BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
22 décembre 2009 / n°48-49-50


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Numéro thématique - Polynésie française : une situation épidémiologique particulière
Special issue - French Polynesia: a special epidemiological situation

Sommaire

- Éditorial - Problématiques sanitaires en Polynésie française : entre modernité et traditions / Health challenges in French Polynesia : between modernity and traditions

- Épidémiologie de la dengue et stratégies de lutte en Polynésie française, 2006-2008 / Epidemiology of dengue and control strategies in French Polynesia from 2006 to 2008 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Encadré : L’épidémie de dengue de sérotype 4 en Polynésie française en 2009 / Box: Outbreak of dengue serotype 4 in French Polynesia in 2009

- Évaluation de la prévalence de la filariose lymphatique en 2008 en Polynésie française / Assessment of the prevalence of lymphatic filariasis in French Polynesia in 2008 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Épidémiologie de la leptospirose en Polynésie française de 2006 à 2008 / Epidemiology of leptospirosis in French Polynesia from 2006 to 2008 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- La tuberculose en Polynésie française, 2000-2008 / Tuberculosis in French Polynesia, 2000-2008 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Alimentation et corpulence en Polynésie française / Food habits and corpulence in French Polynesia [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- L’alcoolisme en Polynésie française / Alcoholism in French Polynesia [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Surveillance épidémiologique de la ciguatéra en Polynésie française / Epidemiological surveillance of ciguatera in French Polynesia [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Étude de prévalence de la sensibilité aux antibiotiques de Staphylococcus aureus en Polynésie française, 2006-2008 / Prevalence study of Staphylococcus aureus antimicrobial susceptibility in French Polynesia, 2006-2008 [ Lire le résumé / Read the abstract ]



Épidémiologie de la dengue et stratégies de lutte en Polynésie française, 2006-2008
Epidemiology of dengue and control strategies in French Polynesia from 2006 to 2008
Élise Daudens (elise.daudens@sante.gov.pf)1, Stéphane Lastère2, Claire Hirschauer3, Van-Mai Cao-Lormeau2, Raimana Louette1, Claudine Roche2, Antonio Chee-Ayee1, Nicolas Goffard2, Emmanuelle Vrousos3, Laurence Renou1, Axel Wiegandt4, Henri-Pierre Mallet1
1/ Direction de la santé, Tahiti, Polynésie française
2/ Institut Louis Malardé, Tahiti, Polynésie française
3/ Centre hospitalier de la Polynésie française, Papeete, Tahiti, Polynésie française
4/ Secrétariat général de la Communauté du Pacifique, Nouméa, Nouvelle-Calédonie

Résumé
Introduction - Cet article présente un bilan épidémiologique de la dengue en Polynésie française entre 2006 et 2008.
Méthode - L’article s’appuie sur les données du système de surveillance de la dengue fournies par les laboratoires, le réseau sentinelle, les passages aux urgences du Centre hospitalier de Polynésie française (passages aux urgences et hospitalisations déclarées pour dengue). Les stratégies de lutte utilisées sont également exposées.
Résultats - Une épidémie de dengue de sérotype 1 a débuté en août 2006 pour s’achever en novembre 2007. L’épidémie a été d’intensité modérée et sans sévérité particulière par rapport à celle de 2001.
Conclusion - Le système de surveillance de la dengue doit être renforcé, en particulier le réseau sentinelle, en impliquant davantage les médecins participants. Les communes ainsi que leurs populations devront s’engager dans la durée dans toutes les actions de destruction des gîtes larvaires dans le but d’obtenir des densités de moustiques les plus faibles possibles en permanence.
 

Abstract
Introduction - This article presents an epidemiological evaluation of dengue fever in French Polynesia from 2006 to 2008.
Method - The article relies on data from the dengue surveillance system, provided by laboratories, the sentinel network, reported cases at the emergency department of the French Polynesia hospital, and reported cases of patients hospitalised for dengue fever. Control strategies are presented in a second part.
Results - A dengue type 1 outbreak started in August 2006 and ended in November 2007. The outbreak was moderate in intensity and without any specific severity compared to 2001.
Conclusion - The dengue surveillance system needs to be strengthened, in particular the sentinel network requiring the participation of more physicians. Municipalities will have to get involved in long term communitybased actions such as the elimination of larval breeding sites in order to permanently maintain the lowest mosquito density levels as possible.


Mots clés / Key words
Dengue, surveillance, épidémie, Polynésie française, lutte antivectorielle / Dengue, surveillance, outbreak, French Polynesia, mosquito control



Évaluation de la prévalence de la filariose lymphatique en 2008 en Polynésie française
Assessment of the prevalence of lymphatic filariasis in French Polynesia in 2008
Yolande Mou (yolande.mou@sante.gov.pf)1, Catherine Plichart2, Anne-Marie Legrand2, Henri-Pierre Mallet1, Nicole Cerf1, Lam Ngoc Nguyen2
1/ Direction de la Santé, Polynésie française
2/ Institut Louis Malardé, Tahiti, Polynésie française

Résumé
Introduction – Le programme régional d’élimination de la filariose lymphatique dans le Pacifique (PacELF) a été mis en place en Polynésie française en 2000. Il était nécessaire de mesurer son impact en 2008 sur tout le territoire pour décider de la suite à lui donner.
Méthodes – Enquête transversale sur un échantillon stratifié en grappes à deux degrés, représentatif de la population âgée de 2 ans et plus de la Polynésie française, sur la base d’un questionnaire standardisé administré en mode face à face et d’un prélèvement veineux pour le diagnostic de l’infection filarienne.
Résultats – L’étude a mis en évidence une prévalence de 11,3% d’antigénémie positive (AD12) par immunochromatographie (ICT). Dix pour cent d’entre eux étaient microfilarémiques. La morbidité filarienne est de 0,5%.
Conclusion – Aucune des strates étudiées ne présentait une prévalence d’infection inférieure à 1% (par ICT) correspondant au seuil d’élimination de la filariose lymphatique défini par le programme PacELF. Ces résultats confirment que l’endémie filarienne reste bien présente en Polynésie française.

 

Abstract
Introduction – The objective of this survey, carried out in 2008 in French Polynesia, was to measure the prevalence of filarial infection by geographical area, and to assess the impact of the regional programme to eliminate lymphatic filariasis (PacELF) implemented since 2000.
Methods – A cross-sectionnal, stratified, cluster sampling study, in inhabitants aged 2 years and older, was carried out. The study used a standardized questionnaire (in-person interviews) and venous blood sample for determining lymphatic filarial infection status.
Results – The global prevalence was 11.3% by immunochromatography test (ICT mesuring AD12 antigenemia). Microfilarial prevalence was 10%. Filarial morbidity prevalence was 0.5%.
Conclusion – None of the strata studied had prevalence lower than 1% (by ICT), corresponding to the filarial elimination threshold defined by the PacELF programme. These results confirm that French Polynesia is still endemic for lymphatic filariasis.


Mots clés / Key words
Filariose lymphatique, prévalence, Polynésie française / Lymphatic filariasis, prevalence, French Polynesia



Épidémiologie de la leptospirose en Polynésie française de 2006 à 2008
Epidemiology of leptospirosis in French Polynesia from 2006 to 2008
Claire Hirschauer (claire.hirschauer@cht.pf)1, Elise Daudens2, Cyril Coudert3, Eddy Frogier2, Glenda Melix2, Myriam Fleure1, Henri-Pierre Mallet2
1/ Centre hospitalier de la Polynésie française, Papeete, Tahiti, Polynésie française
2/ Direction de la santé, Tahiti, Polynésie française
3/ Institut Louis Malardé, Tahiti, Polynésie française

Résumé
Introduction - Cette étude présente un bilan épidémiologique de la leptospirose en Polynésie française (Pf) de 2006 à 2008.
Méthode - Les données cliniques obtenues à partir du PMSI et des fiches de renseignements cliniques, ainsi que les données biologiques des laboratoires ont été recherchées et analysées pour 2006, 2007 et 2008. Résultats - L’incidence annuelle moyenne est élevée (35/100 000 habitants) ; la majorité des cas recensés sont hospitalisés (67%), dont 33% nécessitent un séjour en réanimation. Les signes cliniques et les facteurs de risque déclarés sont classiques. Des cas sont retrouvés toute l’année et dans tous les archipels.
Discussion - Avec une incidence très supérieure à la métropole, la leptospirose est une préoccupation de santé publique en Pf. Malgré la disponibilité d’une technique PCR pour un diagnostic précoce, 40% des cas sont diagnostiqués par la sérologie (réalisable à partir du 5e jour de maladie).
Conclusion - Le mode de vie (marche pieds nus, baignade, agriculture familiale) rend difficile l’application stricte des mesures de protection individuelle. Le système de surveillance doit être amélioré avec une investigation autour de chaque cas déclaré. Des actions d’information et de sensibilisation des professionnels et des populations seront mises en place.
 
Abstract
Introduction - This study presents an epidemiological evaluation of leptospirosis in French Polynesia from 2006 to 2008.
Method - The clinical data obtained from the Program for the Medicalization of Information Systems (PMSI), and clinical information forms, as well as biological data from laboratories, were analyzed for 2006, 2007 and 2008.
Results - The average annual incidence is high (35/100,000 persons). The majority of recorded cases are hospitalized (67%), including 33% in intensive care unit. The clinical signs and the declared risk factors are typical. Cases are found all year long and in all archipelagos.
Discussion - With an incidence much higher than in continental France, leptospirosis is a public health concern in French Polynesia. Even though PCR technology is available for early diagnosis, 40% of cases are diagnosed through serology (possible from the fifth day of illness).
Conclusion - The life style (barefoot walking, swimming, family agriculture) makes it difficult to strictly implement individual protection measures. The surveillance system must be improved by investigating each declared case. Information and awareness raising actions among professionals and the populations are expected to be implemented.


Mots clés / Key words
Leptospirose, épidémiologie, surveillance, sérogroupe, Polynésie française / Leptospirosis, epidemiology, surveillance, serogroup, French Polynesia



La tuberculose en Polynésie française, 2000-2008
Tuberculosis in French Polynesia, 2000-2008
Henri-Pierre Mallet (henri-pierre.mallet@sante.gov.pf)1, Jean-Paul Pescheux1, Laurence Renou2, Axel Wiegandt3
1/Bureau de veille sanitaire, Direction de la santé, Tahiti, Polynésie française
2/ Direction de la santé, Tahiti, Polynésie française
3/ Secrétariat général de la Communauté du Pacifique, Nouméa, Nouvelle-Calédonie

Résumé
Cet article présente les caractéristiques des cas de tuberculose et de leur prise en charge en Polynésie française (Pf) en 2008, et les compare aux données annuelles depuis 2000. En 2008, les 48 cas de tuberculose enregistrés correspondaient à l’incidence la plus basse jamais enregistrée (18,5/100 000). La majorité des cas se concentre sur l’île de Tahiti et dans les Îles Sous le Vent. Les formes pulmonaires sont les plus fréquentes, représentant près de 80% des cas depuis 2000. Aucune souche multirésistante n’a été identifiée en Pf. La prise en charge initiale des patients tuberculeux est fréquemment ambulatoire (31% en 2008). Le suivi du traitement est supervisé à domicile, le plus souvent par un membre de la famille. Le taux de traitement complété, après une baisse en 2006 et 2007, dépasse de nouveau le seuil de 85%. Les enquêtes autour des cas sont systématiquement réalisées depuis 2000, avec en moyenne 1 cas de tuberculose dépisté pour 100 sujets contacts. Les traitements préventifs, prescrits jusqu’alors seulement aux enfants de moins de 5 ans, sont maintenant indiqués pour les infections latentes dépistées chez les jeunes et les personnes à risque. Le programme de lutte contre la tuberculose en Pf doit également renforcer la coordination des différents secteurs de soins et améliorer les conditions de prise en charge et de suivi.
 
Abstract
This article presents the characteristics of tuberculosis cases and control measures in French Polynesia (FP) in 2008, compared with previous years since 2000. In 2008, 48 cases were registered, the lowest rate ever notified (18.5/100,000). The majority of cases concerned Tahiti and Leeward Islands. Pulmonary cases are more frequent, representing around 80% since 2000. Multi-drug resistance has never been notified in FP. Ambulatory initial case management is frequent (31% in 2008). The treatment follow-up is monitored at home most times, usually by a family member. Completed treatment rate has decreased in 2006 and 2007, but is up to 85%. Contact investigation is systematic since 2000, with a 1 TB case per 100 investigated contact yield. Until now, preventive treatments were proposed only to children under 5, but are going to be extended to young adults and at risk patients. The Tuberculosis Control Program in FP must also reinforce the collaboration between the different care sectors and improve care management and follow-up.

Mots clés / Key words
Tuberculose, épidémiologie, surveillance, dépistage, Polynésie française / Tuberculosis, epidemiology, surveillance, contact tracing, French Polynesia



Alimentation et corpulence en Polynésie française
Food habits and corpulence in French Polynesia
Yolande Mou (yolande.mou@sante.gov.pf)1, Nicole Cerf1, François Beck2
1/ Direction de la santé, Tahiti, Polynésie française
2/ Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), Saint-Denis La Plaine, France

Résumé
Introduction – L’objectif de cette étude est d’identifier les facteurs d’ordres culturels, sociaux et économiques de l’alimentation associés au développement de l’obésité et de décrire les représentations liées à l’image du corps chez les adultes en Polynésie française.
Méthode – Enquête transversale sur un échantillon représentatif de 1 006 individus de 16 ans et plus dans l’archipel de la Société, au moyen d’un questionnaire standardisé administré en face à face au domicile des personnes enquêtées. La méthode des quotas a été utilisée pour l’échantillonnage. Le recueil des données comporte une approche qualitative sur les modèles esthétiques, l’histoire pondérale des personnes, les modèles alimentaires mis en oeuvre par les Polynésiens, ainsi qu’une approche quantitative par des mesures anthropométriques permettant d’estimer la prévalence de l’obésité.
Résultats – Des prévalences élevées pour l’obésité (39%) et le surpoids (30%) ont été retrouvées. Une comparaison des prévalences obtenues selon la définition de l’Organisation mondiale de santé ou de la Commission du Pacifique Sud montre des différences dans la façon d’appréhender la problématique de l’obésité d’un point de vue de santé publique. Pour près de la moitié des personnes interrogées, la perception de leur propre corpulence est en décalage avec leur corpulence réelle. Aux corpulences « bien en chair » toujours valorisées chez les plus de 60 ans semble se substituer l’idéal de minceur, modèle plus dominant chez les jeunes. L’utilisation en alternance de deux modèles alimentaires en semaine et en weekend apparaît : l’un à deux repas (système traditionnel polynésien) et l’autre à trois repas dans la journée (norme plutôt occidentale). La mixité de ces deux modèles, accroissant la confusion des normes, constituerait un facteur de l’obésité chez les Polynésiens. Une incohérence dans les représentations liées aux féculents est observée. S’ils occupent une place majeure dans les représentations du « bien manger polynésien » (29% de l’échantillon) et des aliments essentiels (21%), les féculents sont en tête des aliments « faisant le plus grossir » (26%), devant les produits sucrés et les matières grasses.
 
Abstract
Introduction – The study aimed to assess cultural, social and economic factors related to the development of obesity and to describe body shape representations among adults in French Polynesia.
Method – Cross-sectional survey in a representative sample of 1,006 subjects aged 16 and above in the Society Islands, using a standardized questionnaire during face-to-face interviews at the subjects’ home. The non-random quota sampling was used. The data collection included a qualitative assessment on the esthetic patterns, the individual weight history and the social representations of food and eating among Polynesians, as well as a quantitative approach with anthropometric measurements to evaluate the prevalence of obesity.
Results – High prevalence rates of obesity (39%) and of overweight (30%) were found. A comparison of prevalence obtained by the definition of the World Health Organization or the South Pacific Commission shows differences in the way of approaching the issue of obesity from a public health perspective. For almost half of the interviewees, the perception of their corpulence was in discrepancy with their actual BMI. Fat body shapes, still valued by the individuals over 60 years, seemed to substitute for the ideal slim body-shape, predominant pattern among young people. It appears that two dietary models were used alternately on weekdays and on weekends: one with two meals per day (Polynesian traditional system) and the other with three meals (rather occidental standard). The mix of these two models, increasing the confusion of standards, would be a factor of obesity among Polynesians. Inconsistent representations related to starchy foods were observed. If they hold a major place in social representations of the “genuine Polynesian eating” (29% of the interviewees) and of essential nutrients for life (21%), starchy foods are also considered to be the most fattening foods (26%) before sugary and fatty foods


Mots clés / Key words
Polynésie française, obésité, pratiques alimentaires, perception de la corpulence, étude socio-anthropologique / French Polynesia, obesity, dietary practices, perception of body size, socio-anthropological study



L’alcoolisme en Polynésie française
Alcoholism in French Polynesia
Marie-Françoise Brugiroux (marie-francoise.brugiroux@sante.gov.pf)1, Nicole Cerf1, François Beck2
1/ Direction de la santé, Tahiti, Polynésie française
2/ Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), Saint-Denis La Plaine, France

Résumé
Introduction - L’objectif de cette étude est d’identifier, à partir d’un échantillon représentatif de la population, les facteurs explicatifs pouvant sous-tendre le comportement d’alcoolisation compulsif des buveurs en Polynésie française (Pf), et de déterminer les leviers nécessaires à la mise en place d’actions de prévention et de dépistage auprès des personnes à risque.
Méthode - Enquête transversale réalisée auprès de 1 023 personnes âgées de 16 ans et plus de janvier à février 2003 au moyen d’un questionnaire anonyme administré en face à face. Le questionnaire a été élaboré à partir d’éléments tirés d’une phase qualitative exploratoire menée auprès de 60 personnes (buveurs actuels ou anciens buveurs) par entretiens individuels semi-directifs en face à face. Il a inclus le test DETA d’évaluation du risque lié à la consommation d’alcool (en quatre questions).
Résultats - L’étude met en évidence une fréquence élevée de dépendance à l’alcool en Pf (30% de l’échantillon), ainsi que des épisodes d’ivresse (41% de l’échantillon). Le plaisir et les fêtes sont les principaux motifs de consommation invoqués par les buveurs (respectivement 83% et 75% de l’échantillon). Néanmoins, le besoin de faire face à un mal être (lutter contre l’ennui, se remonter le moral, pouvoir affronter des problèmes importants dans le cadre familial ou professionnel) apparaît également comme un recours fréquent au produit, en particulier chez les 16-19 ans.
Conclusion - Les représentations de l’alcool sont telles en Pf que les leviers disponibles pour améliorer la situation de l’alcoolisation sont rares. Une réglementation de la publicité sur l’alcool sur tous les supports permettrait certainement de corriger certaines représentations erronées qui favorisent la consommation. Il apparaît également indispensable de mettre en place un système de surveillance des pratiques d’alcoolisation en Pf, s’appuyant notamment sur un renouvellement régulier de ce type d’enquêtes.
 

Abstract
Introduction - The purpose of this study is to identify the factors that explain the compulsive alcohol behaviour of drinkers in French Polynesia (FP) from a population-representative sample, and to determine necessary levers for the implementation of prevention and screening actions among high-risk groups.
Methods - A questionnaire cross-sectional survey (personal interviews) was conducted among 1,023 persons aged 16 and over in January and February 2003. The questionnaire was developed using information obtained from exploratory semi-structured interviews of 60 current or past drinkers. It included the DETA test assessing the risk related to alcohol consumption (in four questions).
Results - The study reveals a high level of alcohol addiction (30% of the sample) and a high prevalence of drunkenness (41% of the sample) in FP. Pleasure and parties are the main reasons mentioned by drinkers (83% and 75% of the sample, respectively). Nevertheless, the need to cope with illbeing (to escape from boredom, to cheer up, to be able to face major family or professional problems) also appears to be a frequent motive for drinking, especially within the 16-19 years old age group.
Conclusion - In FP, representations of alcohol are such that the levers available to improve the situation of alcohol consumption are rare. Regulating alcohol advertising on all media would certainly correct some misrepresentations that encourage its consumption. It is also essential to set up a system for monitoring alcohol practices in FP, based in particular on a regular repetition of such investigations.


Mots clés / Key words
Polynésie française, consommation d’alcool, dépendance, ivresses, motifs de consommation / French Polynesia, alcohol consumption, addiction, drunkenness, drinking motives



Surveillance épidémiologique de la ciguatéra en Polynésie française
Epidemiological surveillance of ciguatera in French Polynesia
Marie-Ludivine Château-Degat (Marie-Ludivine.Chateau-Degat@crchul.ulaval.ca)1, Mireille Chinain2, Taiana Darius2, Eric Dewailly1, Henri-Pierre Mallet3
1/ Axe santé des populations et environnementale du Centre de recherche des centres hospitaliers universitaires du Québec, Canada
2/ Institut Louis Malardé, Tahiti, Polynésie française
3/ Direction de la santé, Tahiti, Polynésie française

Résumé
Alors que la ciguatéra est peu connue sous les latitudes nord, cette intoxication d’origine alimentaire constitue un problème de santé publique persistant aux conséquences économiques réelles pour plusieurs pays tropicaux. Les objectifs de la présente étude étaient de dresser un portrait de l’évolution de cet ichtyosarcotoxisme depuis l’année 2002 en Polynésie française (Pf) et également de clarifier le lien entre la sévérité de la maladie et certains facteurs étiologiques environnementaux, comme le régime alimentaire du poisson consommé. Pour ce faire, les données du programme de surveillance de la Direction de la santé et de l’Institut Louis Malardé ont été utilisées. Les principaux résultats de cette étude montrent une tendance globale à la diminution des cas de ciguatéra en Pf, avec une incidence plus marquée dans les archipels des Tuamotu et Gambier. Le tableau clinique observé reste classique, mais les symptômes cardiaques sont plus atypiques, avec une fréquence importante de l’hypertension. Aucun lien entre la sévérité de la maladie et les facteurs environnementaux n’a été observé.
Bien qu’un déclin du poids de cette intoxication semble réel, il est important de maintenir une surveillance ad hoc de la ciguatéra et de ses effets sur la santé en Pf.

 

Abstract
Although not very common in north areas of the world, Ciguatera Fish Poisoning (CFP) poses significant public health problems in the tropics, where it also constitutes a major impediment to the economy of these regions. The objective of the present study was to depict the evolution of this ichtyosarcotoxism in French Polynesia (FP), from 2002 to 2008, and to clarify the link between the severity of this disease and several environmental factors such as the feeding type of the incriminated fish. For this purpose, we used data available through the large-scale epidemiological survey conducted by both the Public Health Directorate and the Louis Malardé Institute of FP.The most significant results of this study indicate an overall diminution of the number of CFP cases in FP, despite a marked incidence in the Tuamotu and Gambier archipelagoes. As for the symptomatology of this disease, the clinical signs that were documented remain classical, although atypical cardiovascular symptoms such as hypertension were observed at a high frequency. Furthermore, no link between the severity of the reported cases and environmental factors was observed. Although a decline of the burden of this seafood poisoning appears effective in FP, it is important to maintain an adequate survey of CFP and its health.


Mots clés / Key words
Ciguatera, surveillance épidémiologique, incidence, Polynésie française / Ciguatera fish poisoning, epidemiological surveillance, incidence, French Polynesia



Étude de prévalence de la sensibilité aux antibiotiques de Staphylococcus aureus en Polynésie française, 2006-2008
Prevalence study of Staphylococcus aureus antimicrobial susceptibility in French Polynesia, 2006- 2008
Marc Lévy (marc.levy@cht.pf)1, Jean Marie Baudet2, Frédéric Beau3, François Devaud4, Anne Sophie Sauget5
1/ Laboratoire de microbiologie, Centre hospitalier de Polynésie française, Tahiti, Polynésie française
2/ Laboratoire Nahoata, Pirae, Tahiti, Polynésie française
3/ Laboratoire Institut Louis Malardé, Tahiti, Polynésie française
4/ Laboratoire, Centre hospitalier d’Uturoa, Raiatea, Polynésie française
5/ Laboratoire Anne Marie Javouhey, Tahiti, Polynésie française

Résumé
Introduction - L’importance des infections à Staphylococcus aureus en Polynésie française (Pf) et l’émergence des S. aureus résistant à la méticilline (Sarm) isolés d’infections communautaires ont motivé la création d’un réseau de surveillance épidémiologique de la sensibilité de S. aureus aux antibiotiques en Pf.
Matériel et méthodes - Tous les laboratoires de Pf (n=5) participent à cette surveillance. Une étude de prévalence est réalisée tous les ans depuis 2006, sur un trimestre. Des informations cliniques et épidémiologiques sont associées à l’étude de la sensibilité de S. aureus aux antibiotiques. Le caractère associé aux soins ou d’origine communautaire de l’infection est indiqué pour chaque souche étudiée.
Résultats - Chaque année, environ 200 souches de S. aureus ont été isolées de patients habitant dans tous les archipels de Pf et présentant dans les trois-quarts des cas des infections cutanées. Deux-tiers des souches sont d’origine communautaire. Les Sarm représentent 20% des S. aureus d’origine communautaire et 40% des S. aureus impliqués dans des infections associées aux soins. La moitié des Sarm est isolée d’infections communautaires.
Conclusion - Cette étude souligne la prévalence importante des Sarm dans la communauté en Pf, nécessitant un renforcement des mesures de prévention et une adaptation des recommandations d’antibiothérapie pour les infections à S. aureus.
 
Abstract
Introduction - The importance of Staphylococcus aureus infections in French Polynesia (FP) and the emergence of meticillin resistant Staphylococcus aureus (MRSA) isolated from community acquired infections motivated the creation of an epidemiological surveillance network of S. aureus antimicrobial susceptibility in FP.
Material and methods - All the laboratories of FP (n=5) take part in this surveillance. A prospective prevalence study has been carried out each year since 2006 over one quarter. Clinical and epidemiological information is associated to the study of S. aureus antimicrobial susceptibility. The community acquired or health care associated infection nature is indicated for each strain studied.
Results - Around 200 strains have been isolated each year from patients living in all FP archipelagos and presenting skins infections in 3/4 of cases. Two thirds of strains are of community origin. MRSA represent 20% of S. aureus of community origin and 40% of S. aureus implicated in health care associated infections. Half of MRSA is isolated from community acquired infections.
Conclusion - This study underlines the important prevalence of MRSA in the community in FP, requiring a reinforcement of prevention measures and an adaptation of antimicrobial therapy guidelines for S. aureus infections.


Mots clés / Key words
Staphylococcus aureus, SARM communautaire, surveillance, sensibilité aux antibiotiques, Polynésie française / Staphylococcus aureus, CA-MRSA, surveillance, antimicrobial susceptibility, French Polynesia


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Mise en ligne le 22 décembre 2009
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