Tuberculose
Traitement et prévention


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LA PLACE DES MESURES ENVIRONNEMENTALES

La tuberculose est transmise de personne à personne par les gouttelettes de Pflügge contenant les bacilles tuberculeux générées lors de la toux par les patients atteints de tuberculose pulmonaire. Après assèchement, ces gouttelettes donnent naissance à un aérosol de particules solides qui sont transportées par les mouvements d'air et se dispersent rapidement à l'intérieur d'une pièce et à l'extérieur de celle-ci selon le flux d'air. Une personne partageant l'air de la chambre d'un malade contagieux, risque d'inhaler des particules contaminées et de s'infecter : ce risque d'infection augmente avec le temps passé dans la chambre. En cas de chambre en surpression par rapport au service de soins, les personnes présentes dans les couloirs, pièces et chambres exposées au flux d'air provenant de la chambre risquent d'être infectées par les bacilles mis en circulation. Si certaines des personnes exposées sont des patients immunodéprimés (patients V.I.H. + et autres immunodépressions), on pourra voir survenir des épidémies de "tuberculose-maladie", du fait du passage rapide de l'infection à la maladie chez les immunodéprimés.

Si l'on induit et active, par la ventilation, un flux d'air suffisant de la chambre vers l'extérieur du bâtiment, on pourra éliminer rapidement les particules infectantes en suspension dans l'air [1] [2]. Si ce flux d'air crée une dépression suffisante de la pièce pour que l'air circule constamment du couloir vers la chambre et l'extérieur du bâtiment, la diffusion des particules infectantes, vers le couloir et le reste du service, sera considérablement réduite [1] [2]. On pourra aussi, à l'aide de rayons ultraviolets, désinfecter l'air, soit au niveau de la pièce, soit au niveau du système de ventilation [2] [3]. Ces deux principes, a priori simples, sont à la base des mesures environnementales de prévention de la transmission de la tuberculose lieux de soins.

Les mesures environnementales que nous décrivons en détail dans la partie suivante du document sont complexes. Si leur efficacité théorique ne fait pas de doute, leur efficacité épidémiologique, sur le terrain, n'a pas été évaluée et chiffrée. En effet, les études réalisées lors d'épidémies nosocomiales n'ont pas pu étudier le rôle protecteur de ces mesures car, aucune des chambres d'hospitalisation n'était en dépression et/ou les ultraviolets n'étaient pas utilisés.

Ces mesures environnementales n'ont donc réellement de sens que si les mesures usuelles de prévention de la transmission de la tuberculose sont prises. Ces mesures prioritaires élémentaires sont : (i) l'identification et le traitement précoces des patients tuberculeux contagieux ; (ii) l'hospitalisation en chambre seule des patients suspects de tuberculose et des malades pendant les 2 premières semaines de traitement ; cette hospitalisation sera prolongée pour les malades pour lesquels une résistance multiple est suspectée ou documentée ; (iii) port du masque (idéalement de classe de protection P1) par le personnel soignant dans les chambres des patients contagieux ; (iv) investigations des personnes contacts d'un cas contagieux de tuberculose [1].

La ventilation

La ventilation adéquate des chambres où sont hospitalisés les patients contagieux permet de réduire sensiblement le risque de contamination à l'intérieur de la chambre elle-même et, surtout, d'éviter la propagation des particules contaminées vers les couloirs, parties communes et autres pièces et services du bâtiment. Il faut toutefois savoir que la mise en place d'une telle installation est une opération complexe qui nécessite la prise en compte de nombreux paramètres et qui doit impérativement faire l'objet d'une étude approfondie, menée par un ingénieur qualifié [1] [2] [4] [5] [7] [8].

Figure 1. L'effet de la ventilation sur la probabilité d'infection
Relation entre la probabilité d'infection aérienne et la ventilation de la pièce exprimée en pieds cubes par minute (P.C.M.) d'air frais par occupant (d'après Nardell) [6]

Ce seuil est un compromis entre une efficacité relative (donc décontamination incomplète) et les effets indésirables de la ventilation (courant d'air, pertes thermiques, bruit du ventilateur...) [7]. L'air propre renouvelé peut être, soit de l'air introduit dans le local (air extérieur, réchauffé en période froide ou air provenant d'un couloir ou d'un local adjacent), soit de l'air du local filtré et remis en circulation dans celui-ci. D'une manière générale, on proscrira l'emploi exclusif de la technique de recirculation de l'air après filtration (brassage), qui n'opère qu'une épuration partielle et ne peut conduire qu'à une augmentation de la concentration en aérosol contaminé dans la pièce. Cette technique est, par contre, applicable dans une cabine de soins de faibles dimensions, après un captage à proximité des voies respiratoires du patient et filtration avec un filtre à très haute efficacité (EU l0 à 14 selon la classification Eurovent reprise dans la norme NF X 44-012 [4]). Elle peut également servir de technique annexe d'assainissement, en complément à un système de ventilation générale.

La désinfection de l'air par les ultraviolets

Du fait des limites de la ventilation exposées ci-dessus, l'utilisation du pouvoir germicide des U.V. C a été proposé pour réduire le risque de transmission nosocomiale de M. tuberculosis. En effet, et sous certaines conditions, l'utilisation des U.V. C peut pallier ces insuffisances [2] [3] [7] [8].

Un traitement germicide de l'air par un rayonnement U.V. de 254 nanomètres de longueur d'onde (U.V. C) permet une destruction des germes en suspension [6] [7] [8]. Les U.V. C sont très efficaces contre les bactéries et les virus, beaucoup moins contre les spores [8]. Bien que la sensibilité de M. tuberculosis à l'encontre des U.V. C soit moindre en comparaison des autres bactéries, leur destruction par les U.V. C est effective, pour peu que ces derniers ne soient pas englobés dans des particules sèches volumineuses (ces particules volumineuses ne restant pas en suspension dans l'air ne constituent pas ou peu de risque de transmission) [8]. Des expériences utilisant le bacille de Calmette et Guérin indiquent que la désinfection de l'air par les U.V. C est très rapide (fig. 2) [7]. Une lampe à U.V. de 254 nm de 30 watts installée correctement dans une pièce de 60 m2 équivaut, en terme d'assainissement de l'air, à une ventilation avec 20 renouvellements d'air par heure [3] [7] [8].

Figure 2. Effet de l'évaluation ultraviolet C sur un aérosol de bacille de Calmette et Guérin
Evolution d'un aérosol de bacille de Calmette dans l'air d'une chambre avec ou sans ultraviolet C (lampe de 17 watt3) d'après Riley et Nardell [3] .

Conduite à tenir

La complexité des mesures environnementales décrites ci-dessus, leur coût et l'entretien des installations sont autant d'éléments qui limitent leur faisabilité et acceptabilité. Ces éléments doivent donc être confrontés aux besoins réels du ou des services de soins concernés.

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Mise à jour le 20 août 1997 CONTACTS Contacts