BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
1er décembre 2008 / n° 45-46


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Numéro thématique - L’infection à VIH-sida en France
Special issue - HIV and AIDS infection in France

Sommaire

- Éditorial / Editorial

- Surveillance de l’infection à VIH-sida en France, 2007 / Surveillance of HIV and Aids infection in France, 2007 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Cancers chez les patients infectés par le VIH en France en 2006 : l’étude OncoVIH / Cancers diagnosed in 2006 in HIV-infected patients in France: the ONCOVIH study [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Mortalité par VIH en France : tendances évolutives depuis les années 1980 / Mortality due to HIV in France: trends since the 1980s [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- L’infection par le VIH parmi les patients avec un diagnostic d’infection sexuellement transmissible dans le réseau RésIST entre 2000 et 2007 en France / HIV infection among patients with sexually transmitted infections in the RésIST surveillance network in France between 2000 and 2007 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Acceptabilité du dépistage rapide du VIH dans un service d’urgence hospitalier d’Île-de-France, janvier-avril 2008 / Acceptability of HIV screening using rapid tests in an emergency department of a hospital in the Ile-de-France area, January-April 2008 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) sur les tests de dépistage rapide (TDR) du VIH / Recommendations from the French National Authority for
Health on rapid screening tests (RST) for HIV

 

Coordination scientifique du numéro / Scientific coordination of the issue: Josiane Pillonel, Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France, et pour le comité de rédaction : Rachel Haus-Cheymol, Service de santé des Armées, Saint-Mandé, France



Éditorial
Editorial
Pr Pierre-Marie Girard, Chef du service des maladies infectieuses et tropicales, Hôpital Saint-Antoine, AP-HP, Paris, France



Surveillance de l’infection à VIH-sida en France, 2007
Surveillance of HIV and Aids infection in France, 2007
Françoise Cazein (f.cazein@invs.sante.fr)1, Josiane Pillonel1, Yann le Strat1, Florence Lot1, Roselyne Pinget1, Danielle David1, Marlène Leclerc1, Sophie Couturier1, Lotfi Benyelles1, Sylvie Brunet2, Damien Thierry2, Francis Barin2, Caroline Semaille1
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 2 / Centre national de référence pour le VIH, Tours, France

Résumé
Cet article présente la situation de l’infection VIH et du sida en France au 31 décembre 2007, à partir des systèmes de surveillance coordonnés par l’Institut de veille sanitaire (InVS) : la notification obligatoire du VIH et du sida, la surveillance des sous-types du VIH et la surveillance de l’activité de dépistage du VIH. En 2007, cinq millions de sérologies VIH ont été réalisées, nombre stable par rapport à 2006, et environ 10 600 de ces sérologies ont été confirmées positives. Compte-tenu des délais de déclaration et de la sous-déclaration, on estime à environ 6 500 [IC95 % : 6 300-6 800] le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité en 2007. Ce nombre a diminué depuis 2004, année pour laquelle il a été estimé à 7 500 [IC95 % : 7 100-7 900]. Six personnes sur 10 découvrant leur séropositivité en 2007 ont été contaminées par rapports hétérosexuels et parmi celles-ci, la moitié est de nationalité d’un pays d’Afrique subsaharienne. Néanmoins le nombre de découvertes de séropositivité chez des personnes de nationalité étrangère poursuit sa diminution depuis 2003 chez les femmes et depuis 2005 chez les hommes. Le nombre de découvertes de séropositivité a en revanche augmenté chez les homosexuels entre 2003 et 2006, puis semble se stabiliser en 2007. Les homosexuels représentent 38 % de l’ensemble des découvertes de séropositivité. La proportion d’infections à VIH-2 est de 2 % en 2007. Parmi les infections à VIH-1, la proportion de sous-types non-B, après avoir diminué entre 2003 et 2005, s’est stabilisée en 2006 et 2007 (40 %). La période 2004-2007 est marquée par une diminution globale du nombre de découvertes de séropositivité. Cette tendance s’explique principalement par la diminution des découvertes de séropositivité chez les personnes d’Afrique subsaharienne, alors que dans le même temps le nombre de découvertes a augmenté chez les hommes contaminés par rapports homosexuels. Ce dernier constat est corroboré par l’augmentation des infections sexuellement transmissibles. Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes continuent à avoir des comportements sexuels à risque vis à- vis du VIH et ils ne semblent plus s’approprier les messages de prévention, malgré la diversité des actions de prévention en direction de cette population.

 

Abstract
This article presents the epidemiological situation of HIV and AIDS in France as of 31 December 2007, based on the surveillance activities coordinated by Institut de veille sanitaire (InVS): mandatory notification of AIDS and HIV infection, surveillance of HIV subtypes and screening activity. In 2007, five million HIV tests were performed, representing a steady number since 2006, and the number of HIV positive tests was about 10,600. Due to reporting delays and under-reporting, the total number of newly diagnosed HIV cases is estimated at 6,500 [CI95%: 6,300-6,800] in 2007, declining since 2004, when 7,500 [CI95%: 7,100-7,900] subjects had been newly tested HIV positive. Six out of ten people newly HIV diagnosed in 2007 were infected through heterosexual contact, of whom half were from Sub-Saharan Africa. Nevertheless, the number of new diagnoses has decreased since 2003 in foreign women, and since 2005 in foreign men. The number of new diagnoses in homosexual men has increased between 2003 and 2006, then seems to be stabilizing in 2007. Homosexual men accounted for 38% of the total number of new HIV diagnoses. The proportion of newly diagnosed cases of HIV-2 infections is 2% in 2007. Among HIV-1 infections, the proportion of non-B subtypes, having decreased between 2003 and 2005, has remained stable in 2006 and 2007 (40%). The 2004 to 2007 period is characterised by a decrease in the number of new HIV diagnoses. This trend is mainly explained by the decrease in the number of new diagnoses among people from Sub-Saharan Africa; meanwhile the number of new diagnoses has increased among men who have sex with men. This last observation, together with the increase in sexually transmitted infections, shows that men who have sex with men keep on having high risk behaviours, and that they are not sensitive to the many prevention messages, despite the diversity of preventive actions towards this population.


Mots clés / Key words
Surveillance épidémiologique, infection par le VIH, sida, France / Epidemiological surveillance, HIV infection, AIDS, France



Cancers chez les patients infectés par le VIH en France en 2006 : l’étude OncoVIH
Cancers diagnosed in 2006 in HIV-infected patients in France: the ONCOVIH study
Emilie Lanoy (elanoy@ccde.chups.jussieu.fr)1, Jean-Philippe Spano2, Fabrice Bonnet3,4, François Boué5, Jacques Cadranel6, Guislaine Carcelain7, Louis-Jean Couderc8, Pierre Frange9, Pierre-Marie Girard10, Éric Oksenhendler11, Isabelle Poizot-Martin12, Caroline Semaille13, Henri Agut14, Christine Katlama1,15, Dominique Costagliola1,15 et le groupe d’études OncoVIH16
1 / Inserm, U720 ; UPMC Université Paris 6, UMR S720, Paris, France 2 / UPMC Université Paris 6, AP-HP, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, France 3 / CHU de Bordeaux, Hôpital Saint-André, Bordeaux, France 4 / Inserm, U897 ; Université Victor Segalen Bordeaux 2, Isped, Bordeaux, France 5 / AP-HP, Hôpital Antoine Béclère, Clamart, France 6 / UPMC Université Paris 6 ; AP-HP, Hôpital Tenon, Paris, France 7 / UPMC Université Paris 6 ; AP-HP, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, France 8 / Hôpital Foch, Suresnes, France 9 / AP-HP, Hôpital Necker-Enfants malades, Paris, France 10 / UPMC Université Paris 6 ; AP-HP, Hôpital Saint-Antoine, Paris, France 11 / AP-HP, Hôpital Saint-Louis, Paris, France 12 / CISIH, Hôpital Sainte-Marguerite, Marseille, France 13 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 14 / UPMC Université Paris 6 EA2387 ; AP-HP, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, France 15 / AP-HP, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, France 16 / Voir appendice sur le site http://www.ccde.fr/main.php?main_file=fl-1141118106-565.html

Résumé
Introduction – L’étude OncoVIH a eu pour objectif, chez les patients infectés par le VIH en France, de décrire la distribution des cancers, une des causes principales de morbidité et de mortalité, et la survie à un an après leur diagnostic.
Méthode – L’étude OncoVIH était une étude transversale de recueil prospectif des cancers diagnostiqués chez des patients infectés par le VIH entre le 01/01/2006 et le 31/12/2006. Les caractéristiques de l’infection à VIH et de la pathologie maligne au diagnostic du cancer, la survenue de décès et leur cause dans l’année suivant le diagnostic tumoral étaient recueillies. Pour comparer ces caractéristiques à celles des patients infectés par le VIH, des données ont été extraites de la cohorte ANRS CO4-FHDH.
Résultats – En 2006, 694 cancers ont été signalés chez 690 patients dont 669 avec les caractéristiques disponibles au diagnostic tumoral. Parmi les 349 centres cliniques participant, 282 ont signalé au moins une tumeur. Les cancers les plus fréquents étaient le lymphome non hodgkinien (LNH, 21,5 %), le sarcome de Kaposi (16,0 %), le cancer pulmonaire (9,4 %), le cancer du canal anal (8,2 %), le lymphome de Hodgkin (7,6 %), le cancer cutané non mélanome (6,8 %) et l’hépatocarcinome (5,6 %). L’âge médian au diagnostic de cancer était de 47 ans (intervalle interquartile (IQR)=41-55). Comparés aux patients infectés par le VIH suivis dans ANRS CO4-FHDH (454, IQR=312-634), les nombres médians de CD4 au diagnostic tumoral étaient plus bas chez les patients diagnostiqués dans OncoVIH avec des cancers classant sida (193, IQR=67-357 p<0,0001) et non classant (329, IQR=193-500 p<0,0001). Les patients avec un cancer classant étaient moins souvent sous thérapie antirétrovirale avec une charge virale < 500 copies/mL que ceux suivis dans ANRS CO4-FHDH (23 % versus 67 % p < 0,0001). Avec 185 décès, la survie globale à 1 an était de 72 % [IC95 % : 68-75 %], avec des survies beaucoup plus courtes après un diagnostic de cancer pulmonaire (35 %), d’hépatocarcinome (47 %) et de LNH (65 %).
Conclusion – En 2006, deux tiers des cancers diagnostiqués chez les patients infectés par le VIH sont des cancers non classant sida. Nos résultats suggèrent que la prévention des cancers chez les patients infectés par le VIH requiert un meilleur contrôle de la réplication du VIH et de l’immunodépression qui lui est associée en plus de la prévention des autres facteurs de risque, tel le tabagisme.

 
Abstract
Objectives – The aim of the ONCOVIH study was to describe the distribution of malignancies, one of the main cause of morbidity and mortality in HIV-infected patients, and the one year survival of these patients in France.
Methods – ONCOVIH was a national cross-sectional study with a prospective reporting of all new cases of malignancies diagnosed in HIV infected patients between 01/01/2006 and 31/12/2006. Characteristics of HIV infection and malignancy at diagnosis of cancer, occurrence and cause of death during the first year following the diagnosis were collected. To compare these characteristics to those in HIV-infected patients, data from HIV patients followed in the cohort ANRS CO4-FHDH were extracted.
Results – Overall, in 2006, 694 new malignancies were reported in 690 patients, with available characteristics at malignancy diagnosis in 669 patients. Among the 349 clinical centers participating in the study, 282 had reported at least one malignancy. Most common malignancies were Non-Hodgkin’s Lymphoma (NHL) (21.5%), Kaposi’s sarcoma (16.0%), lung cancer (9.4%), anal cancer (8.2%), Hodgkin’s lymphoma (7.6%), cutaneous non-melanoma (6.8%), and liver cancers (5.6%). Median age at cancer diagnosis was 47 years (interquartile range (IQR)=41-55). Compared to HIV-infected patients followed in ANRS CO4-FHDH (454, IQR=312-634), median CD4 cell counts were lower in patients diagnosed in ONCOVIH with AIDS (193, IQR=67-357 p<0.0001) and non-AIDS defining malignancies (329, IQR=193-500 p<0.0001). Patients diagnosed with AIDS defining malignancies were less likely to receive cART with a plasma viral load under 500 copies/mL than patients followed in ANRS CO4-FHDH (23% and 67% p<0.0001). With 185 deaths, the overall one-year survival rate was 72% (CI95%: 68-75%) being much lower after a diagnosis of lung cancer (35%), hepatocarcinoma (47%), and NHL (65%).
Conclusion – In 2006, almost two thirds of diagnosed malignancies in HIV-infected patients were non-AIDS defining. Our results suggest that prevention of malignancies in HIV-infected patients requires a better control of HIV replication and its associated immunodeficiency in addition to the prevention of other risk factors, such as smoking.


Mots clés / Key words
Infection à VIH, cancer, survie, étude transversale / HIV infection, malignancy, survival, cross-sectional study



Mortalité par VIH en France : tendances évolutives depuis les années 1980
Mortality due to HIV in France: trends since the 1980s
Albertine Aouba (albertine.aouba@inserm.fr), Françoise Péquignot, Françoise Laurent, Jean Boileau, Gérard Pavillon, Éric Jougla
Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc-Inserm), Le Vésinet, France

Résumé
Introduction – L’étude présente les tendances évolutives de la mortalité due à l’infection par le VIH depuis 1987 et pour la période 2000-2006 les caractéristiques des décès survenus chez des porteurs de l’infection.
Méthodes – Les données proviennent de la statistique nationale des causes de décès, élaborée annuellement par le CépiDc de l’Inserm. L’étude porte sur le VIH en tant que cause initiale de décès entre 1987 et 2006 et en tant que cause multiple (initiale et associée) sur la période 2000-2006.
Résultats – Entre 1987 et 2006, la mortalité due à l’infection dessine trois importantes phases, dont la dernière entre 2000 et 2006 est une tendance à la stabilité. Les décès surviennent majoritairement chez les hommes, mais la part des décès féminins est en progression. Les jeunes de 25-34 ne sont pratiquement plus concernés par les décès par rapport à la fin des années 1980 et, contrairement aux autres, la mortalité augmente chez les 45-54 ans. En 2006, 809 décès sont notifiés comme liés à l’infection VIH principalement en rapport avec des maladies infectieuses et parasitaires. Pour 330 décès, l’infection est présente, mais n’est pas la cause initiale de la mort : le cancer, les maladies cardiovasculaires et les morts violentes étant impliquées.
Conclusion – La spectaculaire baisse des décès dus au VIH après la fin des années 1980 en France métropolitaine est le résultat de l’amélioration des traitements et des efforts de prévention. Le caractère de plus en plus diversifié des causes de décès doit faire élargir les discours de prévention vers les facteurs de risque d’une population non infectée par le VIH (modes de vie, tabac, alcool, surpoids…) en plus de la prévention spécifique au VIH.

 

Abstract
Introduction – This study presents the trends in mortality due to HIV infection since 1987, and for the period 2000-2006, the characteristics of deaths in HIV infected persons.
Methods – The data are based on the national statistics on causes of deaths, annually produced by the French Centre for the Epidemiology on Causes of Death (Inserm-CépiDc). The study concerns HIV as the underlying cause of death between 1987 and 2006 and as contributing cause over the period 2000-2006.
Results – Between 1987 and 2006, the mortality due to HIV infection shows three important phases: the last one showing a tendency to stability between 2000 and 2006. Deaths mainly occur among men, but the rate of female deaths is in progress. Young people between 25 and 34 years old are far less affected than in the 1980-1990 period. Unlike other age groups, mortality has been increasing in the 45-54 age groups. In 2006, 809 deaths were notified as related to HIV infection, mainly due to infectious and parasitic diseases. For 330 deaths, the infection existed but was reported as a contributory cause: cancer, cardiovascular disease and violent deaths being stated as the underlying cause of death.
Conclusion – The spectacular decline of deaths due to HIV after the end of the 1980s in metropolitan France is the result of better treatments and prevention efforts. The more and more diverse nature of death causes must enhance the risk factors of a population not infected by HIV (lifestyles, smoking, alcohol, overweight…) in prevention measures, in addition to specific HIV prevention.


Mots clés / Key words
Infection VIH, mortalité, évolution, causes initiales et causes associées de décès / HIV infection, mortality, evolution, underlying cause and multiples causes of death



L’infection par le VIH parmi les patients avec un diagnostic d’infection sexuellement transmissible dans le réseau RésIST entre 2000 et 2007 en France
HIV infection among patients with sexually transmitted infections in the RésIST surveillance network in France between 2000 and 2007
Anne Gallay (a.gallay@invs.sante.fr)1, Alice Bouyssou1, Aurélie Fischer1, Nicolas Dupin2, François Lassau3, Nicolas Lemarchand4, Georges Kreplak5, Isabelle Alcaraz6, Chantal Vernay-Vaisse7, Maïté Leclerc8, Nayla Nassar9, Patrice Sednaoui9, Michel Janier3, Bertille de Barbeyrac8, Caroline Semaille1 et les partenaires du réseau RésIST
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 2 / Hôpital Tarnier-Cochin, AP-HP Paris, France 3 / Hôpital Saint-Louis, AP-HP, Paris, France 4 / Hôpital Léopold Bellan, Paris, France 5 / Centre biologique du Chemin Vert, Paris, France 6 / Centre Hospitalier Dron, Tourcoing, France 7 / Conseil Général des Bouches-du-Rhône, France 8 / Centre national de référence (CNR) des infections à Chlamydiae, Université Victor Segalen, Bordeaux, France 9 / Institut Alfred Fournier, Paris, France

Résumé
Introduction – L’interaction entre le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST) est complexe. Les IST favorisent la transmission du VIH et réciproquement. Cet article a pour objectif de décrire la prévalence de la séropositivité à VIH parmi les patients pour lesquels un diagnostic d’IST (syphilis, gonococcie et lymphogranulomatose (LGV) rectale) a été déclaré au réseau de surveillance national RésIST entre 2000 et 2007.
Méthode – La surveillance des IST est volontaire en France métropolitaine et dans les Dom. Elle s’appuie sur des Centres d’information, de dépistage et de diagnostic des IST (Ciddist), des consultations hospitalières et des cabinets de médecine de ville. Les cas sont définis selon des critères cliniques et biologiques. Les données cliniques du questionnaire sont documentées par le clinicien et complétées par un auto-questionnaire sur les comportements sexuels dans les 12 derniers mois précédant le diagnostic de l’IST. Les questionnaires, anonymes, sont envoyés par le médecin à l’Institut de veille sanitaire.
Résultats – Sur la période d’étude, 2 892 cas de syphilis, 653 cas de gonococcie et 567 cas de LGV ont été déclarés. La prévalence du VIH était de 16 %, 45 % et 90 % pour les patients avec une gonococcie, une syphilis ou une LGV respectivement. Tous les patients LGV+ étaient homosexuels. Pour la gonococcie et la syphilis, la prévalence de la séropositivité au VIH+ variait selon l’orientation sexuelle ; elle était supérieure chez les homo-bisexuels masculins (23 % et 51 % respectivement) comparativement aux hommes hétérosexuels (3 % et 16 %) et aux femmes hétérosexuelles (3 % et 6 %). Parmi les patients VIH+, la proportion de patients découvrant leur séropositivité au VIH au moment du diagnostic d’IST était élevée : 18 % pour les patients avec une gonococcie et 12 % pour les patients avec une syphilis.
Conclusion – La prévalence de l’infection à VIH est élevée parmi les patients avec un diagnostic d’IST (syphilis, gonococcie et LGV) et une proportion non négligeable de patients découvrent leur séropositivité au moment du diagnostic de l’IST. Il est nécessaire de poursuivre les efforts pour promouvoir la prévention primaire et secondaire, globale portant sur l’ensemble des IST (VIH et autres).
 
Abstract
Introduction – The interaction between HIV infection and STIs is complex. STIs increase HIV transmission, and inversely. This survey aimed at describing the prevalence of HIV infection among patients for whom a diagnosis of STI (syphilis, gonorrhoea and lymphogranuloma venereum (LGV)) was notified to the RésIST surveillance system between 2000 and 2007.
Method – The surveillance of STIs is voluntary and prospective in metropolitan France, and overseas counties. It is based on the participation of Information Centers for the screening and diagnosis of STIs (Ciddist), hospital or private practitioners consultations. Case definitions include clinical and biological criteria. Questionnaires with clinical data are completed by the clinician, whereas behavioural data are documented directly by the patient in a self-administered questionnaire on sexual practices in the 12 months preceding the STI diagnosis. Both anonymous questionnaires are sent to the French Institute for Public Health Surveillance by the clinician.
Results – During the study period, 2,892 case of syphilis, 653 cases of gonorrhoea, and 567 cases of LGV were notified. The prevalence of HIV infection was 16%, 45% and 90% respectively for patients with gonorrhoea, syphilis and LGV. All LGV+ patients were homosexual. For gonorrhoea and syphilis, the prevalence of HIV infection varied according to sexual orientation, the prevalence was higher in homo-bisexual men (23% and 51% respectively) than in heterosexual men (3% and 16%) and females (3% and 6%). Among HIV+ patients, the proportion of patients who discovered their HIV infection was high: 18% for patients with gonorrhoea, and 12% for patients with syphilis.
Conclusion – The prevalence of HIV infection among patients with one of the three STIs (syphilis, gonorrhoea and LGV) is high and a non-negligible proportion of patients discover their HIV infection at the same time as STI diagnosis. Efforts for promoting primary and secondary prevention for HIV infection and STIs in cases as well as in sexual partners should be pursued.


Mots clés / Key words
Infection sexuellement transmissible, syphilis, gonococcie, LGV, VIH, surveillance, homosexuels masculins / Sexually transmitted infection, syphilis, gonorrhoea, LGV, HIV, surveillance, MSM



Acceptabilité du dépistage rapide du VIH dans un service d’urgence hospitalier d’Île-de-France, janvier-avril 2008
Acceptability of HIV screening using rapid tests in an emergency department of a hospital in the Ile-de-France area, January-April 2008
Emmanuel Mortier (emmanuel.mortier@lmr.aphp.fr), Houria Ichou, Farah Nikpay, Anne-Marie Simonpoli
CHU Louis Mourier (AP-HP), Colombes, Corevih Île-de-France Ouest, France

Résumé
Introduction – Cette étude vise à évaluer l’acceptabilité par les consultants adultes aux urgences hospitalières d’une proposition systématique de dépistage du VIH à l’aide de tests rapides.
Matériel et méthodes – Proposition systématique à tout patient adulte venant aux urgences et ayant un prélèvement sanguin de réaliser un dépistage du VIH. Étude prospective monocentrique réalisée à l’hôpital Louis Mourier à Colombes (Hauts-de-Seine) de janvier à avril 2008.
Résultats – Parmi les 579 patients éligibles, 511 (88 %) ont accepté le dépistage. Plus de la moitié des consultants n’avaient jamais réalisé de dépistage du VIH antérieurement. Environ 16 % des patients qui ont accepté le dépistage rapide avaient au moins une conduite à risque vis à vis du VIH et 43 % d’entre eux n’avaient jamais réalisé de test du VIH. Trois tests de dépistage rapide du VIH sont revenus positifs. Pour un patient, il s’agissait d’une découverte de l’infection par le VIH et pour les deux autres patients d’une séropositivité niée mais antérieurement connue. Deux sur trois étaient originaires d’Afrique et le troisième avait des pratiques homosexuelles masculines. Tous les patients ont reçu leur résultat oralement avant leur sortie du service des urgences.
Discussion-Conclusion – La réalisation du dépistage du VIH par un test rapide est bien acceptée par la population qui consulte aux urgences. La sélection de patients par quelques questions simples permettrait de pouvoir proposer le dépistage à des personnes « à risque » jamais dépistées.
 

Abstract
Introduction – This study aims at assessing the acceptability of a systematic proposal of HIV screening using rapid tests, by adults consulting in the emergency department of a hospital.
Material and methods – Systematic proposal of HIV screening to any adult patient admitted in the emergency department and requiring a blood sample. Monocentric prospective study in a hospital in suburban Paris from January to April 2008 (Hôpital Louis Mourier, Colombes, Hauts-de-Seine).
Results – Among the 579 eligible patients, 511 (88%) accepted being tested. More than half of the consultants had never carried out a HIV test before. Approximately 16% of the patients who accepted to be tested had at least one risk factor for HIV, and 43% of these had never carried out a HIV test. Three HIV rapid tests returned positive. For one patient, it was the discovery of a HIV infection, and for the two other patients, the seropositivity was known beforehand but denied. Two out of three were from Africa, and the third had homosexual practices. All the patients received their result orally before leaving the emergency department.
Discussion-Conclusion – HIV testing using a rapid test is well accepted by the population consulting in this emergency department. The selection of patients through some simple questions could make it possible to propose testing to people who are « at risk », but have never been tested before.


Mots clés / Key words
Tests rapides, dépistage, VIH, urgences / Rapid tests, screening, HIV, emergency care



Recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) sur les tests de dépistage rapide (TDR) du VIH
Recommendations from the French National Authority for Health on rapid screening tests (RST) for HIV
 


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Mise en ligne le 1er décembre 2008
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