BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
13 juillet 2010 / n°29


- Télécharger le BEH au format Acrobat Reader (pdf - 504 Ko)


Sommaire

- Lettre à l’éditeur à propos de l’article « Tuberculose résistante en Seine-Saint-Denis : étude du dépistage autour des cas »

- Enquête nationale sur le diagnostic des infections à Yersinia entéropathogènes en France métropolitaine en 2003 / National survey on diagnosis of enteropathogenic Yersinia infections in metropolitan France, 2003 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Errata « Recommandations sanitaires pour les voyageurs 2010 » BEH n° 21-22, 1er juin

- Cours international d’épidémiologie appliquée (IDEA) 2010



Enquête nationale sur le diagnostic des infections à Yersinia entéropathogènes en France métropolitaine en 2003
National survey on diagnosis of enteropathogenic Yersinia infections in metropolitan France, 2003

Cyril Savin (cyril.savin@pasteur.fr)1, Alexandre Leclercq1, Edith Laurent2, Elisabeth Carniel1, Véronique Vaillant2
1/ Institut Pasteur, Unité de recherche Yersinia, CNR de la peste et autres yersinioses, Paris, France
2/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France


Résumé
L’Institut de veille sanitaire et le Centre national de référence des Yersinia ont réalisé une enquête postale auprès d’un échantillon aléatoire de laboratoires d’analyse médicale (Lam) français. Les objectifs étaient de : déterminer le nombre de coprocultures avec recherche de Yersinia effectuées par ces Lam ; estimer la fréquence d’isolement des Yersinia dans ces coprocultures ; faire un inventaire des différentes méthodes d'isolement des Yersinia utilisées ; et déterminer le taux d’identification et de caractérisation des souches.
Sur les 953 Lam de ville et hospitaliers contactés, 483 (51%) ont participé à l’enquête. La grande majorité de ces laboratoires réalise une recherche des Yersinia dans les coprocultures, mais pas de façon systématique. Cette recherche a été effectuée sur seulement la moitié (53%) des 256 871 coprocultures pratiquées en 2003 et a permis l’isolement de Yersinia dans 333 cas (taux d’isolement de 0,25%). La méthode d'isolement à partir des selles la plus classiquement utilisée est adéquate. Elle repose sur l'utilisation du milieu CIN incubé à 28/30°C pendant 24 à 48 heures, parfois précédée d'un enrichissement. L’identification du genre et de l'espèce est effectuée le plus souvent à l'aide de la galerie d’identification API20E qui, sans autre test associé, ne permet pas un diagnostic d'espèce entièrement fiable. Une caractérisation plus approfondie des souches (biotype, sérotype) n’est que rarement pratiquée, alors qu'elle seule permet de différencier les souches pathogènes des non pathogènes. Les antibiogrammes sont effectués selon les procédures appropriées (milieu de Mueller-Hinton incubé à 37°C) et incluent les antibiotiques pouvant entrer dans le schéma thérapeutique d’une yersiniose.
Au total, cette enquête montre que la recherche de Yersinia était loin d'être systématique au sein des Lam en 2003 et qu'il existait une grande disparité dans leur capacité à isoler une Yersinia. Le nombre d'infections à Yersinia est probablement fortement sous-estimé en France et, en l'absence de tests différenciant les souches pathogènes des non pathogènes, des traitements non justifiés sont probablement prescrits.

 

Abstract
The National Institute for Public Health Surveillance and the French National Reference Laboratory for Yersinia launched a postal survey among a sample of medical laboratories covering the French territory to: (i) define the proportion of stools samples in which the presence of Yersinia was looked for, (ii) evaluate the frequency of Yersinia isolation from stool cultures, (iii) make an inventory of the methods used for Yersinia isolation and identification, and (iv) determine the level of strain characterization.
Among 953 contacted laboratories, 483 (51%) completed the questionnaire. Most laboratories searched for Yersinia in stool cultures, but not in a systematic manner. In 2003, these laboratories performed 256,871 stool cultures and a search for Yersinia strains was carried out in only 53% of them. A Yersinia strain was isolated in 333 cases (isolation rate of 0.25%). The methods used for the recovery of Yersinia strains from stools were most often appropriate and relied on the isolation on CIN medium incubated at 28/30°C for 24 to 48 hours, occasionally preceded by an enrichment step. In most cases, the laboratories used appropriate isolation procedures. Genus and species identification were mainly performed with the API20E identification strip. However, without associated tests, this method does not allow a completely reliable species identification. Other characterization tests (biotyping, serotyping) were seldom performed, although they are necessary to differentiate pathogenic from non-pathogenic strains. Antibiotic susceptibility tests were most often performed, with appropriate procedures (Mueller-Hinton medium incubated at 37°C), and on antibiotics potentially usable for yersiniosis therapy.
Globally, this survey shows that the search for Yersinia in patients' stools was far from being systematic in medical laboratories in 2003 and that there was a striking disparity in isolation capacities among French laboratories. The number of Yersinia infections is likely to be largely underestimated, in the absence of tests differentiating pathogenic and non-pathogenic isolates, unnecessary treatments are probably prescribed to patients in whom a nonpathogenic Yersinia has been isolated.


Mots clés / Key words
Yersinia, enquête, diagnostic, coproculture, isolement / Yersinia, survey, diagnosis, stool culture, isolation


- Télécharger le BEH au format Acrobat Reader (pdf - 504 Ko)

 

 

-Numéros précédents du BEH

-Page précédente

-Télécharger Acrobat Reader


Institut de veille sanitaire
Mise en ligne le 13 juillet 2010
Contacts Contactez l'InVS