BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
12 octobre 2010 / n°38-39


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Sommaire

- Signalements externes des infections nosocomiales, France, 2007-2009 / Notification of healthcare-associated infections, France, 2007-2009 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Dépistage du saturnisme chez l’enfant en France : données de surveillance 2005-2007 / Lead poisoning screening in children in France: surveillance data from 2005 to 2007 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- En période hivernale, l’évolution des rhinopharyngites infantiles est-elle annonciatrice des épidémies de grippe ? / During winter, might childhood rhinopharyngitis be a proxy of Influenza Like Illnesses? [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Infections à VHC (génotypes 4, 5 et 6) en Languedoc-Roussillon, France, entre 1993 et 2008 / HCV infections (genotypes 4, 5 and 6) in the Languedoc-Roussillon region, France, between 1993 and 2008 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Errata. BEH n° 34-36, 21 septembre 2010 et BEH Hors-série, 14 septembre 2010



Signalements externes des infections nosocomiales, France, 2007-2009
Notification of healthcare-associated infections, France, 2007-2009
Isabelle Poujol (i.poujol@invs.sante.fr)1, Jean-Michel Thiolet1, Claude Bernet2, Anne Carbonne3, Catherine Dumartin4, Hélène Sénéchal5, Loïc Simon6, Anne-Gaëlle Venier4, Sophie Alleaume1, Bruno Coignard1
1/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France
2/ CClin Sud-Est, Lyon, France
3/ CClin Paris-Nord, Paris, France
4/ CClin Sud-Ouest, Bordeaux, France
5/ CClin Ouest, Rennes, France
6/ CClin Est, Nancy, France

Résumé
Depuis 2001, le signalement externe de certaines infections nosocomiales (IN), rares ou sévères, est obligatoire dans les établissements de santé (ES) et le bon fonctionnement de ce système d’alerte repose notamment sur l’adhésion des équipes hospitalières.
De 2007 à 2009, 3 721 signalements totalisant 15 192 cas d’infections ou colonisations ont été reçus au niveau national, soit une moyenne de 1 240 signalements par an, en augmentation de 23 % par rapport à 2006 ; 35 % des signalements recensés correspondaient à des cas groupés. Les microorganismes
les plus fréquemment à l’origine d’un signalement étaient Clostridium difficile (15 %), Enterococcus spp (14 %) et Staphylococcus spp (9 %). Outre une aide au quotidien apportée aux ES, le signalement a permis de confirmer le contrôle progressif d’épidémies régionales connues, en particulier celles à C. difficile dans le Nord-Pas-de-Calais ou à entérocoques résistants aux glycopeptides en Lorraine. Il a aussi permis d’identifier de nouveaux risques émergents, tels que ceux liés à l’importation de l’étranger de bactéries hautement résistantes, ou à certaines pratiques de soins en ville. En 2009, 46 % des ES français avaient effectué au moins un signalement depuis 2001 ; des disparités subsistaient dans les taux de signalement selon les interrégions, en partie liées à certaines épidémies régionales et traduisant une appropriation encore variable du dispositif. De nouvelles initiatives permettront prochainement de renforcer ce système d’alerte : amélioration des retours d’expérience, programmes de formation renouvelés et déploiement de l’outil de signalement électronique Sin@pse fin 2011.
 

Abstract
TSince 2001, the notification of rare or severe healthcare-associated infections (HAI) is mandatory for any French healthcare facility (HCF), and healthcare professionals need to adhere to this early warning system for it to be effective.
From 2007 to 2009, 3,721 notifications accounting for 15,192 infections or colonisations were received at national level, i.e., 1,240 notifications a year on average, a 23% increase compared to 2006; 35% of notifications were related to HAI clusters. Clostridium difficile (15%), Enterococcus spp (14%) and Staphylococcus spp (9%) were the most frequently notified microorganisms. Besides providing daily support to HCF, this early warning system confirmed the progressive control of known regional outbreaks, such as a C. difficile outbreak in Nord – Pas-de-Calais or a vancomycin-resistant Enterococci outbreak in Lorraine. New, emerging risks were also identified, such as the cross-border transfer of patients with multidrug-resistant microorganisms, or risks associated with healthcare practices in outpatient settings. In 2009, 46% of French HCF had sent at least one HAI notification since 2001; regional variations in notification rates, which may be related to regional outbreaks, were identified and demonstrate that adhesion of healthcare professionals still needs to be improved. New initiatives will soon be implemented in order to reinforce this early warning system: better and quicker feedback of experiences, new training sessions for professionals and deployment of the Sin@pse web-based system in 2011.


Mots clés / Key words
Infection nosocomiale, alerte, investigation d’épidémie, France / Cross infection, early warning, outbreak investigation, France



Dépistage du saturnisme chez l’enfant en France : données de surveillance 2005-2007
Lead poisoning screening in children in France: surveillance data from 2005 to 2007
Camille Lecoffre (c.lecoffre@invs.sante.fr)1, Claire Provini1, Robert Garnier2, Laurence Lagarce3, Sabine Sabouraud4, Christophe Heyman5, Luc Ginot6, Jacques Cheymol7, Philippe Bretin1
1/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France
2/ Centre antipoison et de toxicovigilance de Paris, France
3/ Centre antipoison et de toxicovigilance d’Angers, France
4/ Centre antipoison et de toxicovigilance de Lyon, France
5/ Cellule de l’Institut de veille sanitaire en région Nord, Lille, France
6/ Service communal d’hygiène et de santé d’Aubervilliers, France
7/ Pédiatre libéral, Clichy, France

Résumé
Introduction – Cet article présente le bilan de l’activité de dépistage du saturnisme chez l’enfant en France sur la période 2005-2007 et une analyse de son évolution dans le temps.
Méthode – Les résultats présentés concernent les enfants de 0 à 17 ans ayant bénéficié de plombémies du fait de facteurs de risque d’exposition au plomb. Les données proviennent du système national de surveillance des plombémies chez l’enfant. Ce système enregistre toutes les plombémies quel que soit leur résultat, ainsi que les déclarations obligatoires de cas de saturnisme chez l’enfant (plombémie supérieure ou égale à 100 μg/L).
Résultats – Environ 9 000 enfants en 2005 et 7 500 en 2006 et en 2007 ont bénéficié d’un premier dosage de la plombémie. La répartition géographique du dépistage du saturnisme est très hétérogène ; l’activité est principalement concentrée en Île-de-France (64%). La moyenne géométrique des plombémies de primodépistage est passée de 59 μg/L en 1995 à 23 μg/L en 2007. La proportion de cas de saturnisme au primodépistage s’élevait à 4,1% sur la période 2005-2007. Les cas incidents étaient 497 en 2005, 435 en 2006 et 333 en 2007. Environ un quart des cas primodépistés en 2005 n’a pas bénéficié de plombémies de contrôle fin 2007.
Conclusion – Les actions de prévention mises en place depuis le milieu des années 1980 ont contribué à réduire l’exposition au plomb des enfants et le nombre de cas incidents. Le ciblage des enfants dépistés est efficace puisque la prévalence dans cette population est 40 fois supérieure à la prévalence dans la population générale. Le diagnostic de plus de 300 cas en 2007 montre que les actions de prévention individuelles et collectives doivent être poursuivies.

 

Abstract
Introduction – This article presents the results of children lead poisoning screening in France for the period 2005-2007 and the analysis of the temporal evolution.
Methods – Results are those of children aged from 0 to 17 years, who had blood lead tests because of lead exposure risk factors. Data are obtained from the national surveillance system of lead poisoning screening in children. This system records all blood lead tests measured, whatever the result may be, as well as reports to local health authorities on news cases of lead poisoning (blood lead level (BLL) ≥ 100 μg/L) in children.
Results – Around 9,000 children in 2005 and 7,500 in 2006 and in 2007 had a first blood lead test. The screening activity was geographically heterogeneous; it was mainly concentrated in the Greater Paris area (64%). The BLL geometric mean decreased from 59 μg/L in 1995 to 23 μg/L in 2007. The rate of lead poisoning cases among first tested children was 4.1% in 2005-2007. In 2005, 497 incidents cases were diagnosed, 435 in 2006, and 333 in 2007. For about 25% of children with a first BLL ≥ 100 μg/L, no follow-up test was registered at the end of 2007.
Conclusion – Prevention measures implemented since the middle of the 1980’s have reduced the children exposure to lead and the number of lead- poisoned children. Lead poisoning screening is efficient because the prevalence of elevated BLL is 40 times higher in screened children than in the general population. However, individual and mass prevention actions must continue, considering the diagnostic of more than 300 cases in 2007.


Mots clés / Key words
Saturnisme, dépistage, enfants, plomb / Lead poisoning, screening, children, lead



En période hivernale, l’évolution des rhinopharyngites infantiles est-elle annonciatrice des épidémies de grippe ?
During winter, might childhood rhinopharyngitis be a proxy of influenza-like illnesses?
Laurent Toubiana1,2,3 (laurent.toubiana@inserm.fr), Maud Pousset1,3, Claude Messiaen1,3, Paul Landais1,3
1/ Unité de recherche EA 4067 « NAMADES », Université Paris Descartes, Faculté de Médecine, Paris, France
2/ Inserm, Scepid « Systèmes complexes et épidémiologie », Paris, France
3/ Service de Biostatistique et d’Informatique médicale, AP-HP, Groupe hospitalier Necker-Enfants Malades, Paris, France

Résumé
Introduction – La surveillance épidémiologique de maladies transmissibles en France, par la mise en place d’observatoires ou de réseaux de médecins, permet d’étudier à grande échelle la concomitance de certains épisodes épidémiques comme les syndromes grippaux et les rhinopharyngites infantiles.
Méthodes – Nous proposons une méthode d’estimation du délai entre l’apparition d’une élévation d’incidence des rhinopharyngites et celle des syndromes grippaux en période hivernale. Les données utilisées sont celles recueillies par l’observatoire Hivern@le-KhiObs® et le réseau Sentinelles® au cours des saisons 2005-2006, 2006-2007 et 2007-2008. Nous avons estimé ces délais en France métropolitaine, aux niveaux global et régional.
Résultats – Pour ces trois saisons consécutives, l’élévation d’incidence des rhinopharyngites précédait l’arrivée de l’épidémie de grippe avec un délai compris entre 4 et 10 jours.
Conclusion – L’étude de l’évolution de l’incidence des rhinopharyngites pourrait être considérée comme un indicateur complémentaire, confirmant l’arrivée imminente d’une épidémie de grippe.
 
Abstract
Background – The epidemiological surveillance of communicable diseases in France, enables studying concomitance between influenza-like illness (ILI) and rhinopharyngitis (Rhi) weekly incidences.
Methods – We propose a method dedicated to estimate the delay of occurrence between ILI and Rhi. The data were collected by the observatory Hivern@le-KhiObs and the “Sentinelles®” network during three consecutive winter seasons from 2005 to 2008 at national and regional levels.
Results – Considering these three winter seasons, we found that rhinopharyngitis preceded every ILI epidemic episode with a delay of 4 to 10 days.
Conclusion – Studying the growing incidence of rhinopharyngitis during winter may be considered as an indicator, among others, confirming the imminent occurrence of an ILI epidemic.


Mots clés / Key words
Maladies transmissibles, affection ORL aiguë de l’enfant, systèmes d’information multi-sources, réseaux de santé, méthodes informatiques pour la santé publique / Communicable diseases, acute ENT diseases in children, multi-source information system, health networks, computer methods for public health



Infections à VHC (génotypes 4, 5 et 6) en Languedoc-Roussillon, France, entre 1993 et 2008
HCV infections (genotypes 4, 5 and 6) in the Languedoc- Roussillon region, France, between 1993 and 2008
Jenica Pastor1,3, Grégoire Mercier (g-mercier@chu-montpellier.fr)2,3, Édouard Tuaillon1,3, Anne-Marie Mondain1, Laure Ottomani1, Pierre Dujols2,3, Philippe Van de Perre1,3, Jacques Ducos1,3
1/ Laboratoire de virologie, Centre hospitalier universitaire de Montpellier, France
2/ Département d’information médicale, Centre hospitalier universitaire de Montpellier, France
3/ Unité de recherche EA 4205, Université Montpellier 1, France

Résumé
L’hépatite C est un problème de santé publique important dans la région Languedoc-Roussillon. Peu de données épidémiologiques sont disponibles, notamment sur les génotypes 4, 5 et 6.
Notre objectif était de décrire les cas d’infection à VHC (génotypes 4, 5 et 6) diagnostiqués entre 1993 et 2008, chez des patients domiciliés dans la région Languedoc-Roussillon, dans un réseau de laboratoires.
Au total, 443 cas ont été inclus parmi lesquels 376 génotypes 4 (dont 187 sous-types 4a et 156 sous-types 4d), 63 génotypes 5 et 4 génotypes 6. Le nombre annuel de cas diagnostiqués avait tendance à diminuer depuis 1999. Le génotype 4 était associé au sexe masculin, à un âge jeune, à l’usage de drogues par voie intraveineuse et à la co-infection par le VHB ou le VIH. Cette association était particulièrement forte pour le sous-type 4d. Ces données soulignent le besoin de cibler les programmes de lutte contre l’hépatite C et de renforcer la réduction des risques de transmission du VHC chez les usagers de drogues.
 
Abstract
Hepatitis C is a severe public health issue in the Languedoc-Roussillon region, France. Few epidemiological data is available, especially regarding genotypes 4, 5 and 6.
The aim of this study was to describe the cases of HCV (genotypes 4, 5 and 6) diagnosed in a network of laboratories between 1993 and 2008 in patients living in the Languedoc-Roussillon region, France.
In all, 443 cases of HCV infection were included: 376 genotypes 4 (of which 187 subtypes 4a and 156 subtypes 4d), 63 genotypes 5 and 4 genotypes 6. The annual number of diagnosed cased tended to decrease from 1999. Genotype 4 was linked to male gender, young age, intravenous drug injection and HBV or HIV co-infection. This association was stronger regarding the subtype 4d. These data stress the need to target programs against hepatitis C and to reinforce the reduction of HCV transmission risks among drug users.

Mots clés / Key words
VHC, génotypes VHC, épidémiologie / HCV, HCV genotypes, epidemiology


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Mise en ligne le 12 octobre 2010
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