BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
4 novembre 2008 / n° 41-42


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Numéro thématique - Contrôle des entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) : état des lieux en France
Special issue - Control of glycopeptide resistant enterococci (GRE): situation in France

Sommaire

- Éditorial / Editorial

- Les entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) : situation épidémiologique, mesures de contrôle actuelles et enjeux à venir / Glycopeptide-resistant enterococci (GRE): epidemiological situation, current control measures and future challenge1 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Encadré 1 : Portage digestif des entérocoques résistants aux glycopeptides dans les établissements de santé français en 2006 : enquête nationale collaborative réseaux de l’Onerba-InVS-CNR / Box 1: Digestive carriage of glycopeptide-resistant enterococci in 2006 in French hospitals: ONERBA-NRC-InVS collaborative survey

- Caractéristiques des souches d’entérocoques résistants aux glycopeptides isolées en France, 2006-2008 / Characteristics of glycopeptide-resistant enterococci strains isolated in France, 2006-2008 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Gestion d’une épidémie de colonisation digestive à entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) au Centre hospitalier universitaire de Nancy, France / Interventions successively implemented to control an outbreak of vancomycin-resistant enterococci (VRE) in the University Hospital of Nancy, France [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Mise en place d’une mission régionale pour coordonner la prise en charge d’une épidémie de colonisation digestive à entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) en région Lorraine, France / Setting up of a regional team to coordinate the management of a digestive vancomycin-resistant enterococci (VRE) outbreak in the Lorraine region, France [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Contrôle des épidémies d’entérocoques résistants aux glycopeptides à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris : trois ans d’expérience, 2004-2007 / Control of glycopeptide-resistant enterococci outbreaks in University Hospitals of Paris area: three years experience, 2004-2007 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Épidémiologie et contrôle des entérocoques résistants aux glycopeptides au Centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand, France, 2004-2007 / Epidemiology and control of glycopeptide-resistant Enterococcus faecium at the University Hospital of Clermont-Ferrand, France, 2004-2007 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Encadré 2 : Impact des mesures de gestion de l’entérocoque résistant aux glycopeptides (ERG) sur l’organisation d’un Centre hospitalier général / Box 2: Management and control of glycopeptide-resistant enterococci (GRE): impact on the administration of a general hospital



Les entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) : situation épidémiologique, mesures de contrôle actuelles et enjeux à venir
Glycopeptide-resistant enterococci (GRE): epidemiological situation, current control measures and future challenge
Jean-Christophe Lucet (jean-christophe.lucet@aphp.fr)1, Antoine Andremont1, Bruno Coignard2
1 / Hôpital Bichat-Claude Bernard, AP-HP, Université Paris VII Denis-Diderot, Paris, France 2 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

Résumé
Les entérocoques (Enterococcus faecalis et E. faecium) sont des bactéries commensales de la flore digestive responsables d’infections hospitalières rares et peu sévères. Leur résistance aux glycopeptides (ERG) a émergé d’abord aux États-Unis et plus récemment en Europe. La situation en France est marquée par la survenue depuis quatre ans d’épidémies hospitalières locales ou régionales. Les ERG ont d’abord émergé sous la pression de sélection par les glycopeptides. La transmission croisée manuportée a ensuite permis la dissémination des souches les plus adaptées, les antibiotiques favorisant l’implantation et la colonisation chez un patient porteur. À la différence des autres bactéries multirésistantes, productrices de Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (SARM) et entérobactéries bêta-lactamases à spectre élargi (BLSE) déjà largement implantées, l’enjeu en France est le contrôle d’un phénomène émergent, où le risque de transfert du gène de la résistance de l’ERG vers le SARM est contrebalancé par une virulence des souches et un risque perçu faibles. Les recommandations pour le contrôle des ERG sont proches d’un point de vue technique de celles des autres bactéries multi-résistantes (BMR) manuportées, mais s’en distinguent par la rapidité de la réponse, la recherche active de cas secondaires, la sectorisation des cas et des contacts et le signalement aux autorités sanitaires. En cas d’épidémie prolongée, ces mesures peuvent avoir un impact sur l’activité des hôpitaux et la qualité de la prise en charge des patients. La situation épidémiologique rapidement évolutive justifie une adaptation régulière des mesures de maîtrise.
 

Abstract
Enterococci (Enterococcus faecalis et E. faecium) are normal inhabitants of the digestive tract. They are responsible for rare and usually non-severe hospitalassociated infections. Glycopeptide-resistant enterococci (GRE) first emerged in the United States, and more recently in Europe. In France, hospital or regional GRE outbreaks have occurred during the last four years. GRE first emerged under the selective pressure of glycopeptides, then spread by cross-transmission through hands of healthcare workers, with antibiotics facilitating GRE implantation and colonization in carrier patients. Unlike wellimplanted multiply resistant bacteria (MRB), such as Methicillin-resistant Staphylococcus aureus (MRSA) and Extended spectrum beta-lactamase (ESBL) enterobacteriacae, the French challenge is to control an emerging phenomenon. The risk of gene transfer from GRE to MRSA is offset by a low virulence of isolates and perceived risks of GRE. Recommended GRE control measures are technically similar to other hand-transmitted MRBs, but differ by the need of rapid reaction, extensive screening of contact patients, cohorting cases and contact patients, and alert to healthcare authorities. During lengthy outbreaks, these measures may have an impact on hospitals admission flow and the quality of healthcare. Control measures should be
adapted to this rapidly-evolving epidemiological situation.


Mots clés / Key words
Entérocoques résistants aux glycopeptides, résistance à la vancomycine, infections nosocomiales, épidémiologie, contrôle épidémie / Glycopeptide resistant enterococci, vancomycin resistance, epidemiology, cross infections, outbreak control



Encadré 1 : Portage digestif des entérocoques résistants aux glycopeptides dans les établissements de santé français en 2006 : enquête nationale collaborative réseaux de l’Onerba-InVS-CNR
Box 1: Digestive carriage of glycopeptide-resistant enterococci in 2006 in French hospitals: ONERBA-NRC-InVS collaborative survey
Nicolas Fortineau (nicolas.fortineau@bct.aphp.fr)1, Roland Leclercq2, Jean-Marie Delarbre1, Anne Vachée1, Sylvie Maugat3, Jérôme Robert1
1 / Conseil scientifique de l’Observatoire national de l’épidémiologie de la résistance bactérienne aux antibiotiques (Onerba) 2 / Laboratoire associé entérocoque du Centre national de référence de la résistance aux antibiotiques (CNR), Caen, France 3 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France
 



Caractéristiques des souches d’entérocoques résistants aux glycopeptides isolées en France, 2006-2008
Characteristics of glycopeptide-resistant enterococci strains isolated in France, 2006-2008
Nancy Bourdon, Marguerite Fines, Roland Leclercq (leclercq-r@chu-caen.fr)
Centre national de référence de la résistance aux antibiotiques, Centre hospitalier universitaire, Caen, France

Résumé
Depuis 2006, le laboratoire associé entérocoques au Centre national de référence de la résistance aux antibiotiques reçoit, sur la base du volontariat, les souches d’entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) isolées en France. Ces souches proviennent essentiellement d’épidémies, évoluant de manière limitée dans le temps grâce aux mesures d’hygiène strictes mises en place dans les établissements de santé concernés. Plusieurs régions ont été successivement touchées : ouest, centre, Paris en 2006 ; est, Paris en 2007 ; est, nord en 2008. Le plus souvent il s’agit de l’espèce E. faecium portant le gène de résistance vanA, même si l’apparition récente d’épidémies à E. faecium vanB est observée. L’électrophorèse en champ pulsé a montré une diversité des clones entre établissements hospitaliers et parfois au sein d’un même établissement. L’analyse par multilocus sequence typing (MLST) d’un représentant de chaque clone a permis de confirmer leur appartenance au Complexe Clonal 17, qui regroupe des souches d’ERG adaptées au milieu hospitalier. Les souches françaises en partagent en outre les caractéristiques : résistance à l’ampicilline et aux fluoroquinolones, association accrue à une résistance de haut niveau à la gentamicine (59,6 % des souches) et présence plus fréquente des gènes de virulence (esp et hyl).
 
Abstract
Since 2006 glycopeptide-resistant enterococci (GRE) isolated in France are sent to the National Reference Center for antimicrobial resistance (associated laboratory for enterococci), on a voluntary basis. The isolates were mostly obtained from outbreaks generally limited by the strict infection control measures implemented in the concerned healthcare centers. Several regions of France were successively affected, the West, the Center and Paris in 2006, the East and Paris in 2007, and then the East and the North in 2008. E. faecium carrying the vanA resistance gene was most frequently involved, although recent emergence of E. faecium vanB outbreaks could be observed. Pulsed field gel electrophoresis demonstrated clonal diversity between isolates from different healthcare facilities, and sometimes within the same facility. The analysis by multilocus sequence typing (MLST) of a representative of each clone confirmed that they belonged to Clonal Complex 17, which clusters hospital-adapted strains. The French strains shared similar characteristics including: resistance to ampicillin and fluoroquinolone, frequent association with high level resistance to gentamicin (59.6% of isolates) and frequent presence of virulence genes (esp and hyl).

Mots clés / Key words
Enterococcus faecium, résistance à la vancomycine, multilocus sequence typing, électrophorèse en champ pulsé, facteurs de virulence / Enterococcus faecium, vancomycin resistance, Multilocus Sequence Typing, Pulsed Field Gel Electrophoresis, virulence factor



Gestion d’une épidémie de colonisation digestive à entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) au Centre hospitalier universitaire de Nancy, France
Interventions successively implemented to control an outbreak of vancomycin-resistant enterococci (VRE) in the University Hospital of Nancy, France
Christian Rabaud (christian.rabaud@wanadoo.fr)1,2, Émilia Frentiu1, Sandrine Hénard2, Nejla Aissa1, Nathalie Diguio1, Alexis Hautemanière1, Thierry Lavigne3, Alain Lozniewski1, Thierry May1
1 / Centre hospitalier universitaire de Nancy, France 2 / Mission régionale Lorraine pour la maîtrise de l’épidémie ERG, CClin-Est, Nancy, France 3 / Hôpitaux universitaires de Strasbourg, France

Résumé
Le Centre hospitalier universitaire de Nancy a été confronté à une épidémie de colonisation digestive à ERG (entérocoques résistants aux glycopeptides). En 2005, une première bouffée épidémique a été contenue par un renforcement de l’hygiène des mains, un accompagnement des équipes confrontées à l’épidémie par l’équipe opérationnelle d’hygiène, la réalisation d’audits de pratique et des rappels sur l’absolue nécessité d’appliquer des précautions particulières de type « contact » face à tout patient ERG+ et face à tout patient « contact », puis par la réalisation d’un regroupement des patients ERG+. Après un an d’accalmie, l’épidémie a repris fin 2006, mais cette fois, seule la promotion exclusive de la désinfection des mains par friction avec des produits hydro-alcooliques associée à la mise en place de secteurs de cohorting dédiés à la prise en charge des patients ERG+ (regroupement des patients dans une unité ne prenant en charge que des patients ERG+ avec un personnel soignant ne s’occupant que de ces seuls patients) a permis de maîtriser le phénomène. Reste aujourd’hui à l’établissement à gérer une importante file active de patient ERG+ ou anciennement ERG+, ce qui nécessite de maintenir un secteur de cohorting en activité.
 
Abstract
A vancomycin-resistant enterococci (VRE) outbreak occurred in the Nancy University Hospital at the end of 2004. At the beginning of 2005, an initial epidemic burst was controlled through the following measures: promotion of hand washing; information for, and education of, all hospital staff concerning required respect of reinforced « contact » precautions for VRE patients and « contact » patients; practice evaluation in units where VRE+ patients had stayed; concentration of these patients in the same part of the units where they had stayed. After a one-year lull, new colonisations increased again at the end of 2006, This time, the strategy consisted in only promoting exclusive hand disinfection with an alcohol-based hand-rub solution associated with set up of a cohorting area to accommodate all VRE-carriers identified in the hospital (dedicated ward with its own set of healthcare workers), and it was effective to control the outbreak. The numerous patients known to be or have been colonized by VRE+ need to be cared for by our hospital, it is therefore
necessary to maintain an active VRE cohorting area.


Mots clés / Key words
Enterococcus faecium, résistance aux glycopeptides, épidémie / Enterococcus faecium, Vancomycin resistance, outbreak



Mise en place d’une mission régionale pour coordonner la prise en charge d’une épidémie de colonisation digestive à entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) en région Lorraine, France
Setting up of a regional team to coordinate the management of a digestive vancomycin-resistant enterococci (VRE) outbreak in the Lorraine region, France
Sandrine Hénard1,2, Jean-François Betala1, Nathalie Jouzeau1,2, Bernadette Lapique1, Isabelle Raclot1,2, Christine Barthélémy1, Christian Rabaud (christian.rabaud@wanadoo.fr)1,2,3
1 / Mission régionale Lorraine pour la maîtrise de l’épidémie ERG, Nancy, France 2 / Centre de coordination et de lutte contre les infections nosocomiales - CClin-Est, Nancy, France 3 / Centre hospitalier universitaire de Nancy, France

Résumé
Contexte – Une épidémie de colonisation à entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) a débuté au Centre hospitalier universitaire de Nancy fin 2004. Malgré la mise en place de mesures adaptées, elle a diffusé à d’autres établissements de la région Lorraine au début de l’année 2007. Une mission spécifique a été diligentée par l’Agence régionale d’hospitalisation afin de contrôler l’épidémie au niveau régional.
Phases d’action – En quatre mois, deux phases successives se sont enchaînées au cours desquelles la mission a tout d’abord visité les établissements concernés et réalisé un état des lieux. Elle a ensuite accompagné les établissements au quotidien, diffusé une liste des établissements concernés par l’ERG afin d’optimiser la politique de dépistage et d’isolement probabiliste entourant les transferts (sans bloquer l’ensemble du système sanitaire lorrain), et élaboré un document de synthèse des procédures de prise en charge d’une épidémie à ERG. Ce phénomène épidémique, qui a concerné plus de 900 patients, a progressé jusqu’au premier trimestre 2008, avant qu’une baisse franche du nombre de nouveaux cas soit observée.
Conclusion – L’application des recommandations nationales, adaptées, complétées et harmonisées en fonction des spécificités locales, semble avoir permis le contrôle d’une épidémie à ERG déjà bien installée dans une région française.
 
Abstract
Context – At the end of 2004, an outbreak of vancomycin-resistant enterococci (VRE) started in the University Hospital of Nancy, in the East of the France. Despite the immediate implementation of adapted measures, the outbreak expanded to several other healthcare facilities in the Lorraine area at the beginning of 2007. A specific regional team was then set up by the Regional Hospitalisation Agency to control the outbreak.
Action phase – Within four months, there were two successive phases during which the regional team visited each hospital concerned by the outbreak to collect epidemiological data. On a daily basis, the team worked with the health facilities, established a weekly list of all healthcare centres accommodating patients colonized with VRE, to optimise screening strategies and probabilities of isolation as regards transfers (without obstructing the whole health system of the region), and elaborated an executive summary based on national recommendations for VRE management. This epidemic event involving more than 900 patients was performed until the first term of 2008, until a marked decrease of VRE cases was observed.
Conclusion – The enforcement of adapted, complete, standardised, and national recommendations on local particularities, seems to have been efficient to control a VRE outbreak, even if many cases are still recorded.


Mots clés / Key words
Enterococcus faecium, résistance aux glycopeptides, épidémie / Enterococcus faecium, Vancomycin resistance, outbreak



Contrôle des épidémies d’entérocoques résistants aux glycopeptides à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris : trois ans d’expérience, 2004-2007
Control of glycopeptide-resistant enterococci outbreaks in University Hospitals of Paris area: three years experience, 2004-2007
Sandra Fournier (sandra.fournier@sap.aphp.fr)1, Florence Brossier2, Nicolas Fortineau3, Anani Akpabie4, Alexandra Aubry5, Frédéric Barbut6, François-Xavier Chedhomme7, Najiby Kassis-Chikhani8, Jean-Christophe Lucet9, Jérôme Robert2, Delphine Seytre10, Isabelle Simon11, Dominique Vanjak12, Jean-Ralph Zahar13, Vincent Jarlier1,2
1 / Équipe opérationnelle d’hygiène, Direction de la politique médicale, AP-HP, Paris, France 2 / Hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris, France 3 / Hôpital Bicêtre, AP-HP, Paris, France 4 / Hôpital Émile Roux, AP-HP, Paris, France 5 / Hôpital Charles Foix, AP-HP, Paris, France 6 / Hôpital Saint Antoine, AP-HP, Paris, France 7 / Hôpital La Collégiale, AP-HP, Paris, France 8 / Hôpital Paul Brousse, AP-HP, Paris, France 9 / Hôpital Bichat-Claude Bernard, AP-HP, Paris, France 10 / Hôpital Avicenne, AP-HP, Paris, France 11 / Hôpital Sainte Périne, AP-HP, Paris, France 12 / Hôpital Beaujon, AP-HP, Paris, France 13 / Hôpital Necker, AP-HP, Paris, France

Résumé
Introduction – À partir d’août 2004, les hôpitaux de l’Assistance publique- Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont été confrontés à des épidémies répétées d’Enterococcus faecium résistants aux glycopeptides (ERG).
Objectif – Décrire l’impact de mesures de contrôle renforcées sur les épidémies d’ERG dans les hôpitaux de l’AP-HP.
Matériel et Méthodes – Un recueil prospectif de chaque nouveau cas d’ERG a été mis en place dans les hôpitaux de l’AP-HP. Devant une augmentation du nombre mensuel de nouveaux cas, des mesures de contrôle renforcées ont été appliquées à chaque nouvelle épidémie survenant à partir de janvier 2006. Ces mesures prévoient notamment la mobilisation rapide des équipes hospitalières concernées, l’arrêt des transferts des cas et des contacts vers d’autres services de l’hôpital, le dépistage répété des patients contacts, le regroupement des cas, des contacts et des nouveaux admis en trois secteurs distincts. L’impact a été mesuré par l’évolution du nombre de cas, le nombre moyen de cas par épidémie et la durée moyenne des épidémies.
Résultats – Entre août 2004 et décembre 2007, 23 épidémies d’ERG sont survenues dans 12 hôpitaux de l’AP-HP, pour un total de 379 patients recensés (61 infections et 318 colonisations). Avant et après janvier 2006, le nombre médian de cas par épidémie a été respectivement de 9 (extrêmes 3 à 112) et de 5 (extrêmes 2 à 16) ; et la durée médiane des épidémies respectivement de 2,1 mois (extrêmes 0,2 à 29,8) et de 1,4 mois (extrêmes 0,4 à 3,9).
Conclusion – Il est possible de contrôler les épidémies d’ERG sous réserve d’assurer une mobilisation très rapide au sein des établissements et de limiter les transferts des patients pour éviter la diffusion des ERG.
 

Abstract
Introduction – Repeated outbreaks of glycopeptide-resistant Enterococcus faecium (GRE) occurred in hospitals of Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) since August 2004.
Objective – Describe the impact of reinforced infection control measures on GRE outbreaks in AP-HP hospitals.
Material and methods – A prospective data collection was conducted for each new GRE case in AP-HP hospitals. In January 2006, because of an increased number of monthly cases, specific infection control measures (including rapid mobilisation of hospital teams, control of transfers of cases and contact patients, repeated screening of contact patients, cohorting cases, contact cases and new patients in three distinct sectors) were implemented for each new outbreak.The impact has been evaluated based on the evolution of the number of cases, the mean number of cases per outbreak, and the mean duration of outbreaks.
Results – Between August 2004 and December 2007, 23 GRE outbreaks occurred in 12 AP-HP hospitals, amounting to 379 recorded cases (61 infections and 318 colonizations). Before and after January 2006, the median number of cases were respectively 9 (extremes 3 to 112) and 5 (extremes 2 to 16) and the median duration of outbreaks were respectively 2.1 months (0.2 to 29.8) and 1.4 months (0.4 to 3.9).
Conclusion – It is possible to control GRE outbreaks provided early mobilisation and limitation of internal transfers of patients within hospitals to limit GRE spreading are ensured.


Mots clés / Key words
Entérocoque résistant aux glycopeptides, épidémies, antibiotiques / Glycopeptide resistant Enterococcus, outbreak, antibiotics



Épidémiologie et contrôle des entérocoques résistants aux glycopeptides au Centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand, France, 2004-2007
Epidemiology and control of glycopeptide-resistant Enterococcus faecium at the University Hospital of Clermont-Ferrand, France, 2004-2007
Olivier Lesens1, Olivier Baud2, Claire Aumeran2, Richard Bonnet3, Bertrand Souweine4, Ousmane Traoré (otraore@chu-clermontferrand.fr)2
1 / Service des maladies infectieuses et tropicales, Centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand, France 2 / Service d’hygiène hospitalière, Centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand, France 3 / Laboratoire de Bactériologie, Centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand, France 4 / Comité de lutte contre les infections nosocomiales (Clin), Centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand, France

Résumé
Introduction – Nous décrivons les caractéristiques d’une épidémie d’Enterococcus faecium résistants aux glycopeptides (ERG) dans un hôpital universitaire de 2 000 lits et les moyens mis en oeuvre pour la contrôler.
Méthodes – Les cas sont les patients avec une colonisation ou un portage d’ERG. Il s’agit d’une étude descriptive associée à une enquête cas-témoin pour les 16 premiers cas. Les mesures de contrôle ont reposé sur une stratégie de dépistage par écouvillonnage rectal, un dispositif d’alerte, un renforcement des pratiques d’hygiène des mains, des précautions contact et une limitation de l’utilisation de certains antibiotiques.
Résultats – De janvier 2004 à août 2007, 228 patients ont été identifiés dans 28 services, 170 patients par un écouvillonnage de dépistage et 58 par un prélèvement à visée diagnostique. Tous les patients avaient des antécédents d’hospitalisations multiples et récentes. Un traitement par céphalosporine de 3e génération ou par les inhibiteurs de bêta-lactamase et la présence d’une sonde urinaire ont été identifiés comme facteurs de risque. L’analyse génotypique des souches a confirmé la diffusion clonale d’une souche épidémique. L’application rigoureuse des précautions contact a conduit à la fermeture temporaire de lits dans les chambres doubles. Des recommandations pour une prescription raisonnée des antibiotiques ont été faites à l’ensemble des prescripteurs.
Conclusion – Le contrôle de l’épidémie a été effectif au cours du 1er semestre 2007. Une politique de recherche active des porteurs est maintenue de façon à repérer et à maîtriser au plus tôt toute réapparition de l’ERG.

 

Abstract
Introduction – We describe the characteristics of a hospital-wide vancomycin-resistant Enterococcus faecium (VRE) outbreak in a 2000 bed University Hospital, and the control measures implemented.
Methods – All patients with VRE colonisation or carriage were included. This is a descriptive study associated to a case-control study on the 16 first cases. Control measures consisted of implementing a strategy of VRE screening by rectal swab, an alert system, reinforcement of hand hygiene practices, contact precautions, and reduction of certain antibiotics.
Results – From January 2004 to April 2007, 228 VRE cases were identified in 28 services, 170 by rectal swab screening and 58 by positive clinical samples. All the patients had been hospitalized several times during the previous three months. Previous treatment with third generation cephalosporin or beta-lactamase inhibitor and urinary catheters were identified as risk factors. Pulsed-field gel electrophoresis analysis of the strains revealed that most were clonally related. The strict compliance with contact precautions led to a temporary closure of beds in double rooms. Recommendations for a restricted use of antibiotics were made.
Conclusion – This hospital-wide VRE outbreak was controlled at the beginning of 2007. A long term screening policy is mandated for the early detection and swift prevention of any new VRE outbreak in our hospital.


Mots clés / Key words
Entérocoques résistants aux glycopeptides, épidémie, dépistage, contrôle de l’infection / Glycopeptide-resistant Enterococcus faecium, outbreak, screening policy, infection control



Encadré 2 : Impact des mesures de gestion de l’entérocoque résistant aux glycopeptides (ERG) sur l’organisation d’un Centre hospitalier général
Box 2: Management and control of glycopeptide-resistant enterococci (GRE): impact on the administration of a general hospital
Frédéric Boiron (f.boiron@ch-beauvais.fr), Daniel Valet, Joëlle Heurté, Frédéric Belot, Nathalie Delamarre
Centre hospitalier de Beauvais, France


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