BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
16 juin 2009 / Hors-série


Biosurveillance humaine et santé environnementale

Sommaire

- Éditorial - Faisons un rêve : un programme de biosurveillance européen

- Des biomarqueurs humains à la biosurveillance humaine en santé environnementale en Europe*

- Le programme allemand de surveillance en santé environnementale de l’Agence Fédérale de l’Environnement (UBA)*

- La biosurveillance humaine en Flandre (Belgique) : organisation des études, communication et questions éthiques, perspectives [Lire le résumé]

- La biosurveillance comme levier politique : une étude de cas sur la surveillance du mercure et des pesticides à New York* [Lire le résumé]

- Biomarqueurs urinaires d’exposition aux pesticides des femmes enceintes de la cohorte Pélagie réalisée en Bretagne, France (2002-2006) [ Lire le résumé]

- La biosurveillance humaine à Chypre : taux de cotinine chez les enfants et impact du tabagisme, 2004-2008* [Lire le résumé]

- Encadré : Un programme national de biosurveillance en France [Lire le résumé]



Éditorial* - Faisons un rêve : un programme de biosurveillance européen

Matti Jantunen, Institut national pour la santé et le bien-être (THL), Santé environnementale, Kuopio, Finlande

* Traduit de l’anglais

 



Des biomarqueurs humains à la biosurveillance humaine en santé environnementale en Europe*
Temps forts de la Conférence tenue à Paris les 4 et 5 novembre 2008

Ludwine Casteleyn (ludwine.casteleyn@health.fgov.be)1, Pierre Biot2, Anne-Catherine Viso3
1/ Centre for Human Genetics, Université de Louvain, Belgique 2/ SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, DG Environnement, Bruxelles, Belgique
3/ Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

* Traduit de l’anglais

 



Le programme allemand de surveillance en santé environnementale de l’Agence Fédérale de l’Environnement (UBA)*

Le BEH a demandé au Dr Marike Kolossa-Gehring, toxicologue, responsable de la Section « Toxicologie et Système de surveillance santé-environnement », et au Dr Kerstin Becker, épidémiologiste de cette même section au sein de l’Agence fédérale de l’environnement (Umweltbundesamt - UBA), de décrire en 10 points le programme allemand de surveillance en santé environnementale (GerES) lancé au milieu des années 1980.
Dr Marike Kolossa-Gehring (marike.kolossa@uba.de)

* Traduit de l’anglais




La biosurveillance humaine en Flandre (Belgique) : organisation des études, communication et questions éthiques, perspectives *

Elly Den Hond1 (elly.denhond@vito.be), Hana Chovanova2, Birgit Dumez3, Hans Keune4, Greet Schoeters1, Caroline Teughels5, Karen Van Campenhout5
1 / Vlaamse Instelling voor Technologisch Onderzoek (VITO), Unit Milieurisico en Gezondheid, Boeretang, Belgique
2 / Vlaams Ministerie van Welzijn, Volksgezondheid en Gezin, Vlaams Agentschap Zorg en Gezondheid, Team Milieugezondheidszorg, Bruxelles, Belgique
3 / Centrum voor Menselijke Erfelijkheid, Katholieke Universiteit Leuven, Louvain, Belgique 4 / Faculteit Politieke en Sociale Wetenschappen, Universiteit Antwerpen, Anvers, Belgique
5 / Milieu en Gezondheid, Departement Leefmilieu, Natuur en Energie (LNE) van de Vlaamse overheid Bruxelles, Belgique

* Traduit de l’anglais.


Résumé
La Flandre est un des rares endroits d’Europe où la biosurveillance humaine est encadrée par des dispositions législatives. Une étude de biosurveillance humaine y est commanditée, pilotée et financée par le gouvernement flamand, et conduite par le Centre flamand d’expertise pour l’environnement et la santé (Vlaamse Instelling voor Technologisch Onderzoek, VITO). Ce consortium de recherche comprend des scientifiques de toutes les universités flamandes et de deux instituts de recherche flamands.
Le principal objectif du programme flamand de biosurveillance humaine est d’établir un réseau de surveillance permettant de mesurer la pollution environnementale à laquelle est exposée la population, et d’étudier la relation entre cette exposition et ses effets précoces sur la santé. Durant la première campagne de ce programme (2001-2006), l’existence d’une relation entre le lieu de résidence en Flandre et des différences dans l’exposition à la pollution environnementale a été étudiée. Afin de traduire les résultats de cette étude en mesures de politiques publiques, un plan d’action par étapes a été développé.
La seconde partie du programme (2007-2011) repose sur deux piliers. Tout d’abord, des valeurs de référence pour une liste importante d’agents polluants seront déterminées, sur la base d’échantillons représentatifs de la population flamande. Ensuite, une biosurveillance humaine ciblée sera mise en oeuvre dans des groupes spécifiques particulièrement touchés par la pollution environnementale, dénommés « points chauds ».
Dans les deux phases du projet, l’accent est mis sur la transparence de la communication et sur la cohérence des interactions entre scientifiques, politiques, autorités, décideurs et grand public, selon un processus participatif.
La biosurveillance humaine requiert la participation de volontaires prêts à fournir des échantillons de sang, d’urine ou d’autres tissus corporels, ce qui soulève d’inévitables questions d’éthique. Cet article expose de quelle manière la communication est au coeur des aspects éthiques, et présente certaines difficultés pratiques dans un contexte de recherche transnational.

Mots clés
Biosurveillance humaine, biomarqueurs d’exposition, biomarqueurs d’effet, surveillance



La biosurveillance comme levier politique : une étude de cas sur la surveillance du mercure et des pesticides à New York*

Daniel E. Kass (dkass@health.nyc.gov)
New York City Department of Health and Mental Hygiene, Bureau of Environmental Surveillance and Policy, New York, États-Unis

*Traduit de l’anglais


Résumé
Introduction – En 2004, la ville de New York a conduit une étude de biosurveillance environnementale en population pour identifier les expositions à des biomarqueurs sélectionnés et proposer des orientations pour des actions de santé publique et des politiques publiques destinées à réduire les expositions.
Méthodes de biosurveillance - Dans le cadre de cette étude, des échantillons d’urine et de sang ont été prélevés et analysés pour évaluer les concentrations en mercure inorganique et organique et en métabolites urinaires de pesticides organophosphorés et de pyréthrinoïdes (n=1 811).
Résultats de la biosurveillance - Les niveaux du 95e percentile de mercure inorganique chez les personnes nées en République Dominicaine étaient les plus élevés, ce qui a pu être attribué principalement à l’utilisation de crèmes contenant du mercure, destinées à blanchir la peau, importées illégalement. Le niveau de mercure total était trois fois plus élevé à New York que dans le reste des États-Unis, avec des différences au sein de la population new-yorkaise essentiellement dues à des niveaux de consommation de poisson différents. Les expositions aux pesticides étaient de 4 à 14 fois plus élevées à New York que dans le reste des États-Unis.
Mesures de politique publique et discussion - La biosurveillance a conduit la ville de New York à mener plusieurs actions, parmi lesquelles un embargo sur des produits, une prise en compte globale de la gestion du mercure dans le poisson par les autorités de la ville de New York, de l’État, et les autorités fédérales, avec des campagnes d’information destinées au public et aux professionnels de santé, des actions locales visant à réduire l’utilisation et la vente de pesticides. L’article présente également un cadre de réflexion pour expliquer comment et pourquoi les résultats de biosurveillance environnementale sont capables d’influencer les politiques publiques.

Mots clés
Biosurveillance humaine, pesticides, mercure, ville de New York, analyse politique, NYCHANES



Biomarqueurs urinaires d’exposition aux pesticides des femmes enceintes de la cohorte Pélagie réalisée en Bretagne, France (2002-2006)

Cécile Chevrier1 (cecile.chevrier@rennes.inserm.fr), Claire Petit1, Gwendolina Limon2, Christine Monfort1, Gaël Durand2, Sylvaine Cordier1
1/ Inserm U625 ; GERHM, Université de Rennes I, IFR140, Rennes, France 2/ Idhesa Bretagne Océane, Plouzané, France


Résumé
Bien qu’essentiellement agricole, l’usage des pesticides est varié et les sources d’exposition de la population aux pesticides sont multiples. Les niveaux d’imprégnation de la population générale aux pesticides sont méconnus en France et dans la majorité des pays européens. La mesure de l’exposition par des biomarqueurs d’exposition a l’avantage d’intégrer toutes les voies possibles d’exposition. Compte-tenu de la sensibilité particulière des foetus aux toxiques, évaluer l’exposition des femmes enceintes est une question majeure de santé publique.
La cohorte Pélagie a inclus près de 3 500 femmes enceintes en Bretagne entre 2002 et 2006. La collecte d’échantillons urinaires en début de grossesse et des dosages chimiques de pesticides pour 546 échantillons urinaires ont été réalisés. L’objectif était d’évaluer le niveau et l’étendue de l’imprégnation des femmes enceintes aux pesticides, en particulier aux herbicides de la familles des triazines, interdits d’usage en France depuis fin 2003 mais toujours présents dans l’environnement, et aux insecticides organophosphorés, d’usages agricoles et non agricoles.
Les résultats indiquent la présence de traces de pesticides dans la majorité des urines des femmes enceintes, certaines molécules étant des produits de dégradation persistants dans l’environnement de molécules-mères. Ces résidus de pesticides sont généralement multiples et leurs impacts, individuels ou conjoints, sur le foetus et son développement sont encore incertains dans la littérature épidémiologique. Ils seront évalués prochainement dans la cohorte Pélagie.

Mots clés
Pesticide, exposition, marqueur urinaire, grossesse


La biosurveillance humaine à Chypre : taux de cotinine chez les enfants et impact du tabagisme, 2004-2008

Andromachi Katsonouri (akatsonouri@sgl.moh.gov.cy)1,3, Adamos Hadjipanayi2,3, Eleni Demetriou1, Nikos Michael1, Stella Canna-Michaelidou
(stellacm@spidernet.com.cy)1,3
1/ Laboratoire général d’État, ministère de la Santé, Nicosie, Chypre 2/ Clinique pédiatrique, Hôpital général de Larnaca, Larnaca, Chypre
3/ Comité national chypriote pour l’environnement et la santé des enfants

* Traduit de l’anglais


Résumé

Objectifs – Cette étude décrit une vaste campagne anti-tabac menée à Chypre de 2004 à 2008 dans le but de réduire l’exposition des enfants au tabagisme passif et d’en prévenir l’impact sur la santé.
Méthodes – Des questionnaires envoyés en 2005 ont permis d’évaluer les connaissances, comportements et habitudes de parents. Sur la base des résultats obtenus, un programme d’intervention a été développé et mis en place jusqu’en 2008. Cette action a été évaluée à l’aide d’une étude pilote dans laquelle la nicotine était mesurée dans l’environnement intérieur et l’exposition globale des enfants à la fumée de tabac ambiante (FTA) estimée à partir du niveau de cotinine dans leur salive.
Résultats – En 2005, un parent au moins était un fumeur actif dans 42 % des foyers et 72 % des fumeurs fumaient dans leur logement. Les parents ne connaissaient pas très bien les effets du tabagisme passif sur leurs enfants et avaient une perception erronée de la manière de les protéger. Des mesures de nicotine dans l’air ambiant à la fin de l’intervention (2008) ont mis en évidence une nette amélioration des habitudes des fumeurs, puisque seulement 41 % des fumeurs continuaient de fumer à leur domicile. Les mesures associées de cotinine dans la salive des enfants ont montré que 97 % des enfants étaient exposés à la FTA, indépendamment du fait que leurs parents fument ou non. Aucune différence significative n’a été observée dans les niveaux de cotinine entre les deux groupes (enfants de parents fumeurs vs. enfants de parents non fumeurs), et aucune corrélation entre le niveau de cotinine et le niveau de nicotine trouvé au domicile familial n’a été mise en évidence.
Conclusion – Cette campagne a entraîné une amélioration du comportement des parents fumeurs à domicile ; toutefois les enfants restent toujours exposés au tabagisme passif de façon non négligeable en dehors du domicile familial.

Mots clés
Enfants, tabagisme passif, comportement des parents en matière de tabagisme, cotinine salivaire, nicotine ambiante, mesures de précaution, children, passive smoking, parents smoking behaviour, salivary cotinine, air nicotine, measures of precaution



Encadré : Un programme national de biosurveillance en France

Le projet de Loi de programmation relatif à la mise en oeuvre du Grenelle de l’environnement prévoit que le deuxième Plan national santé environnement (2009-2012) « comportera un programme de biosurveillance permettant de mettre en relation la santé de la population et l’état de son environnement et d’évaluer les politiquespubliques en matière de lien entre la santé et l’environnement ».
L’Institut de veille sanitaire a entrepris l’élaboration de ce programme, sous la supervision des ministères chargés de la Santé et de l’Écologie. Le programme sera présenté de manière détaillée au cours du premier trimestre 2010.


 

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Mise en ligne le 16 juin 2009
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