BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
30 novembre 2010 / n°45-46


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Numéro thématique – L'infection à VIH-sida en France en 2009 : dépistage, nouveaux diagnostics et incidence
Special issue – HIV/AIDS in France in 2009: HIV testing, new diagnoses and incidence

Sommaire

- Éditorial / Editorial

- Dépistage de l'infection par le VIH en France, 2003-2009 / HIV testing activity in France, 2003-2009 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Dépistage en routine du VIH en population générale en France : estimation de l'impact clinique et du coût-efficacité / Routine HIV screening in France: an estimation of clinical impact and cost-effectiveness [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Acceptabilité et faisabilité du dépistage systématique du VIH dans 27 services d'urgences d'Île-de-France (ANRS 95008 et Sidaction), mai 2009-août 2010 / Feasibility and patients' acceptance of routine HIV screening in 27 Emergency Departments of the Paris urban area, France, May 2009 to August 2010 (ANRS 95008 and Sidaction) [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Prévalence du VIH et comportement de dépistage des hommes fréquentant les lieux de convivialité gay parisiens, Prevagay 2009 / HIV prevalence and HIV testing behaviour among men who attend commercial gay venues in Paris (France), PREVAGAY 2009 Survey [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Surveillance de l'infection à VIH-sida en France, 2009 / Surveillance of HIV/AIDS infection in France, 2009 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Incidence de l'infection par le VIH en France, 2003-2008 / Incidence of HIV infection in France, 2003-2008 [ Lire le résumé / Read the abstract ]



Dépistage de l'infection par le VIH en France, 2003-2009
HIV testing activity in France, 2003-2009
Françoise Cazein (f.cazein@invs.sante.fr), Stéphane Le Vu, Josiane Pillonel, Yann Le Strat, Sophie Couturier, Betty Basselier, Florence Lot, Caroline Semaille
Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

Résumé
Cet article présente un bilan de l'activité de dépistage du VIH en France en 2009, en distinguant celle du dispositif de dépistage anonyme et gratuit.
En 2009, cinq millions de sérologies VIH ont été réalisées, dont 8% (environ 400 000) ont été réalisées dans une Consultation de dépistage anonyme et gratuit (CDAG). Le nombre de sérologies effectuées est stable depuis 2006, à la fois globalement et dans le dispositif anonyme.
Parmi ces sérologies, environ 10 900 ont été confirmées positives, dont 12% (environ 1 350) réalisées en CDAG. Après une tendance à la diminution depuis 2005, le nombre global de sérologies positives a tendance à augmenter entre 2008 et 2009. Les sérologies positives des CDAG suivent sensiblement la même évolution.
Par rapport à l'ensemble du dispositif de dépistage, les CDAG ont la particularité de dépister un public plus jeune et plus à risque.
L'analyse régionale montre les mêmes disparités que les années précédentes ; l'Île-de-France et les départements d'outre-mer restent les régions qui dépistent le plus, mais aussi qui ont le plus de sérologies positives. La confrontation de ces données avec celles de la déclaration obligatoire du VIH montre un lien entre activité de dépistage et précocité du diagnostic.
Dans la perspective d'un changement de stratégie vers un renforcement de la proposition de dépistage, ces données fournissent une mesure de base de l'activité de dépistage du VIH en France.

 

Abstract
This paper presents an overview of the HIV testing activity in France in 2009, including and distinguishing free anonymous testing.
In 2009, five million HIV tests were performed, of which 8% (about 400,000) were in Free and Anonymous Testing Sites (CDAG). The number of HIV tests performed has remained stable since 2006 overall as well as in anonymous testing settings.
About 10,900 HIV tests were confirmed positive, among which 12% (about 1,350) were performed in CDAGs. After a downward trend since 2005, the total number of HIV positive tests tended to increase between 2008 and 2009. HIV positive tests in CDAGs followed the same trend. Compared to the whole testing system, people tested in CDAGs are more frequently found positive, younger and more at risk than those diagnosed in other sites.
As already described in previous years, the Paris area and the overseas departments had the highest rate of HIV tests performed and HIV positive tests per inhabitants. A comparison of these regional data with those of HIV case reporting reveals a relation between testing activity and early diagnosis of HIV.
Our results provide a baseline measurement of the HIV testing activity, prior to the upcoming new national strategy that promotes a reinforcement of HIV testing in the population in France.


Mots clés / Key words
VIH, dépistage, France / HIV, screening, France



Dépistage en routine du VIH en population générale en France : estimation de l'impact clinique et du coût-efficacité*
Routine HIV screening in France: an estimation of clinical impact and cost-effectiveness
Yazdan Yazdanpanah1,2,3 (yyazdan@yahoo.com), Caroline E. Sloan 4, Cécile Charlois-Ou5, Stéphane Le Vu 6, Caroline Semaille 3,6, Dominique Costagliola7, Josiane Pillonel6, Anne-Isabelle Poullié8, Olivier Scemama8, Sylvie Deuffic-Burban9, Elena Losina4,10,11, Rochelle P. Walensky 4,12,13,14, Kenneth A. Freedberg4,10,12,14, A. David Paltiel15
1/ Service universitaire des maladies infectieuses et du voyageur, Centre hospitalier de Tourcoing, France
2/ Avenir – Action thématique et incitative sur programme, Inserm U995, Lille, France
3/ EA 2694, Faculté de Médecine de Lille, France
4/ Division of General Medicine, Massachusetts General Hospital, Boston (MA), États-Unis
5/ CRESGE-LEM, CNRS UMR 8179, Lille, France
6/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France
7/ Inserm U 943 et UMR S 943 ; UPMC Université Paris 06, Paris, France
8/ Haute autorité de santé, Saint-Denis, France
9/ Inserm U995, Faculté de Médecine de Lille, France
10/ Departments of Biostatistics and Epidemiology, Boston University School of Public Health, Boston (MA), États-Unis
11/ Department of Orthopedic Surgery, Brigham and Women's Hospital, Boston (MA), États-Unis
12/ Division of Infectious Diseases, Massachusetts General Hospital, Boston (MA), États-Unis
13/ Division of Infectious Diseases, Brigham and Women's Hospital, Boston (MA), États-Unis
14/ Center for AIDS Research, Harvard Medical School, Boston (MA), États-Unis
15/ Yale University School of Medicine, New Haven (CT), États-Unis

*Ce texte est une version courte de l'article initialement publié en anglais sous la référence suivante : Yazdanpanah Y, Sloan CE, Charlois-Ou C, Le Vu S, Semaille C, Costagliola D, et al. Routine HIV screening in France: clinical impact and cost-effectiveness. PLoS One. 2010 Oct 1;5(10):e13132.

Résumé
Contexte – En France, environ 40 000 personnes ne savent pas qu'elles sont infectées par le VIH. Bien que des études antérieures aient évalué le rapport coût-efficacité du dépistage en routine du VIH aux États-Unis, des différences entre la situation épidémiologique et les comportements face aux tests VIH justifiaient une analyse spécifique pour la France.
Méthodes et principaux résultats – Nous avons évalué l'espérance de vie, le coût et le rapport coût-efficacité des stratégies alternatives de dépistage du VIH en France dans la population générale et dans des populations à risque, en utilisant un modèle mathématique alimenté par des données cliniques et de coût françaises. Nous avons comparé la stratégie de dépistage « actuelle », visant les populations à risque d'infection par le VIH, à une stratégie de « dépistage universelle », où un dépistage volontaire du VIH est proposé à l'ensemble des adultes âgés de 18 à 69 ans. Le rythme de dépistage s'échelonnait entre un test proposé de manière ponctuelle à un test proposé tous les ans. Les données alimentant le modèle incluaient l'âge moyen (42 ans), la prévalence des infections à VIH non diagnostiquées (0,10%), l'incidence annuelle du VIH (0,01%), l'acceptabilité des tests (79%), l'orientation vers les structures de soins (75%) et le coût du dépistage (43 €). Nous avons effectué des analyses de sensibilité sur la prévalence des infections non diagnostiquées, l'incidence du VIH, les estimations de coûts, et nous avons analysé les bénéfices du traitement antirétroviral sur la transmission. Pour la « stratégie actuelle », nous avons obtenu une espérance de vie de 242,82 mois de vie ajustés sur la qualité (QALM) chez les personnes infectées par le VIH et de 268,77 QALM dans la population générale. La réalisation d'un test de dépistage proposé de manière ponctuelle à l'ensemble de la population augmentait l'espérance de vie de 0,01 QALM dans la population générale et majorait les coûts de 50 €/personne pour un ratio coût-efficacité de 57 400 € par année de vie ajustée sur la qualité (QALY). Un dépistage plus fréquent dans la population générale augmentait la survie, les coûts et les ratios coût-efficacité. Pour les usagers de drogues par injection (prévalence des non diagnostiqués 6,17% ; incidence du VIH 0,17%/an) et la population de Guyane française (prévalence 0,41% ; incidence 0,35%/an), un dépistage annuel était, comparé au dépistage tous les cinq ans, associé à des ratios coût-efficacité de 51 200 € et 46 500 €/QALY.
Conclusions – Cette modélisation suggère que la réalisation d'un test de dépistage proposé de manière ponctuelle à l'ensemble de la population en France améliore la survie comparativement à la «stratégie actuelle» et est associée à un ratio coût-efficacité comparable aux autres interventions de dépistage recommandées en Europe de l'Ouest. Dans les groupes à risque, un dépistage plus fréquent se justifie d'un point de vue économique.
 
Abstract
Background – In France, roughly 40,000 HIV-infected persons are unaware of their HIV infection. Although previous studies have evaluated the costeffectiveness of routine HIV screening in the United States, differences in both the epidemiology of infection and HIV testing behaviors warrant a setting-specific analysis for France.
Methods/Principal findings – We estimated the life expectancy (LE), cost and cost-effectiveness of alternative HIV screening strategies in the French general population and high-risk sub-populations using a computer model of HIV detection and treatment, coupled with French national clinical and economic data. We compared risk-factor-based HIV testing (''current practice'') to universal routine, voluntary HIV screening in adults aged 18-69. Screening frequencies ranged from once to annually. Input data included mean age (42 years), undiagnosed HIV prevalence (0.10%), annual HIV incidence (0.01%), test acceptance (79%), linkage to care (75%) and cost/test (€43). We performed sensitivity analyses on HIV prevalence and incidence, cost estimates, and the transmission benefits of ART. ''Current practice'' produced LEs of 242.82 quality-adjusted life months (QALM) among HIV-infected persons and 268.77 QALM in the general population. Adding a one-time HIV screening test increased LE by 0.01 QALM in the general population and increased costs by €50/person, for a cost-effectiveness ratio (CER) of €57,400 per quality-adjusted life year (QALY). More frequent screening in the general population increased survival, costs and CERs. Among injection drug users (undiagnosed prevalence 6.17%; HIV incidence 0.17%/year) and in French Guyana (prevalence 0.41%; incidence 0.35%/year), annual screening compared to every five years produced CERs of €51,200 and €46,500/QALY.
Conclusions – One-time routine HIV screening in France improves survival compared to ''current practice'' and compares favorably to other screening interventions recommended in Western Europe. In higher-risk groups, more frequent screening is economically justifiable.

Mots clés / Key words
Dépistage, VIH, coût-efficacité, modélisation / Screening, HIV, cost-effectiveness, simulation model



Acceptabilité et faisabilité du dépistage systématique du VIH dans 27 services d'urgences d'Île-de-France (ANRS 95008 et Sidaction), mai 2009-août 2010
Feasibility and patients' acceptance of routine HIV screening in 27 Emergency Departments of the Paris urban area, France, May 2009 to August 2010 (ANRS 95008 and Sidaction)
Anne-Claude Crémieux (anne-claude.cremieux@rpc.aphp.fr)1, Kayigan Wilson d'Almeida2, Gérald Kierzek3, Pierre de Truchis1, Stéphane Le Vu4, Dominique Pateron5, Bertrand Renaud6, Caroline Semaille4, François Simon7, Didier Guillemot1,8, France Lert2 et le groupe des référents urgentistes*
1/ Service des maladies infectieuses, Hôpital Raymond-Poincaré, AP-HP, Garches, et Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, France
2/ Inserm U1018, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, Villejuif, France
3/ Service des urgences de proximité, Hôtel-Dieu Cochin, AP-HP, Paris, France
4/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France
5/ Service des urgences médicales, Hôpital Saint-Antoine, AP-HP, Paris, France
6/ Service d'accueil et de traitement des urgences, Hôpital Henri-Mondor, AP-HP, Créteil, France
7/ Service de bactériologie-virologie, Hôpital Saint-Louis, AP-HP, Paris, France
8/ Inserm U657 et Institut Pasteur, Paris, France

* D. Elkharrat (Hôpital Ambroise Paré) ; C. Jordy (Hôpital André Mignot) ; M. Andronikof (Hôpital Antoine Béclère) ; D. Brun Ney (AP-HP) ; F. Adnet, B. Bernot (Hôpital Avicenne) ; L. Bucchini, P. Juvin (Hôpital
Beaujon) ; J. Depret-Vassal (Hôpital de Bicêtre) ; E. Casalino (Hôpital Bichat-Claude Bernard) ; Y.E. Claessens, A. Dabreteau, C. Ginsburg (Hôpital Cochin) ; J.P. Bal Dit Solier, S. Lehbil (Centre hospitalier
intercommunal de Créteil) ; F. Compagnon (Hôpital de Coulommiers) ; V. Jumel (Hôpital de la Croix Saint-Simon) ; M. Prevel (Hôpital Delafontaine) ; L. Debastard (Clinique des Franciscaines) ; J.L. Sebbah
(Centre hospitalier de Gonesse) ; B. Renaud, A. Santin (Hôpital Henri-Mondor) ; G. Kierzek, J.L. Pourriat (Hôtel-Dieu) ; C. Chassaignon (Hôpital Jean Verdier) ; B. Galichon, P. Plaisance (Hôpital Lariboisière) ;
P. Brun, C. Leroy (Hôpital Louis Mourier) ; S. Bendaoud, K.E. Hamdi (Hôpital Marc Jacquet) ; B. Coudert, C. Michel (Centre hospitalier intercommunal de Meulan - Les Mureaux) ; F. Thievet (Hôpital privé de
l'Ouest parisien) ; A. Afdjei (Centre médico-chirurgical de Parly 2) ; J. Chahuneau, N. Simon (Centre hospitalier intercommunal de Poissy Saint-Germain-en-Laye) ; C. Quilliec (Hôpital privé de la Providence) ;
D. Pateron, C. Lejeune (Hôpital Saint-Antoine) ; S. Dautheville, C. Vincent-Cassy, E. Hinglais (Hôpital Tenon) ; C. Le Gall (Hôpital Victor Dupouy).

Résumé
Introduction – L'acceptabilité et la faisabilité du dépistage du VIH ont été analysées dans 27 services d'urgences d'Île-de-France, au cours d'une étude visant à évaluer l'impact en termes de santé publique d'un dépistage systématique du VIH en population générale.
Méthodes – Pendant six semaines consécutives, le personnel des urgences, secondé si nécessaire par le personnel de l'étude, a proposé systématiquement aux consultants adultes un dépistage du VIH par test de dépistage rapide (TDR).
Résultats – Parmi les 120 155 patients, 67 229 étaient éligibles et 11 636 ont été testés (taux de faisabilité : 17,3%). La faisabilité était plus élevée dans les services où le flux était inférieur à 75 patients/jour, lorsque la proposition était faite par l'équipe des urgences et dans les services situés à Paris intra muros. Environ deux tiers des personnes à qui le dépistage était proposé l'ont accepté.
Conclusion – Le dépistage en routine du VIH est bien accepté aux urgences et sa faisabilité est variable d'un centre à l'autre. L'intégration du dépistage à l'activité courante, quand elle est possible, apparaît plus efficace que l'affectation de personnel dédié, et les obstacles à la réalisation d'un tel dépistage semblent tenir davantage au flux des consultants et aux possibilités d'organisation des services d'urgences qu'aux attitudes de la population.
 
Abstract
Introduction – Acceptability and feasibility of HIV screening were analyzed in 27 emergency departments (ED) of Île-de-France area, during a study which aimed at assessing the public health impact of routine HIV screening in the general population.
Methods – During a six week period, ED's staff, supported when necessary by research staff, offered HIV rapid test (HIV RT) to all adult patients.
Results – Among the 120,155 patients who consulted, 67,229 were eligible and 11,636 were actually tested (feasibility rate: 17.3%). Higher feasibility rates were obtained in EDs seeing <75 patients/day, when HIV RT were proposed by the ED's team and in inner Paris EDs. Around two-thirds of patients accepted the proposition of being tested.
Conclusion – Routine HIV screening is well accepted by the population consulting in EDs and large variations in feasibility rates are observed among EDs. Integrating HIV screening into routine care when possible appears to be more effective than using dedicated staff. Obstacles to such a screening seems to come more from EDs crowding and organisational possibilities than from population's behaviour.

Mots clés / Key words
VIH, tests rapides, dépistage, urgences / HIV, rapid tests, screening, emergency department



Prévalence du VIH et comportement de dépistage des hommes fréquentant les lieux de convivialité gay parisiens, Prevagay 2009
HIV prevalence and HIV testing behaviour among men who attend commercial gay venues in Paris (France), PREVAGAY 2009 Survey
Annie Velter (a.velter@invs.sante.fr)1, Francis Barin2, Alice Bouyssou1, Stéphane Le Vu1, Jérôme Guinard2, Josiane Pillonel1, Caroline Semaille1
1/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France
2/ Inserm U966, Centre national de référence du VIH, Tours, France

Résumé
En 2009, l'Institut de veille sanitaire a initié la première enquête de séroprévalence pour le VIH auprès des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) fréquentant des lieux de convivialité gay parisiens.
L'enquête transversale anonyme a été réalisée à Paris dans 14 établissements commerciaux de convivialité gay (saunas, backrooms et bars). Les HSH déposaient sur un papier buvard un échantillon de sang par auto-prélèvement capillaire au bout du doigt, puis complétaient un auto-questionnaire comportemental. La recherche des anticorps anti-VIH a été réalisée en laboratoire avec le test Genscreen ultra HIV Ag-Ab® (Biorad) ; les échantillons positifs ont été confirmés par Western Blot.
Au total, 919 HSH ont accepté de participer (58%). La prévalence pour le VIH était de 17,7%, (IC95% [15,3-20,4]). Le recours à un test de dépistage du VIH dans les 12 derniers mois était de 62%. Cependant, 20% des HSH séropositifs ignoraient leur séropositivité. L'activité sexuelle et les comportements sexuels à risque étaient importants parmi les HSH séropositifs pour le VIH.
Bien que les résultats ne puissent être généralisés à l'ensemble de la population des HSH, ils incitent à poursuivre les actions préventives dans les lieux de convivialité gay tout en promouvant un dépistage adapté.
 
Abstract
In 2009, the French Institute for Public Health Surveillance set up the first community based survey which provides both HIV sero-prevalence and incidence among men who have sex with men (MSM) in Paris gay venues.
An anonymous cross-sectional survey was conducted in 14 Paris gay commercial venues with or without sex (saunas, backrooms and bars). MSM were invited to self-collect a fingerprick blood sample on blotting paper, then to self-complete a behavioural questionnaire. Blood samples were screened using the Genscreen-ultra-HIV-Ag-Ab® (Biorad) assay and confirmed by Western Blot.
In all, 919 MSM accepted to participle (58%). The HIV sero-prevalence was 17.7% [95%CI: 15.3-20.4]. A high proportion of participants reported having had a HIV test in previous year (62%). Nevertheless, 20% of HIV-positive MSM were unaware of their positive status. HIV-positive MSM, diagnosed and undiagnosed, reported greater sexual activity and sexual risk.
Even if those results can not be generalised to the whole MSM population, they call for emergency effective prevention and testing programs targeting MSM.

Mots clés / Key words
VIH, prévalence, hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, dépistage, comportements sexuels à risque / HIV, prevalence, men who have sex with men, screening, sexual risk behaviours



Surveillance de l'infection à VIH-sida en France, 2009
Surveillance of HIV/AIDS infection in France, 2009
Françoise Cazein1, Florence Lot1, Josiane Pillonel (j.pillonel@invs.sante.fr)1, Roselyne Pinget1, Vanina Bousquet1, Yann Le Strat1, Pascale Bernillon1, Stéphane Le Vu1, Marlène Leclerc1, Lotfi Benyelles1, Hélène Haguy1, Sylvie Brunet2, Damien Thierry2, Francis Barin2, Caroline Semaille1
1/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France
2/ Inserm U966, Centre national de référence du VIH, Tours, France

Résumé
Cet article présente la situation de l'infection VIH et du sida en France en 2009, à partir de la notification obligatoire du VIH et du sida et de la surveillance virologique.
Le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité en 2009 est estimé à environ 6 700 [IC 95% : 6 400-6 900], nombre en légère augmentation par rapport à 2008 (6 400 [IC 95% : 6 200-6 600]). Cette augmentation n'est retrouvée que chez les hommes homosexuels (2 500 en 2009).
En 2009, environ 4 000 séropositivités VIH ont été découvertes chez des personnes contaminées par rapports hétérosexuels et concernent environ 1 600 femmes et 1 100 hommes nés à l'étranger, 750 hommes et 500 femmes nés en France. Enfin, 85 usagers de drogues injectables ont découvert leur séropositivité en 2009.
La proportion d'infections à VIH-2 est de 1,7% en 2009. Parmi les infections à VIH-1, la proportion de sous-types non-B est stable depuis 2008 autour de 40%. La part des infections récentes chez les adultes est de 30%. Parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité VIH en 2009, 28% avaient un taux de lymphocytes CD4 à moins de 200/mm3 au moment du diagnostic et 30% à 500 et plus.
Concernant les nouveaux diagnostics de sida, dont le nombre diminue depuis plusieurs années (environ 1 400 en 2009), les homosexuels représentent également le seul groupe pour lequel le nombre de cas augmente en 2009.
Les tendances depuis 2003 restent particulièrement inquiétantes chez les homosexuels. Il est indispensable d'intensifier le dépistage et en particulier de renforcer le dépistage précoce après prise de risque, afin de réduire le risque de contamination très élevé en phase de primo-infection. Ceci est un des aspects de la nouvelle stratégie visant à élargir le dépistage à la population générale et à le répéter dans les populations exposées au VIH.
 
Abstract
This article presents data on HIV infection and AIDS diagnoses in France in 2009, based on HIV and AIDS case mandatory reporting and virological surveillance.
The number of new HIV diagnoses in 2009 was estimated to be around 6,700 [CI 95%: 6,400-6,900], increasing slightly since 2008 (6,400 [CI 95%: 6,200-6,600]). This increase was only found in homosexual men (2,500 in 2009).
In 2009, approximately 4,000 new HIV infections were diagnosed in persons infected through heterosexual contact: around 1,600 women and 1,100 men born abroad, 750 men and 500 women born in France. Around 85 injecting drug users were newly diagnosed in 2009.
The proportion of HIV-2 infection was 1.7% in 2009. Among people infected with HIV-1, the proportion of non-B subtypes has been stable since 2008 at around 40%. The proportion of recent infections in adults newly diagnosed was 30%.
Among people newly diagnosed for HIV in 2009, 28% had a CD4 lymphocytes count lower than 200/mm3 at the time of diagnosis, and 30% had 500 and more. The number of new diagnoses of AIDS has been decreasing for several years (around 1,400 in 2009). Homosexual men were the only group for which the number of cases increased in 2009.
Since 2003, trends remain particularly worrying among homosexuals. It is essential to scale-up HIV screening, and to encourage early detection of HIV infection after risk exposures, to reduce the risk of transmission, which is particularly high during primary infection. This is a component of the new strategy to expand screening to the general population and replicate it in populations exposed to HIV.

Mots clés / Key words
VIH, sida, surveillance, déclaration obligatoire, surveillance virologique, France / HIV, AIDS, epidemiological surveillance, mandatory reporting, virological surveillance, France



Incidence de l'infection par le VIH en France, 2003-2008*
Incidence of HIV infection in France, 2003-2008
Stéphane Le Vu (s.levu@invs.sante.fr)1,2, Yann Le Strat1, Francis Barin4, Josiane Pillonel1, Françoise Cazein1, Vanina Bousquet1, Sylvie Brunet4, Damien Thierry4, Caroline Semaille1, Laurence Meyer2,3, Jean-Claude Desenclos1
1/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France
2/ Inserm U1018, Le Kremlin-Bicêtre, France
3/ Service d'épidémiologie et de santé publique, Hôpital Bicêtre, Assistance Publique–Hôpitaux de Paris, Le Kremlin-Bicêtre, France
4/ Inserm U966, Centre national de référence du VIH, Tours, France

*Ce texte est une version courte de l'article initialement publié en anglais sous la référence suivante : Le Vu S, Le Strat Y, Barin F, Pillonel J, Cazein F, Bousquet V, et al. Population-based HIV-1 incidence in France, 2003-08: a modelling analysis. Lancet Infect Dis. 2010(10):682-7.

Résumé
Introduction – En France, la surveillance des diagnostics d'infection par le VIH a intégré, dès sa mise en place en 2003, la détection des infections récentes. À partir du nombre de nouveaux diagnostics détectés durant l'infection récente par le VIH, et en tenant compte des comportements de dépistage, notre objectif était d'estimer l'incidence de l'infection par le VIH en France dans la période 2003-2008.
Méthodes – Nous avons analysé les déclarations de séropositivité concernant les nouveaux diagnostics d'infection par le VIH parvenues à l'Institut de veille sanitaire entre janvier 2003 et décembre 2008. Les données manquantes ont été prises en compte par imputation multiple. Les patients ont été classés avec une infection récente ou non-récente sur la base du test EIA-RI, calibré à partir d'échantillons de séroconverteurs suivis par la cohorte ANRS-PRIMO. Nous avons adapté une approche par extrapolation stratifiée pour calculer le nombre de nouvelles infections par le VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), les usagers de drogues injectables (UDI), et les hommes et les femmes hétérosexuels, par nationalité. Les tailles de population ont été obtenues à partir du recensement et d'études comportementales au niveau national.
Résultats – Le nombre de nouvelles infections par le VIH en 2008 est estimé à 6 940 [6 200-7 690], correspondant à un taux d'incidence du VIH de 17 pour 100 000 personnes-années. En 2008, on comptait 3 550 [3 040-4 050] nouvelles infections chez les hétérosexuels (taux d'incidence de 9 pour 100 000 personnes-années), 3 320 [2 830–3 810] chez les HSH (1 006 pour 100 000 personnes-années), et 70 [0–190] chez les UDI (86 pour 100 000 personnes-années). L'incidence globale du VIH a diminué entre 2003 et 2008, mais reste comparativement élevée et stable chez les HSH. Seulement 1% des nouvelles infections est attribuable à l'usage de drogue par injection.
Conclusion – En France, la transmission du VIH affecte de façon disproportionnée certains groupes à risque et semble être incontrôlée dans la population HSH. L'incidence devra être suivie afin d'analyser la dynamique de transmission dans les différents groupes à risque et contribuer au ciblage et à l'évaluation de stratégies de prévention.
 
Abstract
Background – Routine national incidence testing with enzyme immunoassay for recent HIV-1 infections (EIA-RI) has been done in France since January, 2003. From the reported number of HIV infections diagnosed as recent, and accounting for testing patterns and under-reporting, we aimed at estimating the incidence of HIV infection in France in 2003–2008.
Methods – We analysed reports from the French Institute for Public Health Surveillance for patients who were newly diagnosed with HIV between January 2003 and December 2008. Missing data were imputed with multiple imputations. Patients were classified with non-recent or recent infection on the basis of an EIA-RI test, which was calibrated with serial measurements from HIV seroconverters from the French ANRS-PRIMO cohort. An adapted stratified extrapolation approach was used to calculate the number of new HIV infections in men who have sex with men (MSM), injecting drug users (IDUs), and heterosexual men and women by nationality. Population sizes were obtained from the national census and national behavioural studies.
Results – We estimate that there were 6,940 [6,200-7,690] new HIV infections in 2008, suggesting an HIV incidence of 17 per 100,000 person-years. In 2008, there were 3,550 [3,040-4,050] new infections in heterosexuals (incidence rate of 9 per 100,000 person-years), 3,320 [2,830-3,810] in MSM (incidence of 1,006 per 100,000 person-years), and 70 [0-190] in IDUs (incidence of 86 per 100,000 person-years). Overall HIV incidence decreased between 2003 and 2008 (p<0.0001), but remained comparatively high and stable in MSM. Only 1% of new infections are attributable to injecting drug use.
Conclusion – In France, HIV transmission disproportionately affects certain groups at risk and seems to be out of control in the MSM population. Incidence should be followed-up in order to monitor the transmission dynamics in the various groups at risk in the population and help to target and assess prevention strategies.

Mots clés / Key words
VIH, surveillance, incidence, infection récente / HIV, epidemiological surveillance, incidence, recent infection



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Mise en ligne le 30 novembre 2010
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