BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
23 novembre 2010 / n°44


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Sommaire

- Dépistage du saturnisme chez les jeunes enfants dans les Bouches-du-Rhône (France), avril-juillet 2008 / Screening of young children for lead poisoning in the Bouches-du-Rhône district (France), April-July 2008 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Cas groupés de fièvre typhoïde autochtone en Ille-et-Vilaine (France), avril 2009 / Cluster of typhoid fever cases in Ille-et-Vilaine (France), April 2009 [ Lire le résumé / Read the abstract ]



Dépistage du saturnisme chez les jeunes enfants dans les Bouches-du-Rhône (France), avril-juillet 2008
Screening of young children for lead poisoning in the Bouches-du-Rhône district (France), April-July 2008
Martine Boyer1 (martine.boyer@cg13.fr), Nicole Maurin1, Johanne Prudhomme1, Jean-Luc Duponchel2, Jacques Collomb1, Françoise Pelleing3, Eliane Suzineau1 et le Réseau Saturne Sud4
1/ Conseil général des Bouches-du-Rhône, Marseille, France
2/ Direction départementale des affaires sanitaires et sociales des Bouches-du-Rhône, Marseille, France
3/ Inspection académique des Bouches-du-Rhône, Marseille, France
4/ Réseau de dépistage et de prévention du saturnisme chronique de l'enfant, Marseille, France

Résumé
Objectif – L'objectif de ce travail était d'évaluer la faisabilité du repérage d'enfants à risque de saturnisme, au moyen d'un outil simple d'aide à la décision, lors de consultations PMI ou à l'occasion des bilans systématiques en école maternelle, et d'évaluer la pertinence des critères de repérage retenus.
Méthodes – Du 21 avril au 2 juillet 2008, des enfants à risque de saturnisme âgés de 1 à 6 ans ont été repérés en consultation de PMI ou lors de bilans de santé à l'école maternelle, au moyen d'une fiche préétablie, sur des critères environnementaux et cliniques. Les enfants ainsi repérés ont été orientés vers un dépistage (réalisation d'une plombémie), et pris en charge suivant les recommandations préconisées au niveau national. Les facteurs de risque ont été analysés dans les fiches de repérage recueillies.
Résultats – Le nombre de fiches recueillies a été de 6 125 ; 347 enfants ont été orientés, parmi lesquels 185 ont été dépistés (plombémie réalisée) : 134 enfants ont eu un résultat négatif de plombémie, 44 étaient imprégnés (plombémie entre 30 et 99 μg/l) et 7 étaient intoxiqués (plombémie ≥ 100 μg/l). Les principaux facteurs de risque au repérage étaient : le comportement de pica, l'habitat ancien d'avant 1949, dégradé, réhabilité ou non, le jeune âge des enfants (la moitié avait de 1 à 2 ans). Si le critère habitat ancien a bien mis en évidence des zones attendues à risque, l'intoxication nécessite d'autres facteurs : pica, jeune âge, habitudes socioculturelles et précarité. Ainsi l'habitat ancien reste prédominant dans le repérage des enfants imprégnés, mais l'intoxication demeure multifactorielle.
Tous les enfants intoxiqués ont été repérés en consultation PMI ; six étaient âgés de moins de 3 ans et tous avaient moins de 5 ans. Pour les enfants imprégnés, 77% ont été aussi repérés en consultation PMI.
Discussion-conclusion – De cette enquête, on peut retenir la pertinence de la fiche et des critères utilisés, la prédominance du jeune âge et l'importance d'acteurs efficients. Une simplification des procédures pourrait permettre d'augmenter le nombre de plombémies réalisées après repérage. Cet outil simple, utilisable par tous les acteurs de terrain, pourrait optimiser un dépistage ciblé.

 

Abstract
Objectives – The aim of this study is to estimate during MCH (Maternal and Child Health) and pre-school medical consultations, the feasability of lead poisoning screening using a simple tool to assist decision, and to determine the relevance of the chosen screening criteria.
Methods – From 21 April to 2 July 2008, children aged 1 to 6 years old at risk of lead poisoning were identified during the MCH and pre-school medical consultations through a screening questionnaire based on environmental and clinical criteria. Those children were therefore referred for blood lead level tests. They were taken care of according to the national advised recommendations. The gathered screening forms were used to analyse risk factors.
Results – 6,125 screening forms were collected: 347 children were referred to conduct further tests, 185 were tested, 134 children had negative results, 44 were diagnosed lead impregnated (lead blood level between 30 and 99 μg/l) and 7 were diagnosed as poisoned (lead blood level ≥ to 100 μg/l). The main factors to lead poisoning are: pica behaviour, housing built before 1949, deteriorated, rehabilitated or not, the young age of children (half of them were between 1 and 2 years old). If the criterion on old housing was identified as high risk environment, lead poisoning involves other factors: pica, young age, socio-cultural habits and precariousness. Thus, if old housing remains an important factor to screen children impregnated with lead, lead poisoning remains multifactorial.
All lead poisoned children were screened during MCH consultations; six were under 3 years old and all of them were under 5 years old. Seventy seven percent of lead-impregnated children were also screened during MCH consultations.
Discussion-conclusion – From this report, one can keep in mind the relevance of the screening form and the criteria used, the dominance of children's young age and the importance of efficient actors. However, it would be useful to simplify the procedures in order to raise the amount of lead blood tests, and optimize targeted screening using this simple tool by all the practioners.


Mots clés / Key words
Saturnisme, dépistage, enfants / Lead poisoning, screening, children



Cas groupés de fièvre typhoïde autochtone en Ille-et-Vilaine (France), avril 2009
Cluster of typhoid fever cases in Ille-et-Vilaine (France), April 2009
Pascaline Loury1,2 (pascaline.loury@ars.sante.fr), Hélène Tillaut1, Marlène Faisant1, Nicole Paillereau3, Michel Marquis3, Cécile Mari3, Alain Briand1, Rémi Demillac1, Gilles Delmas4
1/ Cellule de l'Institut de veille sanitaire en région Ouest, Rennes, France
2/ Programme de formation à l'épidémiologie de terrain (Profet), Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France ; École des hautes études en santé publique, Rennes, France
3/ Direction départementale des affaires sanitaires et sociales d'Ille-et-Vilaine, Rennes, France
4/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

Résumé
Introduction – Le 10 juin 2009, le Centre national de référence (CNR) des Salmonella identifiait deux souches de S. Typhi provenant d'Ille-et- Vilaine et présentant un profil de résistance aux antibiotiques spécifique de souches d'Afrique centrale et de l'Ouest. Les cas de fièvre typhoïde n'avaient pas voyagé en Afrique, Asie ou Amérique latine, mais avaient participé à un même repas festif le 28 mars.
Méthode – Une recherche active de cas et une étude épidémiologique de type cohorte ont été menées.
Résultats – Cinquante-cinq des 67 convives ont été interrogés ; plus de la moitié avait moins de 20 ans. En plus des 2 cas initialement signalés, une personne ayant présenté des céphalées persistantes et un épisode de diarrhées a été considérée comme cas probable.
Le risque d'avoir développé une fièvre typhoïde était significativement associé à la consommation de poulet (p=0,02) et de tiep (plat africain) (p=0,01) après 23 heures ou le lendemain. Les aliments avaient été achetés localement. Aucun des cuisiniers n'avait d'antécédent de fièvre typhoïde. Face à l'absence de cas dans l'entourage, la recherche microbiologique de portage de la bactérie n'a pas été entreprise.
Conclusion – Cet épisode de 3 cas de fièvre typhoïde autochtones est probablement lié à la consommation d'aliments contaminés par un porteur sain de S. Typhi. Il rappelle que le diagnostic ne doit pas être systématiquement écarté en l'absence de voyage en zone endémique.
 
Abstract
Introduction – On 10 June 2009, the National Reference Center for Salmonella identified two strains of S. Typhi from Ille-et-Vilaine with a profile of antibiotic resistance specific of strains located in Central and West Africa. None of the corresponding cases of typhoid fever had traveled to Africa, Asia nor Latina America, however they reported having participated in the same festive meal on 28 March.
Method – Active case-finding as well as an epidemiological investigation, cohort-based, were performed.
Results – Fifty-five of the 67 guests were interviewed, most of half of them were under 20 years old. In addition to the 2 initially reported cases, one guest which presented persistent headache and diarrhea was considered as a probable case.
The risk of contracting typhoid fever was associated to chicken (p=0.02) and tiep (an African meal) (p=0.01) consumption after 11pm or the day after. All the food items composing the meal were bought in local stores. None of the cooks had contracted typhoid fever in their life. Due to the absence of cases among the guests, microbiological search for healthy carrier of S. Typhi on cooks was not conducted.
Conclusion – This outbreak of three autochthonous typhoid fever cases is probably linked to the consumption of food contaminated during its manipulation by an asymptomatic carrier of S.Typhi. The diagnosis of typhoid fever should not be discarded systematically in the absence of travel to endemic areas.


Mots clés / Key words
Fièvre typhoïde autochtone, porteur, investigation, cas groupés / Autochthonous typhoid fever, carrier, investigation, cluster



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Mise en ligne le 23 novembre 2010
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