hôpital Louis Mourier, APHP, Colombes, France |
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Résumé
En France, le taux de transmission du VIH-1 de la mère à l’enfant était de 17 % avant 1994, en l’absence de prophylaxie antirétrovirale disponible. Il est passé à 1,6 % [IC 95 % : 1,3-2,0] entre 1997 et 2004, à l’ère des multithérapies puissantes et atteignait 0,4 % [0,1-0,9] lorsque la charge virale proche de l’accouchement était inférieure à 50 cp/mL. Trois facteurs de risque indépendants sont fortement liés à cette transmission « résiduelle » depuis 1997 : le terme gestationnel à l’accouchement (risque 6 fois plus élevé pour les grands prématurés que pour les enfants nés à terme), la charge virale en fin de grossesse (augmentation surtout importante au-delà de 10 000 cp/mL), et la durée des antirétroviraux pendant la grossesse (antepartum). Pour les 10 % de femmes en échec virologique à l’accouchement (>10 000 cp/mL), une première consultation tardive en maternité et l’absence de perfusion per partum de zidovudine sont associés à un risque accru de transmission.
Dans la situation heureusement majoritaire des femmes accouchant à terme avec une charge virale bien contrôlée (<400 cp/mL), le seul facteur significativement associé au risque de transmission est la durée des antirétroviraux administrés pendant la grossesse, le taux diminuant de manière linéaire avec l’augmentation de cette durée.
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Abstract
In France, the rate of mother-to-child HIV1 transmission (MTCT) was 17% prior to 1994, due to the absence of antiretroviral prophylaxis. It reached 1.6% (95% CI: 1.3-2.0) between 1997 and 2004, in the HAART era, and was as low as 0.4% (5/1338; 95% CI, 0.1-0.9) with maternal HIV-1 RNA level at delivery below 50 copies/mL. Three risk factors were independently associated with residual transmission since 1997: gestational age (6 fold increase for severe premature delivery compared with term births), viral load at delivery (10 times higher when viral load was above rather than below 10,000 c/mL), and duration of antiretroviral therapy during pregnancy (antepartum). In case of virological failure (>10 000 copies/mL), which concerned 10% of mothers, late booking at maternity and lack of intrapartum zidovudine infusion were associated with higher MTCT rate. In most case, mothers luckily delivered with well controlled viral load, <400 copies/mL, and only duration of antenatal therapy was associated with transmission, increasing duration being related with a linear decreasing transmission rate.
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Mots clés / Key words
VIH, prévention, transmission mère-enfant, épidémiologie, cohorte / HIV, prevention, mother-to-child transmission, epidemiology, cohort |
Remerciements
Cette étude est soutenue par l’ANRS. Nous remercions particulièrement les membres de l’équipe de coordination d’EPF : Valerie Benhammou, Yassine Benmebarek, Leila Boufassa, Nacima Chernai, Aziz Diop, Karima Hamrene, Paulette Huynh, Corinne Laurent, Marlène Peres, Elisa Ramos, Thierry Wack, Nancy Zeller, ainsi que l’ensemble des sites participants (liste ci-dessous).
Hôpital d’Aix en Provence* (Tadrist B.); Hôpital Nord, Amiens (Schmit J.L., Horlé B., Decaux N.); Hôpital d’Angers (Fournié A.); Hôpital Victor Dupouy, Argenteuil (Brault D., Allisy C.); Hôpital Paris La Roseraie*, Aubervilliers (Rozan M.A.); Hôpital Robert Ballanger, Aulnay (Questiaux E., Goldenstein C., Scart G.); Hôpital Saint Claude, Basse-Terre* (Sibille G.); Hôpital de Bastia (Pincemaille O.); Hôpital de la Côte Basque, Bayonne (Cayla C.); Clinique du Blanc Mesnil* (Balde P.); Hôpital Saint Jacques, Besançon (Estavoyer J.M.); Hôpital Avicenne, Bobigny (Bentata M.); Hôpital Jean Verdier, Bondy (Lachassine E., Rodrigues A., Jeantils V., Benoist L.); Hôpital Pellegrin, Bordeaux (Roux D., Douard D., Elleau C., Delvaux S.); Hôpital Ambroise Paré*, Boulogne Billancourt (Zenaty D.); Hôpital Clémenceau, Caen (Brouard J., Goubin P.); Hôpital André Rosemon, Cayenne (Elenga N.); Hôpital Beaujon*, Clichy (Mazy F., De Curtis A.); Hôpital de Creil (Kingue-Ekollo C.); Hôpital Intercommunal, Créteil (Garrait V., Lemerle S., Pichon C.); Hôpital Béclère, Clamart (Chambrin V., Labrune P., Clech L., Bornarel D.); Hôpital Louis Mourier, Colombes (Crenn-Hebert C., Floch-Tudal C., Mazy F., Meïer F., Ferreira C., Marty L.); Hôpital de Compiègne* (Lagrue A.); Hôpital d’enfants, Dijon (Reynaud I.; Martha S.); Hôpital de Dourdan* (Ercoli V.); Hôpital de Dreux* (Denavit M.F.); Hôpital des Feugrais*, Elbeuf (Lahsinat K.); Hôpital Intercommunal, Evreux (Touré K., Pascal C.); Hôpital Francilien Sud, Evry-Corbeil (Devidas A., May A., Granier M., Turpault I.); Hôpital de Fontainebleau (Routier C., Al Issa K.); Hôpital Victor Fouche, Fort de France (Hatchuel Y., Cécile W., Mézin R.); Hôpital de Gonesse* (Balde P.); Hôpital Jean Rostand, Ivry (Jault T.); Hôpital de Lagny (Chalvon Demersay A., David-Ouaknine F., Lanty C.); Hôpital du Lamentin* (Monlouis M.); Hôpital Les Oudairies, La Roche sur Yon (Perré P); Hôpital de La Seyne sur Mer (Chamouilli J.M., Ronda I); Hôpital Louis Domergue, La Trinité* (Hugon N.); Hôpital André Mignot, Le Chesnay (Hentgen V., Messaoudi F.); Hôpital de Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre (Peretti D., Fridman S); Hôpital Jeanne de Flandres, Lille (Mazingue F., Hammou Y., Di Angélo S.); Hôpital Dupuytren*, Limoges (De lumley L.); Hôpital de Longjumeau (Seaume H., Blanchard I.); Hôpital Hôtel Dieu-Hôpital Debrousse, Lyon (Cotte L., Brochier C., Thoirain V., Roussouly R., Kebaïli K.); Hôpital François Quesnay, Mantes La Jolie (Doumet A.); Hôpital la Conception, Marseille (Cravello L., Thuret I.); Hôpital de Meaux (Karaoui L.); Hôpital de Meulan* (Seguy D.); Hôpital Marc Jacquet, Melun (Le Lorier B.); Hôpital Intercommunal, Montfermeil (Talon P.); Hôpital Arnaud de Villeneuve, Montpellier (Benos P., Lalande M.); Hôpital Intercommunal, Montreuil (Heller-Roussin B.); Maternité Régionale A. Pinard, Nancy (Hubert C.); Hôpital de Nanterre* (Karoubi P.); Hôpital de Nantes (Reliquet, V., Brunet-François C.); Hôpital de Neuilly sur Seine* (Berterottiere D.); Hôpital l’Archet-Fondation Lenval, Nice (Monpoux F., Bongain A., Deville A., Galiba E.); Hôpital Caremeau, Nîmes (Dendale J.); Hôpital Orléans (Arsac P.); Hôpital d’Orsay (De Gennes C.); Hôpital Bichat, Paris (Matheron S., Bourgeois-Moine A., Faucher P.,Bastian H.,Bodart M.,Damond F.); Hôpital Boucicaut*, Paris (Lafay Pillet M.C.); Hôpital Cochin-Port Royal, Paris (Firtion G., Pannier A., Boudjoudi N.); Hôpital Lariboisière, Paris (Ciraru-Vigneron N., Colonna R.); Hôpital des Métallurgistes*, Paris (Rami M.); Institut Mutualiste Montsouris*, Paris (Carlus Moncomble C.); Hôpital Necker, Paris (Parat S., Blanche S., Rouzioux C., Mourey M.C); Hôpital Notre Dame du Bon Secours, Paris (Ayral D.); Hôpital Pitié Salpêtrière, Paris (Tubiana R., Dommergue M., De Montgolfier I., Pauchard P.); Hôpital Robert Debré, Paris (Levine M., Faye A., Ottenwalter A., Bellaton I., Cotten G., Recoules A.); Hôpital Rothschild*, Paris (Wallet A.); Hôpital Saint-Antoine, Paris (Carbonne B.); Hôpital Hôpital Saint Michel, Paris (Aufrant C.); Hôpital Tenon, Paris (Lebrette M.G., Hervé F., Eghezouani M.); Hôpital Trousseau, Paris (Dollfus C., Vaudre G.); Hôpital Marechal Joffre, Perpignan (Medus M.); Hôpital Les Abymes, Pointe-à-Pitre (Bataille H., Bardinet F., Sow MT., Samar K.); Hôpital de Poissy-Saint-Germain en Laye* (Rousset M.C.); Hôpital René Dubos, Pontoise (Mouchnino G.); Hôpital Américain, Reims (Munzer M.); Hôpital Charles Nicolle, Rouen (Brossard V.); Hôpital de Saint-Denis (Allemon M.C., Ekoukou D., Khuong M.A., Ghibaudo N.); Hôpital Nord, Saint Etienne (Billiemaz K.); Hôpital de Saint Martin (Bissuel F., Laborde O., El Ouedghiri H., Walter V.); Hôpital Esquirol*, Saint-Maurice (Robin M.); Hôpital de Sèvres* (Segard L.); Hôpital de Haute Pierre-Hôpital Civil, Strasbourg (Partisani M., Favreau, J. J, Entz-Werle N., Cheneau C.); C.M.C. Foch, Suresnes* (Botto C.); Hôpital Chalucet, Toulon (Hittinger G., Burle, C. Scuotto, F., Philip G., Danielli E.); Hôpital La Grave, Toulouse (Berrebi A., Tricoire J., Armand E., Antras M.); Hôpital Bretonneau, Tours (Besnier J.M., Marchand S., Nau P., Bansard H.); Hôpital Brabois, Vandoeuvre les Nancy (Neimann L.); Hôpital Paul Brousse*,Villejuif (Dussaix E.); Hôpital de Villeneuve Saint Georges (Guillot F., Chacé A., Matheron I., Bonnard C.).
* Sites fermés actuellement
Bilan de 10 années de surveillance des infections rubéoleuses durant la grossesse à travers le réseau de laboratoires Rénarub en France métropolitaine, 1997-2006
Rubella detected in pregnant women and newborns in France: 10 years surveillance data from the Renarub laboratory network, 1997-2006 |
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Résumé
La surveillance des infections rubéoleuses chez les femmes enceintes et
des rubéoles congénitales a été mise en place en 1976 en France à travers
le réseau de laboratoires Rénarub. Elle vise à évaluer l’impact de la politique
vaccinale antirubéoleuse et les progrès vers l’élimination de la rubéole
congénitale d’ici 2010.
Les biologistes notifient à l’Institut de veille sanitaire les infections rubéoleuses
maternelles avec IgM positives et les diagnostics d’infections congénitales
posés chez le foetus ou le nouveau-né. Les cliniciens qui ont suivi la
grossesse transmettent également des données complémentaires (démographiques,
biologiques, cliniques) permettant de classer les cas selon le
statut infectieux de la femme, du foetus et/ou de l’enfant.
Entre 1997 et 2006, 324 infections maternelles ont été diagnostiquées et
notifiées à Rénarub. Elles ont conduit à la naissance de 33 enfants atteints
de rubéoles congénitales malformatives et à 86 interruptions médicales de
grossesse.
L’analyse montre une diminution du ratio du nombre d’infections maternelles
sur le nombre de naissances vivantes (NV) sur cette période, puisqu’il
est passé de 11,9 pour 105 en 1997 à 7,7 pour 105 en 2000 et à 0,4 pour 105
en 2006.
Le taux d’incidence des rubéoles congénitales malformatives (RCM) recensées
par le réseau a également diminué, passant de 1,1 pour 105 NV en 1997
à 1,0 en 2000, et était pour la première fois nul en 2006.
La diminution du ratio du nombre d’infections maternelles sur le nombre de
naissances vivantes a été observée dans toutes les tranches d’âge, mais
reste le plus élevé chez les jeunes femmes de 15-19 ans (19,1 pour 105 entre
2001 et 2006).
Malgré un taux d’incidence annuel de RCM nul en 2006, la survenue d’une
dizaine d’infections maternelles par an depuis 2003 témoigne d’une circulation
résiduelle du virus, notamment chez les adultes jeunes. Des efforts
doivent être maintenus pour augmenter la couverture vaccinale des enfants
et renforcer le rattrapage de la vaccination chez les adolescentes et jeunes
femmes non immunes.
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Abstract
In France, a laboratory-based surveillance network (RENARUB) has been
implemented since 1976 in order to follow incidence of maternal and congenital
rubella infections. The aim of the RENARUB network is to evaluate
the impact of the French rubella vaccination program, and to monitor
progress towards elimination of congenital rubella by 2010.
Biologists report to the National Institute for Public Health Surveillance the
rubella infections with positive IgM in pregnant women, and the diagnosis of
congenital infections made in foetuses or newborns. Clinicians are solicited
to send a questionnaire with demographic, biological and clinical information,
and cases are classified according to the infectious status of the mother,
the foetus and/or the newborn.
Between 1997 and 2006, 324 maternal infections were diagnosed and notified
through the RENARUB network. These infections led to the birth of 33 children
with congenital rubella syndrome (CRS) and to 86 rubella-associated
pregnancy terminations.
Data showed a decrease in the ratios of the number of maternal infections to
live births (LB), from 11.9 per 105 in 1997, to 7.7 per 105 in 2000, and 0.4 per
105 in 2006 as well as a decrease in CRS incidence rates from 1.1 per 105 LB
in 1997 to 1.0 in 2000. For the first time since 1976, no CRS was reported in
2006.
A decrease of the ratio of the number of maternal infections to live births was
observed in all maternal age groups, but remains higher for 15 to 19 year old
women (19.1 per 105 in 2001-2006).
Despite a null CRS incidence rate in 2006, the occurrence of about 10 cases
of rubella maternal infections per year since 2003 reflects a residual circulation
of the rubella virus, particularly among young adults. Efforts have to be maintained in order to increase immunization coverage in children and
reinforce catch-up immunisation of non immune girls and women of
reproductive age.
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Mots clés / Key words
Rubéole, infection congénitale, rubéole congénitale malformative, surveillance / Rubella, congenital infection, congenital rubella syndrome, surveillance |
La listériose de la femme enceinte et du nouveau-né en France : évolution de 1984 à 2006
Pregnancy associated and neonatal listeriosis in France: trend from 1984 to 2006 |
Véronique Goulet (v.goulet@invs.sante.fr), Édith Laurent
Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France |
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Résumé
La listériose materno-néonatale (MN) regroupe les listérioses diagnostiquées
pendant la grossesse ou le premier mois de vie. Leur nombre a été
divisé par 10 de 1986 à 2006 (500 cas/an vs 50 cas/an). Quatre cent et un
cas de listériose MN notifiés par la déclaration obligatoire entre 1999 et
2006 ont été analysés. Selon le moment du diagnostic et l’issue de la
grossesse, ils se répartissent en listériose néonatale (59 %), mort in utero
(26,5 %) et infection maternelle isolée (14,5 %). La mortalité in utero (26 %)
diminue selon l’âge gestationnel : 75 % avant 22 semaines d’aménorrhée
(SA), 52 % à 22-27 SA, 12 % à 28-31 SA, 5 % à 32-36 SA, 1 % 37-41 SA. La
mortalité néonatale (9 %) diminue également selon l’âge gestationnel
(41 % à 22-27 SA, 19 % à 28-31 SA, 5 % à 32-36 SA, 1 % 37-41 SA) et selon
le prélèvement à l’origine du diagnostic : nouveau-nés avec infection invasive
(16 %), nouveau-nés avec mère infectée (8 %), liquide d’aspiration
gastrique (4 %), prélèvements superficiels (0 %). Soixante-huit pour cent
des femmes ont consommé pendant leur grossesse des aliments dont on
recommande d’éviter la consommation. Le maintien des mesures de contrôles
de la filière agro-alimentaire, qui ont montré leur efficacité dans la
réduction des cas listériose MN, est essentiel. Il serait utile d’évaluer les
raisons du non-suivi des recommandations alimentaires.
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Abstract
Materno-neonatal (MN) listeriosis includes listeriosis diagnosed during
pregnancy or the first month of life. From 1986 to 2006, the annual number
of cases of MN listeriosis was decreased tenfold (550 cases/year vs 50 cases/
year). Four hundred and one cases of MN listeriosis mandatorily reported to
French Institute of Public Health Surveillance from 1999 to 2006 were
analyzed. Depending on diagnosis and end of pregnancy, they are subdivided in
three groups: neonatal listeriosis (59%), foetal death (26.5%), and maternal
infection (14.5%). Foetal loss (26%) decreases according to gestational age:
75% before 22 weeks of pregnancy, 52% before 22-27 weeks, 12% between
28-31 weeks, 5% between 32-36 weeks, 1% between 37-41 weeks. Neonatal
mortality (9%) also decreases according to gestational age (41% before
22-27 weeks, 19% between 28-31 weeks, 5% between 32-36 weeks, 1% between
37-41 weeks) and the nature of samples giving the diagnosis of listeriosis:
neonate with invasive infection (16%), maternal infection (8%), gastric liquid
(4%), superficial samples (0%). Sixty-eight per cent of the cases had consumed
products which were not recommended during pregnancy. Control
measures in food-production industry that have demonstrated their efficiency
in MN listeriosis case reduction have to be maintained. It would be useful to
evaluate the reasons for non compliance with recommendations to avoid
at-risk foods.
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Mots clés / Key words
Listeria monocytogenes, listériose, femmes enceintes, infection néonatale, habitudes alimentaires / Listeria monocytogenes, listeriosis, pregnant women, neonatal
infection, food habits |
Infections néonatales à streptocoque B en France : données d’incidence de 1997 à 2006 et pratiques de prévention en maternité / Neonatal group B streptococcus infections in France: incidence from 1997 to 2006 and current prevention practices in maternity wards |
Nathalie Jourdan-Da Silva (n.jourdan@invs.sante.fr)1, Denise Antona1, Caroline Six2, Scarlett Georges1, Véronique Goulet1, Philippe Judlin3,
Daniel Lévy-Bruhl1
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 2 / Cellule interrégionale d’épidémiologie (Cire) Sud, Marseille, France 3 / Collège national des gynécologues obstétriciens de France (CNGOF), Paris, France |
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Résumé
Introduction – Le streptocoque du groupe B (SGB) est la bactérie la plus
fréquemment en cause dans les infections graves du nouveau-né. Nous
présentons les données d’incidence des infections néonatales (IN) à SGB
en France de 1997 à 2006 et les résultats d’une enquête menée en 2005 sur
les pratiques de prévention en maternité, suite aux recommandations de
l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes).
Méthodes – Les données d’incidence des IN à SGB proviennent d’Epibac,
réseau de laboratoires hospitaliers participant à la surveillance des infections
invasives bactériennes. L’enquête de pratiques en maternité a été
effectuée par téléphone sur un échantillon de 53 maternités, stratifié sur
leur statut, leur activité et leur inter-région d’implantation.
Résultats – L’incidence des IN précoces à SGB a diminué en France,
passant d’une estimation à 0,69 pour 1 000 naissances vivantes en 1997 à
0,47 en 2002, et 0,23 en 2006 (0,28 : incidence corrigée pour l’exhaustivité),
alors que celle des infections néonatales tardives est restée stable (tout
comme celle des infections globales). L’enquête en maternité a montré que
la quasi-totalité des maternités avait un protocole de prévention, utilisant le
dépistage systématique du portage vaginal en fin de grossesse avec antibioprophylaxie
perpartum pour les porteuses du SGB (92 %), avec une application
systématique dans 87 % des maternités.
Conclusion – Ces résultats sont en faveur d’un impact positif de l’application
des recommandations de prévention des IN précoces à SGB. Il faut
toutefois rester vigilant vis-à-vis d’une émergence possible de bactéries
résistantes aux antibiotiques utilisés, ou d’une modification de l’écologie
des bactéries à l’origine des infections néonatales.
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Abstract
Introduction – Group B streptococcus (GBS) is the primary pathogen
causing neonatal sepsis. This paper presents the incidence of GBS neonatal
infections (GBSNI) in France from 1997 to 2006, and the results of a survey
conducted in 2005 in maternity wards on prevention practices following
recommendations from the ANAES (National Agency for the Health
Accreditation and Evaluation).
Methods – Incidence data on GBSNI were collected through a hospital
laboratory network (EPIBAC) participating in the surveillance of invasive
bacterial infections. A telephone survey on prevention practices was conducted
on a 53 maternity wards sample, stratified on their status, activity and
geographical setting.
Results – The incidence of early onset GBSNI (EOGBSNI) decreased in
France, from 0.69 per 1,000 living births estimated in 1997 to 0.47 in 2002,
and 0.23 in 2006 (0.28, when including completeness of reporting), although
late onset GBSNI incidence remains stable (as well as the total GBS infections
incidence). The survey showed that nearly all the maternity wards had
a written prevention protocol, recommending vaginal screening for carriage
of GBS during the last weeks of gestation and per partum antibioprophylaxis
given to GBS carriers (92%); this was systematically applied in 87% of the
maternity wards.
Conclusion – These results are in favour of a positive impact of prevention
practices on EOGBSNI. However, there are concerns that bacterial resistance
to antibiotics used may emerge or a change in the ecology of the pathogens
involved in neonatal sepsis.
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Mots clés / Key words
SGB, infection néonatale, surveillance, prévention / GBS, neonatal infection, surveillance, prevention |
Combien de cas de syphilis congénitale dans la base PMSI en France en 2004 ?
How many cases of congenital syphilis were there in the French National Hospital Database in France in 2004? |
Nathalie Nicolay, Anne Gallay (a.gallay@invs.sante.fr), Alice Bouyssou-Michel, Javier Nicolau, Caroline Semaille
Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France |
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Résumé
Contexte – La résurgence de la syphilis avec des cas rapportés chez les
femmes en âge de procréer en France fait craindre la réémergence des cas
de syphilis congénitale (SC).
Objectif – Décrire les cas de SC rapportés dans le Programme de médicalisation
des systèmes d’information (PMSI) en 2004.
Méthode – Tous les cas d’enfants âgés de moins de 1 an avec un diagnostic
de SC en 2004 ont été extraits de la base nationale du PMSI. Un cas était
défini comme un cas certain ou un cas probable sur la base de la définition
des Centers for Disease Control américains. Les informations concernant la
mère et l’enfant ont été recueillies anonymement.
Résultats – Six cas parmi les 16 identifiés étaient des cas probables. Deux
d’entre eux étaient des enfants adoptés nés hors France. Pour les 4 cas retenus,
le diagnostic de syphilis chez la mère a été fait tardivement au cours du
troisième trimestre de grossesse. Trois mères sont nées à l’étranger, la
notion de difficultés d’intégration sociale et de grossesse non désirée a été
rapportée pour deux mères.
Discussion – Le nombre de cas de SC diagnostiqués en France en 2004
est très faible comparativement aux 767 816 naissances vivantes survenues
cette même année. La situation sociale et culturelle des populations vulnérables
peut constituer une barrière à l’accès aux soins anténataux. Le
dépistage de la syphilis et l’identification des situations à risque pendant la
grossesse demeurent une priorité.
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Abstract
Context – Because of the surge of syphilis infection in France among
women of childbearing age, the emergence of congenital syphilis (CS) cases
is feared.
Objective – To describe the cases of CS identified in the French National
Hospital Database (PMSI) in 2004.
Method – All cases of children under one year of age with a diagnosis of CS
were extracted from the PMSI database in 2004. We used the Centers for
Disease Control case definition of CS to classify cases as probable or certain.
Information from mothers and cases was collected on an anonymous basis.
Results – Six cases out of the 16 potential cases were defined as probable.
Two cases were adopted children born abroad. For the four concerned cases,
the diagnosis of syphilis in mothers was confirmed late in the last term of
pregnancy. Three mothers were born abroad, and for two mothers, social
integration difficulties and unwanted pregnancy were reported.
Discussion – The number of cases of congenital syphilis identified in the
PMSI database in 2004 is very low compared to the 767,816 live births of the
same year. The social and cultural status of vulnerable people could prevent
the access to the prenatal care system. The screening of syphilis and identification
of women at risk are still a priority during pregnancy.
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Mots clés / Key words
Syphilis, syphilis congénitale, dépistage, grossesse, surveillance / Syphilis, congenital syphilis, screening, pregnancy, surveillance |
Toxoplasmose chez les femmes enceintes en France : évolution de la séroprévalence et de l’incidence et facteurs associés, 1995-2003
Toxoplasmosis in pregnant women in France: trends in seroprevalence and incidence, and associated factors, 1995-2003 |
Franck Berger (desp.valecole@wanadoo.fr)1, Véronique Goulet2, Yann Le Strat2, Jean-Claude Desenclos2
1 / École du Val-de-Grâce, Saint-Mandé, France 2 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France |
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Résumé
Introduction – La toxoplasmose se transmet par ingestion d’aliments
contaminés ou par contact avec un chat infecté. Lors de la grossesse, la
toxoplasme peut provoquer chez le foetus des atteintes oculaires ou plus
rarement des lésions neurologiques sévères, potentiellement létales. Les
objectifs de cette étude étaient d’estimer la prévalence et l’incidence de la
toxoplasmose en 2003 chez les femmes en âge de procréer, et d’étudier les
facteurs sociodémographiques associés à la toxoplasmose.
Sujets et méthodes – La population d’étude est composée de toutes les
femmes de l’Enquête nationale périnatale 2003 (ENP 2003). Une analyse
multivariée a été réalisée sur plusieurs variables socio-économiques. Un
modèle mathématique utilisant des données de séroprévalence des deux
enquêtes nationales périnatales (ENP 1995 et 2003) a permis d’estimer les
taux d’incidence par âge et par région.
Résultats – Parmi les 15 108 femmes enceintes inclues dans l’ENP 2003,
la prévalence de la toxoplasmose était de 43,8 %. Cette prévalence augmentait
avec l’âge, était élevée dans le Sud-Ouest (50 %), en région parisienne
(52,7 %), dans les DOM (54,8 %) et basse dans le Nord-Est (29,5 %). Elle
était plus basse dans les zones géographiques plus froides et augmentait
avec la consommation de viande ovine. Entre 1995 et 2003, la prévalence et
le taux d’incidence ont chuté de près de 20 %. En 2003, le taux d’incidence
a été estimé entre 6 et 7 pour 1 000 femmes enceintes, selon leur âge, mais
ce taux varie beaucoup entre les régions.
Discussion – La prévalence de la toxoplasmose a fortement baissé sur
période de sept ans. Si cette baisse devait se poursuivre, une évaluation de
la pertinence du programme de prévention actuel devra être envisagée.
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Abstract
Introduction – Toxoplasma infection can be transmitted by contaminated
food or infected cats. During pregnancy, it may cause ocular lesions, and less
frequently, severe neurologic lesions potentially lethal for foetus. The aims of
this study were to estimate toxoplasmosis seroprevalence and incidence in women
of childbearing age in France in 2003, and to identify sociodemographic
variables associated with seropositivity for toxoplasmosis.
Subjects and methods – The study population consisted of all women
included in the 2003 National Perinatal Survey (NPS 2003). The association
of several socio-economic variables with seroprevalence was tested by multivariable
analysis. Incidence rates were estimated by modelling of age and
region-specific seroprevalence data from the NPS 1995 and NPS 2003.
Results – In 2003, the overall seroprevalence of toxoplasmosis of the study
population (15,108 pregnant women) was 43.8%, and increased with age.
The seroprevalence was higher in the South-West (50%), in the Paris area
(52.7%), and in overseas departments (54.8%). It was lower in colder areas,
and increased in areas with high ovine consumption. Between 1995 and
2003, toxoplasmosis prevalence and incidence rate decreased by nearly 20%.
The estimated incidence for women of childbearing age was between 6 and
7/1000 women depending on their age. Rates differed notably from one
region to the other.
Discussion – Toxoplasmosis prevalence rate has decreased notably in
seven years. If this trend was to persist, the relevance of the French antenatal
screening program should be reassessed.
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Mots clés / Key words
Toxoplasmose, femme enceinte, prévalence, enquêtes nationales périnatales / Toxoplasmosis, pregnant women, prevalence rate, national perinatal surveys |
La toxoplasmose congénitale : mise en place d’un dispositif de surveillance en France
Congenital toxoplasmosis: implementation of a surveillance system in France |
Lisa King ( l.king@invs.sante.fr) 1, Isabelle Villena 2, Thierry Ancelle 3, Martine Wallon 4, Patricia Garcia 5, Philippe Thulliez 6, Véronique Goulet 1
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 2 / Centre national de référence de la toxoplasmose, Hôpital Maison Blanche, Reims, France
3 / Hôpital Cochin, Faculté de médecine Paris-Descartes, Paris, France 4 / Hôpital de la Croix Rousse, Hospices civils de Lyon, Lyon, France 5 / Hôpital de la Conception, Marseille, France
6 / Institut de puériculture, Paris, France |
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Résumé
Introduction – Le programme national de prévention de la toxoplasmose
congénitale existe en France depuis 1978, mais aucune donnée n’est disponible
sur le nombre de cas annuel. Afin d’estimer l’importance périnatale de
cette maladie et de suivre l’impact du programme de prévention, une
surveillance a été mise en place en 2007.
Méthodes – En 2006, un groupe de travail ad hoc a recommandé une
surveillance basée sur les laboratoires comme système le plus adapté aux
objectifs. Des multiples enquêtes ont été réalisées afin de définir le réseau
de déclarants et d’optimiser l’exhaustivité de la surveillance.
Résultats – Le dispositif de surveillance retenu, « ToxoSurv », repose
sur les laboratoires agréés pour le diagnostic prénatal et des laboratoires
d’analyse de biologie médicale confirmant occasionnellement le diagnostic
de cette maladie en période néonatale ou post-natale. Les cas sont déclarés
au Centre national de référence de la toxoplasmose via Internet ou sur fiche
papier. Les données de surveillance feront l’objet d’un rapport annuel
destiné aux professionnels de santé concernés.
Conclusion – Le système de surveillance de la toxoplasmose congénitale
est actif depuis juin 2007. Il permettra dès 2008 de disposer de données de
prévalence valides sur la toxoplasmose congénitale en France.
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Abstract
Introduction – The national prevention programme for congenital
toxoplasmosis in France has been in place since 1978; however no data is
available concerning the annual number of cases. In order to estimate the
perinatal burden of this infection, and to follow the impact of the national
prevention programme, a surveillance system was implemented in 2007.
Methods – In 2006, an ad-hoc working-group recommended a laboratory based
surveillance system as being the most adapted for the surveillance of
this infection. Several surveys were undertaken, in order to define the
network of contributors, and optimise the exhaustivity of the surveillance
Results – The surveillance system put in place, « ToxoSurv », is based on a
network of laboratories specialised in prenatal diagnosis and medical biology
laboratories that occasionally perform a confirmatory diagnosis of this infection
during the neonatal and postnatal periods. Cases are declared to the
National Reference Centre for Toxoplasmosis via the Internet or by the
sending of a paper form. The data produced by this surveillance will be used
to produce an annual report destined for concerned health professionals.
Conclusion – The surveillance system for congenital toxoplasmosis has
been active since June 2007. It will provide valid prevalence data for
congenital toxoplasmosis in France starting from 2008. |
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Mots clés / Key words
Toxoplasmose congénitale, femme enceinte, foetus, nouveau-né, enfant, séroconversion, surveillance, prévalence / Congenital toxoplasmosis, pregnant woman,
foetus, newborn, child, seroconversion, surveillance, prevalence |
Enquête sur les infections maternofoetales à cytomégalovirus détectées pendant la grossesse ou à la naissance en France métropolitaine, novembre 2004-janvier 2005
Epidemiology of materno-fetal CMV infections detected during pregnancy or at birth in mainland France, November 2004-January 2005 |
Isabelle Parent du Châtelet (i.parent@invs.sante.fr)1, Liliane Grangeot-Keros2, Yann Le Strat1, Annie Leblond1, Caroline Six1, Daniel Lévy-Bruhl1
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 2 / Hôpital Antoine Béclère, Clamart, France |
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Résumé
Entre novembre 2004 et janvier 2005, une enquête nationale prospective a été
conduite afin d’estimer l’incidence des infections maternelles et congénitales
à cytomégolovirus (CMV) détectées pendant la grossesse ou à la naissance.
Elle visait également à décrire les contextes cliniques et biologiques qui ont
conduit les cliniciens à réaliser la recherche de l’infection à CMV.
Tous les laboratoires réalisant les tests d’avidité ou la recherche directe du
virus en France ont été contactés pour transmettre à l’Institut de veille
sanitaire des données agrégées sur les diagnostics d’infections à CMV
posés chez des femmes enceintes, les foetus ou les nouveau-nés au cours de
la période d’étude. Une notification individuelle des cas était faite par un
sous-échantillon de laboratoires. Pour ces cas, les données démographiques
et cliniques étaient collectées auprès des cliniciens.Un total de 75 infections congénitales a été identifié à travers le sous-échantillon
de laboratoires. Parmi elles, 21 étaient symptomatiques (8 confirmées
à l’examen anatomopathologique et 13 par l’examen clinique des nouveaunés)
et des anomalies échographiques ont été détectées pendant la grossesse
pour 70 % de ces cas. Le nombre annuel d’infections congénitales détectées
pendant la grossesse ou à la naissance a été estimé à 277 [IC95 % : 204-349].
Parmi ces cas, on estime que 30 [IC95 % : 23-37] ont conduit à des
interruptions de grossesse avec examen anatomopathologique anormal et
46 [IC95 % : 33-59] à la naissance d’enfants symptomatiques, ce qui correspond
à un taux d’incidence de 6 nouveau-nés atteints pour 105 naissances
vivantes [IC95 % : 4-8].
Sur la période d’étude, 110 primo-infections maternelles (PIM) ont été
identifiées, la plupart d’entre elles (73 %) suite à un dépistage sérologique
systématique. Le nombre annuel de PIM détectées a été estimé à 545
[IC95 % : 490-600].
L’enquête a mis en évidence une diversité des pratiques dans le suivi des
PIM et la pratique de l’amniocentèse. Cependant, nos résultats permettent
d’estimer que la majorité des infections congénitales symptomatiques sont
détectées en France, pendant la grossesse ou à la naissance. Les données
de l’enquête, avec des données complémentaires sur le suivi des nouveaunés
infectés, sont utiles pour compléter l’analyse sur l’intérêt du dépistage
maternel et/ou néonatal systématique en France.
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Abstract
From November 2004 to January 2005, a national prospective laboratory
based study was undertaken to estimate the incidence of maternal
cytomegalovirus (CMV) infections and infections acquired by foetuses and
diagnosed during pregnancy or at birth and to describe clinical or biological
features that led clinicians to request CMV testing.
All French laboratories performing IgG avidity and/or virus detection were
asked to provide aggregated data on results indicating a CMV infection in
pregnant women, foetuses or neonates during the study period. Case-basednotifications were done by a sub-sample of laboratories and demographic and
clinical data were secondarily collected from clinicians.
Seventy five congenital infections were identified through the laboratories
sub-sample. Twenty-one cases were symptomatic (8 confirmed by foetal
pathologic examination and 13 with symptoms present at birth), and ultrasound
abnormalities were detected during pregnancy in 70% of the cases. The
annual incidence of congenital infections diagnosed during pregnancy or at
birth was estimated at 277 cases [CI95%: 204-349]. Among them, we estimated
that 30 [CI95%: 23-37] led to pregnancy terminations with pathologic examinations
and 46 [CI95%: 33-59] to symptomatic CMV infected newborns at
risk of sequelae corresponding to an incidence rate of 6 per 105 live births
[CI95%: 4-8].
A total of 110 primary maternal infections (PMI) were identified during
the study period. Most of them (73%) were diagnosed through systematic
maternal screening. The annual incidence of PMI detected was estimated at
545 [CI95%: 490-600].
The study underlined the diversity of practices regarding maternal infection
follow-up and antenatal diagnosis. However, our results allow estimating
that most of the symptomatic CMV congenital infections that occur in France
are diagnosed, during pregnancy or at birth. These data, with additional data
on clinical follow up of infected newborns are useful for completing the
analysis of the relevance of systematic screening in pregnant women and/or
newborns in France.
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Mots clés / Key words
Cytomégalovirus, infection congénitale, France / Cytomegalovirus, congenital infection, France |
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